DEBAT :
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DÉBAT SUR L'IDENTITÉ NATIONALE M. le
président. La parole est à M. Jean-François Copé, pour le groupe de
l'Union pour un mouvement populaire. M. Jean-François Copé.
Monsieur le Premier ministre, vous avez décidé de lancer un grand débat sur
l'identité française. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et
GDR.) M. Christian Paul. Ce n'est pas lui qui l'a décidé
! M. Jean-François Copé. Nous nous réjouissons de cette
initiative parce que, sur cette question, depuis trop longtemps, nous sommes, en
France, dans le déni. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et
GDR.) M. Daniel Paul. C'est vous qui le dites
! M. Jean-François Copé. Trop nombreux sont nos compatriotes
qui ne se parlent plus, ne s'écoutent plus, ne se respectent plus, probablement
parce qu'ils ne se connaissent plus et parce qu'ils ont peur les uns des autres.
Tout cela nous décrit une nation qui, avec le temps, se fissure en
silence. Monsieur le Premier ministre, j'identifie quatre fissures autour
desquelles pourrait se structurer notre débat. Une première fissure sépare
ceux qui vivent à la ville et ceux qui vivent à la campagne. (" Oh ! " sur
les bancs des groupes SRC et GDR.) Une fissure existe aussi entre ceux
qui appartiennent à la jeune génération et leurs aînés : la solidarité entre les
générations est aujourd'hui essentiellement pécuniaire, bien loin des débats de
fond que nous devrions avoir. M. Jean Glavany. Quel talent
! M. Jean-François Copé. Une troisième fissure, entre les
hommes et les femmes, pose les questions de la considération, de l'égalité
professionnelle et de celle des salaires, du respect des femmes en
général. Enfin, une quatrième fissure oppose, vieux débat, l'unité de la
République et la diversité de la population, diversité des origines, des
confessions et des sensibilités. Nous avons besoin d'avoir ce débat avec les
Français. Il doit être l'occasion pour nous d'avoir avec eux une discussion au
fond. Pour notre part, nous allons organiser dans toute la France des réunions
de circonscription (" Ah ! " sur les bancs du groupe SRC), auxquelles
nous associerons largement nos compatriotes, qui seront, je le souhaite, de
toutes les sensibilités politiques car il nous faut mener ce débat
ensemble. C'est ainsi qu'en regardant vers l'avenir, nous pourrons aussi
construire une nation rassemblée. (Applaudissements sur les bancs des groupes
UMP et NC.) M. le président. La parole est à M. François
Fillon, Premier ministre. M. François Fillon, Premier
ministre. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, monsieur
le président Copé (" Allo ! Allo ! " sur les bancs des groupes SRC et
GDR),... M. le président. Je vous en prie
! M. François Fillon, Premier ministre. ...la France
est notre bien commun et nous avons tous le devoir de chercher en permanence les
voies et les moyens de mieux nous rassembler, de mieux aimer et de mieux servir
notre pays. Refuser ce débat, comme certains le font, ou stigmatiser l'idée
même que notre peuple puisse avoir une identité singulière, c'est en réalité
alimenter l'extrémisme, c'est donner des arguments à tous ceux qui contestent
l'autorité et la laïcité de la République. (Exclamations sur les bancs des
groupes SRC et GDR.) La question de l'identité nationale est aussi
vieille que la France elle-même ; elle est aussi plurielle que les Français,
tant il est vrai, comme l'écrivait le général de Gaulle, que chacun d'entre nous
porte en lui " une certaine idée de la France ". Nous sommes les héritiers
d'une culture exceptionnelle qui doit être défendue partout dans le monde ; nous
sommes les héritiers d'une grande histoire dont nous n'avons pas à rougir ; nous
sommes les héritiers de ceux qui ont fondé la République et ont donné à notre
pays des règles qui doivent être respectées par tous. Renforcer notre identité,
ce n'est donc pas assouvir je ne sais quel fantasme passéiste ou racial !
(Exclamations sur les bancs des groupes GDR et SRC.) M. Roland
Muzeau. Pour vous, il s'agit bien de cela ! M. Daniel
Paul. C'est un fantasme électoral ! M. François
Fillon, Premier ministre. La France a toujours été en mouvement,
elle n'a jamais été l'expression d'une race. Mme Marie-Hélène
Amiable. Les races n'existent pas : il n'y a que la race humaine
! M. François Fillon, Premier ministre. La France n'a
jamais été, et elle ne doit pas être, la juxtaposition de communautés qui
n'obéiraient qu'à leurs propres règles et qui se replieraient sur elles-mêmes.
(Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.) C'est parce que
nous avons transcendé nos provinces, c'est parce que nous avons transcendé nos
origines et nos religions que nous sommes une nation ; précisément parce nous
avions la volonté d'être une nation. Depuis 1789, nous sommes aussi une
nation de citoyens, ce qui nous donne plus de devoirs que de droits, plus
d'obligation de civisme que de droit à l'indifférence. Cette nation
citoyenne accueille et assimile depuis des siècles des générations d'étrangers.
Il n'y a rien de choquant à dire ensemble que ceux-là mêmes qui sont venus dans
notre pays s'approprient l'héritage du pays des droits de l'homme . Il n'y a
rien d'outrageant à ce que notre patriotisme soit mis en partage. Il est naturel
que nous voulions que nos valeurs soient aussi les leurs. Voilà le débat
qu'avec Éric Besson et le Gouvernement nous avons décidé de lancer. En cherchant
à renouveler notre identité nationale, nous voulons renforcer notre unité et nos
idéaux républicains. Cette identité est source de rassemblement : pour notre
peuple, elle doit être source de fierté et constituer un tremplin pour agir
ensemble. Tel est le sens du débat que nous avons engagé : nous invitons
l'ensemble de la représentation nationale à y participer. (Applaudissements
sur les bancs des groupes UMP et NC.) M. Michel Sapin.
Ah, si ce n'était que cela !
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