FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 122087  de  M.   Lemasle Patrick ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Haute-Garonne ) QE
Ministère interrogé :  Travail, emploi et santé
Ministère attributaire :  Travail, emploi et santé
Question publiée au JO le :  15/11/2011  page :  11951
Réponse publiée au JO le :  21/02/2012  page :  1707
Rubrique :  professions de santé
Tête d'analyse :  orthophonistes
Analyse :  diplôme. revendications
Texte de la QUESTION : M. Patrick Lemasle appelle l'attention de M. le ministre du travail, de l'emploi et de la santé sur les inquiétudes de la profession des orthophonistes au regard de la reconnaissance de leur formation initiale à deux niveaux. En réponse à une question écrite du 26 juillet 2011 au Journal officiel, il avait affirmé que la réingénierie du diplôme d'orthophoniste serait élaborée sur la base du référentiel d'activités et de compétences en partenariat avec les professionnels. Or le projet de décret relatif à la reconnaissance de la formation initiale contrevient à la définition du métier validé dans le référenciel de compétences. En reconnaissant le niveau de 1re année de master à une formation généraliste et un niveau de 2e année de master pour les orthophonistes ayant suivi une formation non obligatoire leur permettant une prise en compte des patients victimes d'AVC, de la maladie d'Alzheimer, de la maladie de Parkinson, des personnes aphasiques, des enfants sourds, des patients atteints de troubles de déglutition, des problèmes de voix et les personnes laryngectomisées. C'est ainsi que la 1re catégorie sera condamnée à un exercice professionnel plus que limité pénalisant ainsi les patients qui devront chercher un orthophoniste correctement formé aux troubles qui relèvent de sa compétence. Il lui demande donc d'étudier la reconnaissance d'un niveau master 2 comme unique niveau de formation pour les orthophonistes.
Texte de la REPONSE :

Aujourd’hui comme demain, il n’y aura qu’un seul diplôme d’exercice de la profession, à savoir le certificat de capacité. C’est un diplôme unique et qui le restera. De même, il n’y a qu’un seul décret d’actes, indivisible, qui pose le cadre du métier d’orthophoniste. Il n’y aura donc pas de profession à deux vitesses. Aujourd’hui comme demain, toute personne victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), d’une maladie neuro-dégénérative ou toute autre pathologie pourra consulter l’orthophoniste de son choix. Les conditions de prise en charge des patients resteront les mêmes dans tous les champs d’exercice du métier d’orthophoniste et en tout point du territoire. C’est une garantie absolue, essentielle pour les patients et leurs proches.

 

Concrètement, cette réforme prévoit que la formation des orthophonistes sera valorisée à Master 1 (soit un potentiel de plus de 6000 heures de formation, travail personnel inclus), là où aujourd’hui elle ne compte réglementairement que 2840 heures (hors travail personnel). Elle sera donc mieux reconnue qu’aujourd’hui car plus riche, et donnera aux orthophonistes des perspectives de progression universitaire d’une ampleur qui n’existait pas jusqu’à présent.

 

C’est une avancée incontestable pour les professionnels, et la polémique autour du niveau de formation des orthophonistes est tout à fait injustifiée. Cette formation, actuellement reconnue dans la fonction publique hospitalière comme équivalente à un BAC+2, bénéficiera grâce à la réforme d’une reconnaissance universitaire de type BAC+4 (240 ECTS, c’est-à-dire niveau Master 1).

 

Certains professionnels estiment malgré tout que la formation doit être rallongée, et durer 5 ans minimum (300 ECTS, soit 9000 heures) comme si tout d’un coup 4 ans ne suffisaient plus pour former de bons orthophonistes ! Notre système de santé doit conserver son rôle d’ascenseur social pour ceux qui ont choisi ces métiers au service des autres. Il convient de préserver la diversité du recrutement sur ces métiers.

 

Rénover les formations initiales en santé, c’est donc suivre des objectifs très clairs : donner des bases solides à l’étudiant, lui permettre d’entrer dans le milieu professionnel, d’exercer son métier, d’apprendre et de progresser tout au long de sa vie. Ce n’est donc pas de rajouter toujours plus de connaissances en formation initiale, mais repenser complètement celle-ci.

 

Sur la question des formations complémentaires, le ministre du travail, de l’emploi et de la santé confirme que le principe d’une formation initiale de Master 1 laisse complètement ouverte la possibilité, à ceux qui ont envie de s’inscrire dans un parcours de formation complémentaire, d’accéder à des formations reconnues par les universités, de niveau Master 2, qui seront donc accessibles tout au long de la vie. C’est une chance pour les orthophonistes.

 

Beaucoup d’orthophonistes suivent des formations complémentaires, mais celles-ci ne sont pas reconnues par les universités. Or c’est notre devoir d’accompagner cette aspiration qui est un progrès pour la profession. C’est notre devoir de reconnaître et d’entendre ceux qui veulent faire évoluer la recherche et les pratiques de leur profession, et qui aspirent à un parcours universitaire complémentaire par rapport à la formation destinée à l’exercice. Les M2 sont une étape dans ce parcours et l’occasion pour certains orthophonistes d’aller plus loin dans la recherche, et de bénéficier d’une « marche » intermédiaire jusqu’au doctorat.

 

Enfin, ces formations complémentaires de niveau M2 vont dans le sens du rapport Hénart-Berland-Cadet qui propose de confier encore davantage d’autonomie et de responsabilité à certains professionnels, formés notamment à pratiquer des actes réservés jusqu’alors aux personnels médicaux. Ces compétences qui permettent d’étendre encore le champ de professions comme celle des orthophonistes, justifie des formations supplémentaires.

 

La création de masters 2 fait débat au sein de la profession d’orthophonistes, certains craignent que ces perspectives universitaires ne rabaissent le niveau ou la reconnaissance des orthophonistes titulaires de la formation socle. Ce n’est bien entendu pas le cas, et en tout état de cause de telles perspectives ne pourront être menées qu’en partenariat avec les professionnels.

 

Aujourd’hui il y a une urgence : celle consistant à offrir aux étudiants, dès la rentrée 2012, la nouvelle formation enrichie, afin que la promotion 2012-2016 ait un certificat de capacité pleinement reconnu au niveau européen. Pour cela, la nouvelle maquette doit être finalisée très rapidement, et de précieuses semaines ont été perdues du fait de ces conflits. Le ministère chargé de la Santé, tout comme celui chargé de l’Enseignement supérieur, auront toujours la volonté de dialoguer.

S.R.C. 13 REP_PUB Midi-Pyrénées O