FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 117439  de  M.   Mourrut Étienne ( Union pour un Mouvement Populaire - Gard ) QE
Ministère interrogé :  Travail, emploi et santé
Ministère attributaire :  Travail, emploi et santé
Question publiée au JO le :  06/09/2011  page :  9541
Réponse publiée au JO le :  01/11/2011  page :  11681
Rubrique :  risques professionnels
Tête d'analyse :  maladies professionnelles
Analyse :  amiante. fonds d'indemnisation. fonctionnement
Texte de la QUESTION : M. Étienne Mourrut appelle l'attention de M. le ministre du travail, de l'emploi et de la santé sur le projet de réforme de la gouvernance du Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (FIVA). Ce fonds d'indemnisation fut créé par l'article 53 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2001 et avait pour objectif d'indemniser plus rapidement un grand nombre de victimes de l'amiante, dès lors qu'il apparaissait incontestable que des fautes soient bien à l'origine de la catastrophe sanitaire. Il s'agissait également d'éviter les procédures judiciaires coûteuses et inutiles pour la collectivité. L'article prévoit que la détermination des principes et les niveaux d'indemnisation relève du conseil d'administration du fonds présidé par un magistrat et composé équitablement des représentants des employeurs et des bénéficiaires. Selon l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), ce fonctionnement s'avérerait tout à fait équitable, d'autant plus que les mérites du barème d'indemnisation établi à ce jour sont reconnus par les spécialistes et qu'aucune dérive financière ne se serait produite depuis neuf ans. La situation ne justifierait donc pas de modifier la composition du conseil d'administration comme l'envisage le Gouvernement. Ainsi, l'Andeva propose une alternative, afin de remédier à d'éventuels dysfonctionnements, au travers d'une charte prévoyant une transmission systématique des informations par la direction du FIVA, l'organisation de groupes de travail préparatoires permettant aux différents intervenants de réfléchir aux problèmes rencontrés et d'y répondre par des solutions consensuelles. Aussi, il lui demande comment il entend conserver l'équité au sein du conseil d'administration du FIVA et ainsi prendre une décision qui ne remettrait pas en cause le principal acquis des victimes de l'amiante.
Texte de la REPONSE : Le ministre du travail, de l'emploi et de la santé a pris connaissance avec intérêt de la question relative aux modifications de la gouvernance du Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (FIVA). Le sort des personnes exposées à l'amiante et de leurs proches est une préoccupation constante du Gouvernement. C'est ainsi que sur proposition de celui-ci la dernière loi de financement de la sécurité sociale a porté de 4 à 10 ans la durée de prescription prévue pour l'indemnisation des préjudices qu'ils ont subis, avec des conditions d'entrée en vigueur permettant l'application de cette mesure y compris aux victimes dont la demande d'indemnisation était prescrite. Le décret n° 2011-1250 du 7 octobre 2011 ne remet pas en cause, au profit du patronat, l'équilibre entre les organisations représentées au conseil de ce fonds. Les organisations syndicales de salariés (CGT, CGT-FO, CFTC et CFDT), qui ont examiné ce projet de décret lors de la commission des accidents du travail et des maladies professionnelles du 21 juin 2011, ne l'ont d'ailleurs pas accueilli défavorablement. Il élargit le champ de recrutement du président du conseil d'administration du FIVA. Aujourd'hui, en effet, en application du décret actuel, seul un magistrat de l'ordre judiciaire peut présider ce conseil, alors que la loi parle de magistrat sans préciser qu'il doit s'agir d'un magistrat de l'ordre judiciaire. Or le FIVA n'est pas un premier degré de juridiction de l'ordre judiciaire : c'est un établissement public administratif placé sous la tutelle conjointe des ministres chargés de la sécurité sociale et du budget qui peuvent à ce titre s'opposer aux délibérations de son conseil d'administration ; celui-ci définit la politique d'indemnisation du fonds, mais celle-ci, au contraire de dispositions législatives ou réglementaires, ne lie pas les juridictions, devant lesquelles la victime peut toujours contester l'indemnisation qui lui est proposée. Le conseil d'administration doit donc avant tout être le lieu où s'élaborent, entre les partenaires sociaux, les associations de victimes et l'État, dans un esprit constructif et d'écoute, les orientations qui déterminent le niveau d'indemnisation des victimes de l'amiante. Son président, à cet égard, joue un rôle déterminant ; son indépendance est nécessaire ; il n'est pas indispensable, en revanche, qu'il soit un magistrat de l'ordre judiciaire. C'est pourquoi le Gouvernement souhaite élargir le champ de recrutement du président aux présidents de tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel ainsi qu'aux magistrats de la Cour des comptes. L'indépendance de ces institutions vis-à-vis de l'État ne saurait être contestée, comme l'a par exemple montré la reconnaissance, par les juridictions administratives, en 2001 et 2004, de la responsabilité de l'État dans la survenue du drame de l'amiante. Par décret publié le 8 octobre 2011, Mme Claire Favre, présidente de la Cour de cassation a été nommée présidente du conseil d'administration du FIVA à l'occasion du renouvellement de sa composition. Il apparaît enfin utile de signaler que le décret n° 2011-1250 du 7 octobre 2011 comporte par ailleurs deux dispositions, aux articles 2 et 3 qui permettent de faciliter les demandes d'indemnisation déposées auprès du FIVA. À ce titre, il modifie la composition de la commission d'examen des circonstances d'exposition à l'amiante en élargissant son champ de recrutement avec l'objectif de fluidifier la régularité de son fonctionnement et éviter qu'elle soit empêchée de se réunir faute de disponibilité de ses membres. Par ailleurs, il supprime l'obligation pour les victimes de pathologies réputées en relation avec l'amiante que le certificat médical soit établi par un médecin spécialiste ou compétent en pneumologie ou en oncologie.
UMP 13 REP_PUB Languedoc-Roussillon O