Texte de la QUESTION :
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M. Camille Darsières souligne à l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie la nécessité que l'enseignement prenne en compte, outre-mer, la singularité des cultures des peuples ultramarins constituant l'ensemble français. Ainsi, au carrefour de civilisations où les ont placés l'histoire et la géographie, les Martiniquais forment une communauté enrichie d'apports européens, africains, indiens, fondement de leur identité. Il importerait de doter les collectivités locales de moyens institutionnels et financiers qui leur garantissent de pouvoir intervenir dans les programmes pédagogiques des établissements scolaires et universitaires, afin d'entretenir chez le jeune Martiniquais la certitude que, citoyen d'un ensemble avec lequel il entend vivre, il sera en mesure de défendre la singularité de ses origines et de sa culture, et, de ce fait, sera plus solidement motivé pour contribuer au développement de sa propre région. Ainsi, d'ores et déjà, et comme cela a déjà été fait, en 1974, pour la zone d'influence du corse, en 1981, pour la zone d'influence du tahitien, ou, en 1992, pour la zone d'influence des langues mélanésiennes, une simple mesure réglementaire pourrait rendre applicables, dans la zone d'influence du créole, les articles 2 à 9 de la loi du 11 janvier 1951, modifiée par le décret n° 70-650 du 10 juillet 1970, relatifs à l'enseignement des langues et dialectes locaux. Cela valoriserait la langue créole, minorée voire niée par le colonisateur, et ôterait tout complexe à celles et à ceux qui l'emploient dès leur naissance. Cela parachèverait les efforts diligentés déjà sur place par des professeurs de l'université des Antilles et de la Guyane désireux, fortement soutenus par leurs étudiants, de coller à la réalité culturelle du pays. C'est pourquoi il lui demande s'il ne pense pas utile de prendre, d'ores et déjà, toutes dispositions pour que les élus locaux d'outre-mer, au niveau des écoles primaires, des collèges, des lycées, de l'université aient la possibilité d'infléchir les programmes pédagogiques dans le sens explicité plus haut ; et lui demande, à la veille de la ratification annoncée de la charte européenne des langues régionales, et après le dépôt, le 1er juillet 1998, du rapport Poignant qui conclut expressément à la reconnaissance du créole comme langue régionale, si, dès l'année universitaire en cours, il ne pense pas pouvoir faire en sorte que des certificats de maîtrise, des diplômes d'études supérieures, des thèses de doctorat sanctionnent le travail des étudiants de l'université des Antilles et de la Guyane qui suivent les cours de langue créole.
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