DEBAT :
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SALAIRE D'UN DIRIGEANT D'EDF ET DE VÉOLIA M. le président. La parole est à M. Christian
Eckert, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. Christian Eckert. Monsieur le Premier ministre,
au mois de novembre dernier, votre ministre de l'économie affirmait, avec
l'aplomb qu'on lui connaît, que M. Proglio serait PDG d'EDF, et qu'il resterait
président non opérationnel de Véolia sans aucun cumul de
rémunération. Aujourd'hui, le patron d'EDF encaisse pourtant tous les ans 1,6
million d'euros venus d'EDF et 450 000 euros de Véolia ; soit, au total, deux
mille fois le SMIC que vous venez royalement d'augmenter de 5 petits euros par
mois. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) M.
Maxime Gremetz. Et on ne nous dit pas tout ! M. Christian
Eckert. Pour justifier cela, Mme Lagarde affirmait ce matin : " Il
consacrera un peu de son temps à Véolia en étant 100 % de son temps chez EDF ".
(Rires et vifs applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Cet homme
est sans doute doté de pouvoirs surnaturels ! Sous la plume de Pagnol, ce
genre de décompte faisait rire. Mais venant du Gouvernement de la France, ce
n'est pas seulement stupide ; c'est indécent et révoltant ! (Applaudissements
sur divers bancs du groupe SRC.) M. Arnaud
Montebourg. Voilà de l'argent pour les conseils généraux, monsieur le
Premier ministre ! M. Christian Eckert. En vérité, votre
monopoly est choquant : le gaz pour Suez-Lyonnaise, et M. Mestrallet encaisse
des étrennes de 850 000 euros ; le courant à Véolia, et M. Proglio fait main
basse sur EDF. Jusqu'alors, les patrons des entreprises et services publics
étaient de grands commis de l'État, travaillant à son service, et pas pour
eux-mêmes. Vous avez refusé une proposition de loi socialiste qui prévoyait le
plafonnement des rémunérations dans une même entreprise à vingt-cinq fois le
salaire le plus bas. M. Arnaud Montebourg. C'était bien
assez ; c'est même déjà trop ! M. Christian Eckert.
Qu'allez-vous dire aujourd'hui à ceux qui payent les conséquences de ces
outrances, à ceux qui ne sont pas protégés par le bouclier fiscal, à la France
qui ne comprend plus que vous demandiez des sacrifices aux petits pour donner à
certains des pouvoirs et des revenus scandaleux ? (Vifs applaudissements sur
les bancs du groupe SRC. - Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe
GDR.) M. Yves Nicolin. Et Strauss-Kahn, combien
gagne-t-il ? M. le président. La parole est à Mme Christine
Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi. (" 100 % !
100 % !" sur les bancs du groupe SRC.) Mme Christine
Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi.
Je pense que nous serons d'accord sur un point : EDF est une grande
entreprise française, alternativement la première et la deuxième capitalisation
boursière ; et elle a besoin d'un bon patron. (Rires et exclamations sur les
bancs des groupes SRC et GDR.) M. Maxime Gremetz. Vous
insultez ceux qui souffrent de la crise ! Mme Christine
Lagarde, ministre de l'économie. C'est dans ces conditions-là
que, à la demande de M. le Premier ministre, nous sommes allés chercher le
meilleur patron pour une grande entreprise française. (Vives protestations
sur les bancs des groupes SRC et GDR.) M. Henri
Emmanuelli. C'est scandaleux ! Mme Christine
Lagarde, ministre de l'économie. Ce grand patron, c'est Henri
Proglio, qui était patron de Véolia (Bruits continus sur les bancs des
groupes SRC et GDR.) M. le président. Un peu de calme,
je vous prie. Mme Christine Lagarde, ministre de
l'économie. Les conditions dans lesquelles il a accepté de rejoindre le
groupe EDF étaient doubles : pouvoir conserver un rôle non opérationnel,
c'est-à-dire non exécutif, chez Véolia, et consacrer l'intégralité de son temps
de travail à EDF, c'est-à-dire être exécutif et opérationnel dans le groupe EDF.
(Très vives protestations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) C'est
exactement ce qu'il fera. M. Henri Emmanuelli. Devrions-nous
en plus le remercier ? Mme Christine Lagarde, ministre de
l'économie. C'est dans ces conditions que le conseil d'administration de
Véolia a supprimé sa rémunération et lui a alloué une indemnité (Rires puis
huées sur les bancs des groupes SRC et GDR.) correspondant à ses fonctions
en qualité de président du conseil de surveillance. M. le
président. Je vous en prie ! Mme Christine Lagarde,
ministre de l'économie. Le comité des rémunérations d'EDF a ajusté sa
proposition de rémunération, afin que le président d'EDF ne soit pas payé plus
que lorsqu'il était patron de Véolia (Protestations continues sur les bancs
des groupes SRC et GDR.) Il faut se rendre à la réalité : il y a un
marché ; il y a des concurrents ; le monde a changé ; EDF est une entreprise
nationale, en concurrence avec d'autres. Il se trouve que le patron d'EDF
est le moins rémunéré de tous les patrons des entreprises équivalentes : sa
rémunération est en dessous de la moyenne de celle des patrons du CAC40.
(Vives exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) C'est la
réalité d'aujourd'hui, monsieur Eckert, qu'on le veuille ou non !
(Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UMP et NC. — Vives
protestations et huées sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
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