FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 124660  de  M.   Marsac Jean-René ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Ille-et-Vilaine ) QE
Ministère interrogé :  Économie, finances et industrie
Ministère attributaire :  Commerce, artisanat et consommation
Question publiée au JO le :  20/12/2011  page :  13207
Réponse publiée au JO le :  15/05/2012  page :  3802
Date de changement d'attribution :  03/01/2012
Rubrique :  entreprises
Tête d'analyse :  délais de paiement
Analyse :  réduction. conséquences
Texte de la QUESTION : M. Jean-René Marsac attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les conséquences pour les entreprises du bâtiment de la réduction des délais de paiement imposée par la loi de modernisation de l'économie (LME) du 4 août 2008. En effet depuis la mise en oeuvre de la réduction de ces délais de paiement, les entreprises du bâtiment déplorent un déséquilibre grandissant entre d'un côté des délais des fournisseurs plus courts et de l'autre, des délais clients qui, eux, demeurent inchangés. Cette inégalité se traduit par un manque de trésorerie important pour les PME et TPE, ce qui met leur équilibre financier en grande difficulté et fragilise le secteur du bâtiment. Les rapports remis par l'Observatoire des délais de paiement ont d'ailleurs confirmé en 2009 et 2010 que le secteur du bâtiment, en raison du caractère unique de chaque commande et des délais non comptabilisés dans le règlement des factures de travaux, est l'un des secteurs perdants de la loi LME. Face à ce constat, plusieurs solutions sont proposées par les entreprises du BTP : imposer le paiement des acomptes mensuels et du solde dans un délai maximum de 30 jours comptés à partir de l'émission de la demande de paiement, ou encore permettre à l'entrepreneur, concernant les retards de paiement, de suspendre l'exécution des travaux après une mise en demeure restée infructueuse tout en pouvant imposer au client le versement d'intérêts moratoires à un taux réellement dissuasif. Il lui demande donc quelles mesures il compte prendre pour corriger les conséquences dommageables de la LME et préserver le tissu économique des PME du bâtiment.
Texte de la REPONSE :

 

La loi de modernisation de l’économie (LME) a réformé le cadre général applicable aux relations commerciales. Elle a introduit le principe d’un plafonnement général des délais de paiement convenus entre les parties à 60 jours date de facture, ou 45 jours fin de mois. Les bénéfices de la réduction des délais de paiement inter entreprises sont unanimement reconnus, comme en témoignent les travaux de l’Observatoire des délais de paiement.

 

Jusqu’au 31 décembre 2011, un accord dérogatoire permettait à la filière des produits, bois, matériaux et services pour la construction et la décoration dans le secteur du bâtiment et des travaux publics de réduire ses délais de paiement par palier vers les délais de droit commun.

 

Ainsi qu’a pu le relever l’Observatoire des délais de paiement dans ses rapports 2010 et 2011, les entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics peuvent être victimes d’un « effet ciseau » en matière de délais de paiement dans la mesure où, en moyenne, les délais de paiement clients ont de fait augmenté alors que les délais de paiement leurs fournisseurs ont diminué.

 

Il apparaît en effet que certains maîtres d’ouvrage, pourtant soumis aux conditions de règlement prévues par le code de commerce, n’en respectent pas les dispositions. C’est pourquoi l’article 121 de la loi relative à la simplification et à l’allègement des démarches administratives du 22 mars 2012 rend désormais explicite l’application des dispositions du code de commerce aux professionnels de ce secteur.

 

L’article 121 de la proposition de loi précitée prévoit en outre la faculté pour l’entrepreneur qui n’est pas payé dans les délais convenus de suspendre l’exécution des travaux quinze jours après avoir, sans succès, mis son débiteur en demeure de s’exécuter. Cette disposition, souhaitée par les professionnels, renforcera l’efficacité de l’encadrement légal des délais de paiement.

 

Par ailleurs, l’article L. 441-6 du code de commerce prévoit expressément que les pénalités de retard sont exigibles de plein droit et sans qu’un rappel ne soit nécessaire. Ainsi, tout retard de paiement doit entraîner le versement par le débiteur, en sus du principal, de pénalités de retard calculées sur la base d’un taux dont les planchers sont fixés par le code de commerce. Ces pénalités ne sont d’ailleurs pas exclusives de toute autre somme pouvant être obtenue à titre d’indemnisation.

 

Le Gouvernement veille à la bonne application de la LME. Les services de la DGCCRF effectuent annuellement, depuis 2009, une enquête en matière de délais de paiement. Pour l’année 2011, 2001 entreprises ont ainsi été contrôlées. Les manquements relevés donneront lieu à des suites contentieuses tant devant le juge pénal que devant le juge civil. Le dépassement des délais de paiement convenus ou l’exigence d’un différé de facturation entraînent en effet la responsabilité du débiteur sur le fondement de l’article L. 442-6 du code de commerce. En 2011, la DGCCRF a également conduit une enquête d’envergure en matière de sous-traitance, notamment dans le secteur du BTP. Dans le cadre de ces contrôles, les entrepreneurs ont été invités à s’adresser aux directions régionales des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) afin de porter à leur connaissance tout manquement à la réglementation dont ils s’estiment victimes.

 

Enfin, par l’intermédiaire d’OSEO, le Gouvernement a mis en place des solutions de financement qui peuvent soutenir les entreprises pour lesquelles cette réduction des délais de paiement susciterait des difficultés de trésorerie.

S.R.C. 13 REP_PUB Bretagne O