Texte de la REPONSE :
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PERSPECTIVES D'UNE LIGNE TGV PARIS-TOULOUSE M. le président. La parole est à M. Jean-Yves
Hugon, pour exposer sa question, n° 1300, relative aux perspectives d'une ligne
TGV Paris-Toulouse. M. Jean-Yves Hugon. Monsieur le
président, monsieur le ministre des transports, mes chers collègues, le 18
décembre 2003, à la dernière minute, le " barreau TGV Limoges-Poitiers " était
inscrit à l'ordre du jour du CIADT, le but étant de placer Limoges à deux heures
de la capitale. Il y a quelques mois, M. Raffarin, alors Premier ministre,
annonçait le lancement des études. Ce projet a suscité un très vif
mécontentement de la part des habitants de l'Indre, que j'ai l'honneur de
représenter à l'Assemblée nationale, et, plus généralement, de la région Centre,
qui se voient définitivement écartés d'une desserte TGV. Monsieur le
ministre, je vous soumets aujourd'hui un projet alternatif. Ce projet, à
l'initiative duquel on trouve l'association TGV Berry-Limousin-Pyrénées,
prévoit, dans un premier temps, la création d'une nouvelle ligne à très grande
vitesse de 160 kilomètres entre Châteauroux et Beauvilliers. Cette solution
mettrait Châteauroux à une heure de Paris et, dans un premier temps, Limoges à
deux heures de Paris, et assurerait une desserte TGV en traversant les régions
Limousin et Centre. Ce projet a un triple avantage. En premier lieu, il
répond à une logique géographique d'aménagement du territoire, puisqu'il
concernerait au moins trois à quatre fois plus d'habitants que celui de
Limoges-Poitiers. D'autre part, à terme, il réduirait à une heure trente le
temps de trajet entre Limoges et Paris, soit une demi-heure de moins que pour le
premier projet. Quant au troisième avantage, il n'est pas mince : pour un
résultat équivalent, le coût serait inférieur d'environ 450 millions d'euros. En
effet, le barreau Limoges-Poitiers, représentant quelque 130 kilomètres d'un
parcours très accidenté, devrait coûter 18 millions d'euros par kilomètre,
tandis que le second projet, qui prévoit certes une distance plus longue - 160
kilomètres -, mais un parcours topographiquement très facile, ne coûterait que
11 ou 12 millions d'euros du kilomètre. Je vous demande donc, monsieur le
ministre, de bien vouloir prendre en compte ce projet alternatif et d'envisager
une étude comparative des deux solutions. Ce projet, très important pour ma
région, est porté par une association. Lorsque ce sont les citoyens eux-mêmes
qui prennent leur destin en main, le devoir des politiques est de les servir.
C'est pour moi une façon très noble de faire de la politique. M. le
président. La parole est à M. le ministre des transports, de
l'équipement, du tourisme et de la mer M. Dominique Perben,
ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer.
Monsieur le député, vous avez appelé mon attention sur l'intérêt de la
création d'une nouvelle ligne à grande vitesse entre Châteauroux et Beauvilliers
comme alternative au projet de ligne à grande vitesse entre Poitiers et
Limoges. Je tiens d'abord à vous indiquer que les décisions prises lors du
CIADT de 2003 ne sont pas restées lettre morte. La modernisation de la ligne
historique qui vous intéresse est d'ores et déjà engagée. Les travaux de
régénération, pour un montant de 233 millions d'euros, sont en cours et
s'achèveront avec la section La Souterraine-Saint-Sulpice à la fin de 2006. Des
suppressions de passages à niveau sont engagées avec un financement de l'AFITF,
ce qui va améliorer la sécurité et les vitesses de circulation. Les rames
Téoz ont été mises en service. L'indice de satisfaction des usagers, de l'ordre
de 90 %, est élevé, ce qui s'est traduit par une augmentation de la
fréquentation. En conséquence, la SNCF a décidé de transformer la totalité des
rames d'ici à la fin 2007, afin d'offrir un meilleur confort. En ce qui
concerne l'interconnexion vers Roissy et Lille, la SNCF a finalisé un projet qui
a été soumis aux collectivités concernées. Une expérimentation TGV pourrait être
prochainement lancée. Comme vous le voyez, tous ces projets avancent. Vous me
proposez un autre dispositif, qui mérite d'être examiné. Je voudrais simplement
rappeler que le projet Poitiers-Limoges a l'intérêt de permettre le raccordement
de Limoges non seulement à Paris, mais à la ligne du TGV Sud Europe Atlantique,
qui, se prolongeant jusqu'en Espagne, sera l'un des grands axes transeuropéens
de demain. Ce projet présente le double avantage de développer les échanges non
seulement avec Paris et le Nord, mais aussi avec Bordeaux et le sud de l'Europe.
Les aménagements de la ligne historique vers le Sud sont beaucoup plus complexes
et il n'est guère envisageable de prolonger une ligne TGV jusque vers la région
Midi-Pyrénées. Vous savez que, pour Toulouse, on a choisi un raccordement à la
ligne Sud Europe Atlantique par Bordeaux. C'est donc un ensemble cohérent qui se
met en place. M. le président. La parole est à M. Jean-Yves
Hugon. M. Jean-Yves Hugon. Sauf votre respect, monsieur le
ministre, je crois que nous ne parlons pas tout à fait de la même chose. Le
Gouvernement s'est engagé à moderniser la ligne historique Paris-Toulouse, ce
qui est une bonne chose car nous avons besoin de cette desserte régionale pour
rejoindre Paris, avec des arrêts possibles à Issoudun, Vierzon, ou Orléans.
Cette desserte est très importante, et nous comptons bien que le Gouvernement
tienne sa promesse. Ce dont je vous parle, c'est uniquement d'un projet
alternatif au barreau Limoges Poitiers, qui ne me semble pas être d'une
importance primordiale pour l'aménagement du territoire et dont le seul avantage
est de mettre Limoges à deux heures de Paris. Avec le projet que je vous
propose, cet objectif serait également atteint et même dépassé dans un deuxième
temps, pour un coût bien inférieur. Au moment où les deniers de l'État sont
comptés au centime d'euro près, le fait de pouvoir faire économiser à l'État 450
millions d'euros ne me semble pas négligeable. Je n'attends pas une réponse
de votre part aujourd'hui, monsieur le ministre. J'aimerais simplement que vous
acceptiez de me recevoir avec le président de cette association et peut-être un
ou deux membres du bureau, pour que nous puissions vous exposer plus précisément
notre projet.
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