DEBAT :
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TRAITÉS DE MAASTRICHT ET DE LISBONNE ET EMPLOI M. le président. La parole est à M. Jean-Paul
Lecoq, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine. M.
Jean-Paul Lecoq. Monsieur le Premier ministre, vous ne pouvez contester
que les traités de Maastricht et de Lisbonne favorisent le règne des profits
pour les profits au détriment des besoins humains, encouragent les
délocalisations, détruisent nos emplois, démantèlent nos services publics. Ils
sont synonymes de régression sociale, de précarité. Faute d'assentiment
populaire, après le rejet du traité constitutionnel par le peuple français et
d'autres, votre gouvernement n'a pas hésité, à l'initiative du Président de la
République, à détourner l'expression des électrices et des électeurs, comme vous
n'hésitez pas à occulter l'élection européenne du 7 juin prochain. Et pour cause
: l'actualité prouve chaque jour que le peuple avait raison de voter contre ce
traité. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.) Prenons un
exemple dans l'actualité, dont mes collègues ont déjà parlé : au nom de la
fameuse sacro-sainte "concurrence libre et non faussée", l'Europe telle que
toutes les politiques libérales l'ont construite n'autorise même pas à mettre
tous les acteurs de la filière laitière autour d'une table pour réguler le prix
du lait ! Si ce que je viens de dire est faux, cela signifie que votre
majorité pourra soutenir, le 28 mai, les propositions des députés communistes et
parti de gauche, tant attendues par nos concitoyens, pour interdire les
licenciements dans les entreprises, pour revaloriser les salaires, les retraites
et le pouvoir d'achat, pour répartir autrement les richesses et défendre les
services publics. Mais comme ce que je viens de dire est vrai, les Français
devront se mobiliser le 7 juin, lors de l'élection européenne, pour changer la
donne. Monsieur le Premier ministre, pour défendre et développer l'emploi
industriel en France, comptez-vous enfin dépasser le carcan des directives
européennes qui paralysent notre pays, pour mettre en oeuvre les mesures
urgentes qu'attendent nos concitoyens et redonner ambition et espoir à notre
jeunesse ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.) M.
Michel Herbillon. Ce n'est pas une question, c'est une caricature
! M. le président. La parole est à M. Bruno Le Maire,
secrétaire d'État chargé des affaires européennes. M. Bruno Le
Maire, secrétaire d'État chargé des affaires européennes.
Monsieur le député, ne cédons pas à la tentation un peu facile de rendre
l'Union européenne responsable de tous les malheurs du monde. (Exclamations
sur les bancs du groupe GDR.) Oui, les délocalisations ont été un drame
pour notre pays et un drame social pour des milliers de salariés en France. Mais
non, ce ne sont pas les traités européens qui sont responsables de ces
délocalisations. M. Jacques Desallangre. Mais si
! M. Maxime Gremetz. C'est le résultat de la libre
concurrence ! M. Bruno Le Maire, secrétaire d'État.
Il n'y a pas eu plus de délocalisations avant ou après Maastricht, il n'y aura
pas plus de délocalisations avant ou après le traité de Lisbonne. La vraie
réponse aux délocalisations, c'est un engagement fort de toutes les institutions
européennes en faveur de l'industrie. C'est exactement ce qu'a fait la Banque
européenne d'investissement en accordant 7 milliards de prêts aux industries
automobiles en Europe, ce qui a sauvé ce secteur en Europe. Mme
Marie-George Buffet. Il licencie ! M. Bruno Le
Maire, secrétaire d'État. La vraie réponse aux délocalisations,
c'est le rattrapage des nouveaux États membres pour faire en sorte qu'il n'y ait
pas de moins-disant social en Europe et que les salaires des nouveaux États
membres rejoignent ceux des pays développés. M. Maxime
Gremetz. Arrêtez ! M. Bruno Le Maire, secrétaire
d'État. En Hongrie, de 400 euros il y a quatre ans, le salaire minimum est
passé à 700 euros aujourd'hui. Demain, il n'y aura plus aucun intérêt pour une
industrie française à se délocaliser dans le reste de l'Europe. M.
Jacques Desallangre. Comment pouvez-vous dire des choses pareilles
! M. Bruno Le Maire, secrétaire d'État. La vraie
réponse aux délocalisations, c'est une politique industrielle européenne commune
qui nous apportera plus de compétitivité et plus d'innovation pour affronter la
concurrence. M. Jacques Desallangre. Mensonges
! M. Bruno Le Maire, secrétaire d'État. La vraie
réponse aux délocalisations, monsieur le député, ce n'est pas moins d'Europe,
c'est plus d'Europe. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe GDR.)
M. Jacques Desallangre. Pas celle-là ! M.
Bruno Le Maire, secrétaire d'État. J'ajoute que vous pouvez
compter, et vous le savez, sur la détermination du Président de la République,
du Premier ministre et de l'ensemble du Gouvernement à défendre l'emploi
industriel en France. M. Jacques Desallangre. Vous nous
prenez pour des enfants ? M. Bruno Le Maire, secrétaire
d'État. Nous l'avons fait... M. André Gerin. Non
! M. Bruno Le Maire, secrétaire d'État. ...en nommant
encore récemment des hauts commissaires dans toutes les régions touchées par la
crise, notamment en Haute-Normandie, dans une région qui vous est chère,
monsieur Lecoq. C'est cela qui nous a permis de sauver l'emploi industriel en
France. C'est comme cela que nous continuerons au niveau national et avec
l'Europe. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
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