FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 116919  de  M.   Lefranc Jean-Marc ( Union pour un Mouvement Populaire - Calvados ) QE
Ministère interrogé :  Intérieur, outre-mer, collectivités territoriales et immigration
Ministère attributaire :  Collectivités territoriales
Question publiée au JO le :  30/08/2011  page :  9286
Réponse publiée au JO le :  10/04/2012  page :  2879
Date de changement d'attribution :  03/04/2012
Rubrique :  collectivités territoriales
Tête d'analyse :  finances
Analyse :  emprunts à taux variable. conséquences
Texte de la QUESTION : M. Jean-Marc Lefranc interroge M. le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration sur les emprunts contractés par les collectivités locales, dits " toxiques ". Il lui demande de bien vouloir lui préciser les intentions du Gouvernement afin de permettre aux collectivités concernées d'entrevoir des échéances de remboursement des prêts contractés plus conformes aux prévisions établies avant la crise financière.
Texte de la REPONSE :

La crise financière de 2008 a révélé la dangerosité des produits d'emprunt structurés souscrits par certaines collectivités locales. Ces produits, indexés sur des indices peu usités et aux évolutions non linéaires, ont permis aux collectivités territoriales de bénéficier pendant plusieurs années de taux bonifiés par rapport aux taux de marché. A compter de l'automne 2008, l'extrême volatilité des marchés a entraîné, dans certains cas, une très forte augmentation des taux d'intérêt et un renchérissement des charges financières pour certaines collectivités locales.Dès 2009, le Gouvernement, conscient des risques encourus par les collectivités, et dans le respect du principe de libre administration des collectivités et de leur libre recours à l'emprunt, a pris plusieurs mesures pour aider les collectivités à faire face à des haussessubites de remboursements et endiguer la contagion :

- mise en place d'une mission de médiation entre les banques et les collectivitésterritoriales, confiée à Eric GISSLER, inspecteur général des finances;

- signature d'une charte de bonne conduite entre les banques et les associationsd'élus qui prévoit l'abandon des produits les plus dangereux et la classification desproduits en fonction des risques;

- envoi d'instructions aux services de l'Etat (circulaire du 25 juin 2010) sur les règlesapplicables en matière d'emprunt et les risques associés.

Si les collectivités semblent aujourd'hui se détourner des emprunts complexes, celles qui détiennent des emprunts à risque demeurent liées par leurs engagements contractuels vis-à vis des banques. Toutefois, elles disposent de divers moyens d'action pour limiter les risques financiers liés à ces emprunts.Les collectivités peuvent ainsi recourir à diverses techniques de rationalisation de la gestion de leur dette en effectuant des remboursements anticipés et des renégociations de leurs emprunts ou en ayant recours à des instruments de couverture destinés à réduire l'exposition au risque de taux lorsque le coût de ces techniques n'est pas prohibitif.Il convient d'entreprendre des démarches de renégociation le plus en amont possible auprès des établissements bancaires, tout particulièrement pour les produits dont les coûts de sortie restent encore maîtrisés.Par ailleurs, le Gouvernement a pris des initiatives qui convergent avec les conclusions du rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les produits financiers à risque souscrits par les acteurs publics locaux rendu public le 15 décembre 2011.Il s'agit dans un premier temps de fiabiliser la connaissance de produits à risque détenus parles collectivités territoriales et les établissements publics locaux. A cette fin, le Ministre chargé des collectivités territoriales a lancé le 5 septembre 2011 un recensement par l'ensemble des préfectures de tous les emprunts classés à partir de 4, à partir de D ou hors charte dans la typologie élaborée par Eric GISSLER et la Ministre du budget a demandé aux services locaux des finances publiques de recenser tous les emprunts indexés sur parité de change avec le franc suisse. Ces deux recensements serviront de base à l'élaboration d'un rapport au Parlement qui sera remis au plus tard le 1er juin 2012 (article 5 de la loi de finances rectificative 2011 n°3).Du point de vue de l'amélioration de l'information financière, après une première série d'arrêtés comptables pris le 16 décembre 2010, le Gouvernement a de nouveau enrichi les annexes relatives à l'état de la dette dans les arrêtés d'actualisation des instructions budgétaires et comptables publiés fin décembre 2011 en vue d'une meilleure appréciation du risque de chaque ligne de crédit, renforçant ainsi la fiabilité et la sincérité des écritures.De plus, le Gouvernement est favorable à l'obligation d'établir un rapport sur l'état de la dette et d'organiser un débat devant les assemblées sur ce point lors de la discussion budgétaire.Cette mesure rejoint l'esprit de l'article 108 de la loi de finances pour 2012, qui prévoit la transmission au représentant de l'Etat, par les collectivités de plus de 50 000 habitants, d'un rapport portant notamment sur l'endettement, et la remise d'un rapport au parlement chaque année.En outre, la proposition visant à imposer une provision sur les emprunts structurés pour les risques pris fait l'objet d'une expertise approfondie du Conseil de normalisation des comptes publics (CNoCP).S'agissant de la question de l'interdiction de certains produits financiers par les entités locales, le Gouvernement prend acte de la proposition faite par la commission d'enquête parlementaire et il est prêt à engager la discussion avec les associations d'élus locaux sur le périmètre de ces produits. La question de la formalisation du résultat de cette discussion (accord de place ou disposition législative) est toujours à l'étude.Enfin, le bilan de la mission confiée à Eric GISSLER a montré que la médiation a permis,dans un certain nombre de cas, de trouver des solutions et d'enrayer le risque financier quipèse sur ces collectivités. Le Gouvernement a donc souhaité prolonger et renforcer ce dispositif et envisage d'étendre la médiation aux organismes de logement social.Une gestion individuelle et immédiate des dossiers paraît plus efficiente au Gouvernement afin de tenir compte de la situation financière globale de chacune des collectivités concernées et d'assurer la compatibilité de ce dispositif avec le principe de libre administration des collectivités territoriales.

UMP 13 REP_PUB Basse-Normandie O