DEBAT :
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INVITATION AU BRISTOL DES DONATEURS UMP M. le président. La parole est à M. Christian
Eckert, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. Christian Eckert. Ma question s'adresse à M. Éric
Woerth, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de
la réforme de l'État. Monsieur le ministre, l'un de vos collègues considèrent
que les propos de bistrot fondent le débat national. Lundi soir, à l'hôtel
Bristol - ce n'est pas n'importe quelle gargote ! -, le Président de la
République a tenu à remercier le premier cercle de ses donateurs. Ces derniers
donnent tous les ans à l'UMP entre trois et sept fois le SMIC. Ils sont repartis
pleinement rassasiés et rassurés. Les 9 millions d'euros collectés par le
trésorier de l'UMP sont le meilleur placement du monde : ils rapportent les 13
milliards d'euros du bouclier fiscal, les 20 milliards de réductions d'impôts
sur les cessions des filiales, j'en passe et des meilleures ! Devant ces
donateurs prestigieux, le Président de la République s'est engagé à ne jamais
revenir sur le bouclier fiscal. (" C'est scandaleux ! " sur les bancs du
groupe SRC.) Il y a là de quoi les fidéliser. Le Président de la
République avait parlé de République irréprochable. M. Bernard
Cazeneuve. Nous avons la République des privilèges ! M.
Christian Eckert. Il doit être le Président de tous les Français, et
non le collecteur de fonds de l'UMP. (Protestations sur les bancs du groupe
UMP.) Monsieur le ministre du budget, vous êtes le trésorier de l'UMP.
(Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Vous avez fait voter à votre
majorité les franchises médicales qui touchent tous les malades ; l'imposition
des indemnités journalières, qui touche tous les accidentés du travail ;
l'augmentation programmée des impôts locaux, qui touchera tous les ménages
! Monsieur le ministre des comptes publics, vous êtes censé combattre
l'évasion et la fraude fiscale. Est-ce compatible avec votre fonction
d'animateur du club des financeurs de l'UMP ? N'y a-t-il pas là sinon conflit
d'intérêts, pour le moins confusion des genres ? (Protestations sur les bancs
du groupe UMP.) M. Richard Mallié. Mais pour qui se
prend-il celui-là ! M. Christian Eckert. Je ne sais pas ce
que l'on dit au Fouquet's ou au Bristol. Mais dans les bistrots de nos villages,
on entend la grande majorité des Français pour lesquels la justice fiscale était
jusqu'alors le socle de l'identité nationale. (Applaudissements sur les bancs
des groupes SRC et GDR.) M. le président. La parole est
à M. Éric Woerth, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction
publique et de la réforme de l'État. M. Éric Woerth,
ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la
réforme de l'État. Monsieur le député, en matière de confusion, le parti
socialiste est vraiment très fort. (Exclamations sur les bancs du groupe
SRC.) Vous confondez tout : les idées, les hommes, les femmes !
Véritablement, le parti socialiste n'est plus qu'une machine à confusion. Y
a-t-il confusion des genres lorsque l'on est à la fois ministre du budget et
trésorier d'un parti politique ? Il n'y a pas de problème : il n'y a pas de
confusion des genres. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Un
membre du Gouvernement est un responsable politique - c'est également vrai pour
certains députés. Voilà un grand scoop ! Le Président de la République est aussi
un homme politique. Plusieurs députés du groupe socialiste, radical,
citoyen et divers gauche. Il rame ! M. Éric Woerth,
ministre du budget. Nous sommes des hommes et des femmes politiques et
nous exerçons des responsabilités dans nos partis. Par ailleurs, lorsque l'on
est ministre du budget, on est responsable des finances du pays ainsi que du
contrôle fiscal. Je n'ai pas vraiment le sentiment que, sur ce dernier sujet,
quiconque puisse m'accuser d'être laxiste. Vraiment pas ! (" Si ! " sur
plusieurs bancs du groupe SRC.) M. Patrick Lemasle.
C'est justement le cas ! M. Éric Woerth, ministre du
budget. Ceux qui le font devraient lire les journaux et regarder la
télévision plus souvent : il me semble plutôt entendre l'accusation
inverse. Je ne sais pas ce que vous essayez de démontrer au travers de votre
question stupide (Vives protestations sur les bancs du groupe SRC), mais
j'aurais du mal à y répondre autrement que comme cela. (Applaudissements sur
les bancs des groupes UMP et NC - Vives protestations sur les bancs des
groupes SRC et GDR.) M. André Chassaigne. C'est
inacceptable ! M. Frédéric Cuvillier. C'est scandaleux !
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