Question N° :
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Question publiée au JO le :
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Réponse publiée au JO le :
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Analyse : |
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Texte de la REPONSE : |
La parole est a M. Michel Vuibert, pour exposer sa question. M. Michel Vuibert. Je me ferai le porte-parole des professionnels du negoce des viandes et des eleveurs qui sont inquiets quant au devenir d'une production typiquement francaise: le veau de boucherie. Des projets, actuellement soumis au conseil des ministres de l'agriculture de l'Union europeenne a Bruxelles, semblent remettre en cause la production du veau de boucherie a la francaise. Cette appellation s'applique a un jeune bovin, non ruminant, nourri sous la mere ou a partir de produits laitiers, eleve generalement en box individuel et donnant, vers l'age de quatre a cinq mois, une viande tendre et claire recherchee par le consommateur et a laquelle de grands noms de la cuisine et de la gastronomie francaise sont attaches. Ce veau constitue l'essentiel de la production francaise, fournissant 250 000 tonnes de viande et representant environ 20 000 emplois. En Europe, la France en est le premier producteur et consommateur, suivie de tres loin par l'Italie et les Pays-Bas. Or ceux-ci developpent une production de veaux ruminants eleves avec des proteines de substitution, abattus a plus de six mois et donnant une viande rouge. Ces veaux hollandais, dont le prix de revient est moins eleve, profitent de l'appellation «veau», alors qu'il s'agit plutot de broutards, et prennent petit a petit des parts de marche a la production francaise. A cette concurrence vive viennent s'ajouter les projets europeens concernant les normes de logement et les methodes d'alimentation: elevage des veaux en box individuel jusqu'a huit semaines, puis en case collective et alimentation, des la deuxieme semaine, avec des fourrages grossiers qui en feront des ruminants donnant une viande rouge. Ces dispositions, si elles devaient etre adoptees, marqueraient la fin de la production de veaux de lait a la francaise. Outre l'arret d'activite des eleveurs et des entreprises specialisees qui en decoulerait, cette disparition desequilibrerait gravement et durablement les marches du lait et de la viande bovine au plan national et au plan europeen, car la poudre de lait consommee par les veaux de boucherie represente six points de quotas laitiers. De plus, 600 000 tonnes de viande bovine rouge supplementaires seraient produites. Il est a noter que, jusqu'a present, le legislateur francais a fait preuve de sagesse puisqu'aucun texte n'a ete pris dans ce domaine, l'elevage et surtout l'alimentation etant laisses a la competence des eleveurs. Des lors que la sante des hommes et celle des animaux n'est pas mise en cause, pourquoi la definition des methodes d'elevage et d'alimentation serait-elle dorenavant de la competence des autorites europeennes ? Mme le president. La parole est a M. le ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche. M. Francois Bayrou, ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche. Monsieur le depute, mon collegue Philippe Vasseur, retenu a la derniere minute par des obligations, m'a demande de le remplacer, ce qui me rajeunit. Je suis en effet fils d'eleveur et j'ai travaille plusieurs annees au cabinet du ministre de l'agriculture autrefois. Comme vous le signalez, le projet de directive presente par la Commission europeenne sur la protection des veaux porte a la fois sur le logement des animaux et sur les conditions de leur alimentation. La modification des conditions d'elevage et d'alimentation des veaux risque d'entrainer des desequilibres dans le secteur du veau de boucherie tout d'abord, car une modification du type de viande produit, notamment de sa couleur, ne serait pas sans incidence sur la consommation. Elle aurait egalement des consequences sur le secteur deja fragile de la viande bovine et sur celui du lait. La gravite de l'enjeu n'echappe pas au Gouvernement. C'est la raison pour laquelle le ministre de l'agriculture a pris l'initiative de saisir la Commission europeenne d'un memorandum destine a eclairer et a rationaliser les debats qui s'annoncent, en lui demandant d'analyser l'impact economique et social de sa proposition non seulement sur la filiere des veaux, mais aussi sur celle de la viande bovine et du lait. Les questions posees dans ce memorandum sont simples et claires et semblent de bon sens a Philippe Vasseur. Le ministre de l'agriculture attend des reponses tout aussi claires. C'est pour lui un prealable aux negociations qui vont s'engager prochainement a Bruxelles au sein du conseil des ministres de l'agriculture. Nos concitoyens sont de plus en plus sensibles aux argumentations sur le «bien-etre animal» developpees par les organisations de protection des animaux. Dans ces conditions, il faut eviter d'alterer l'image de la viande de veau aupres des consommateurs. C'est d'ailleurs dans cet esprit que le ministre de l'agriculture a eu l'occasion de manifester tout son soutien aux actions de communication que les professionnels se proposent de mener pour preserver la confiance et l'attachement du consommateur francais a ce produit exceptionnel qu'est le veau, le veau blanc, par opposition au veau dit rouge, que vous avez decrit. La France est, il faut le souligner, le pays d'Europe le plus gros producteur et le plus important consommateur de ce produit tout a fait specifique. Nous sommes, pour l'instant, isoles sur ce dossier face a la plupart des Etats membres. Chez certains de nos partenaires, le bien-etre animal est depuis longtemps un theme de forte mobilisation de l'opinion publique, puissamment relayee par leurs gouvernements. C'est pourquoi dans ce debat ou le facteur emotionnel joue un role important, le ministre de l'agriculture insiste sur la necessite de fonder toute modification reglementaire sur une approche scientifique incontestable, realisee par des experts de competence internationale et reconnue. L'objectif, sur ce dossier comme sur d'autres, est de sauvegarder les interets des eleveurs francais sans pour autant ignorer les preoccupations qui se manifestent assez largement dans l'opinion publique. Le pragmatisme qui a prevalu dans la negociation sur le transport des animaux doit une nouvelle fois nous permettre d'aboutir a un accord satisfaisant les deux preoccupations exprimees. Mme le president. La parole est a M. Michel Vuibert. M. Michel Vuibert. Monsieur le ministre de l'education nationale, je connaissais parfaitement vos origines rurales, que vous ne reniez pas, ce dont je vous remercie, et je savais egalement que vous aviez travaille au ministere de l'agriculture. Je veux insister sur l'importance de la question que je souleve, meme si elle peut paraitre anodine. Le probleme est le meme que pour les fromages francais: dans ce domaine egalement nous devons preserver nos specificites. C'est pourquoi je vous remercie de votre reponse. |