DEBAT :
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JOURNALISTES OTAGES EN AFGHANISTAN M. le président. La parole est à M. François
Loncle, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. François Loncle. Monsieur le Premier ministre, le
30 décembre dernier, deux journalistes de France 3 et leurs accompagnateurs
étaient enlevés en Afghanistan. Tous ici, comme dans l'ensemble du pays,
s'accordent à considérer cet événement comme dramatique. Mais cela n'a pas,
semble-t-il, ému le secrétaire général de l'Élysée, qui ne conçoit probablement
le journalisme qu'aux ordres. M. Guéant... M. Patrick Roy.
Qui est-ce ? M. François Loncle. ...a préféré dénoncer, je
cite, " l'imprudence coupable " des journalistes,... M. Jacques
Myard. Oui ! M. François Loncle. ...qui n'auraient
été motivés, selon lui, que par la recherche du " scoop à tout prix
". M. Jacques Myard. Oui ! Plusieurs députés du
groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Scandaleux
! M. François Loncle. Il a aussi osé évoquer le " coût tout
à fait considérable " qu'aurait leur libération. Ces déclarations incongrues,
choquantes, ont justement suscité la réprobation unanime de la presse écrite et
audio-visuelle (Protestations sur plusieurs bancs du groupe UMP), et bien
sûr celle des familles de nos deux compatriotes enlevés. Je vous demande,
monsieur le Premier ministre, à quel titre et de quel droit le secrétaire
général de l'Élysée s'autorise à entraver la mission des journalistes
(Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP), à dicter les sujets sur
lesquels ils doivent enquêter, à mettre en cause leur probité et leur courage
professionnels. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SRC et
GDR.) Par écrit, mais sans obtenir de réponse, je vous ai déjà questionné
sur ces personnalités élyséennes, telles M. Guéant, qui s'expriment constamment
au nom de la France, bien qu'elles n'aient strictement aucune
légitimité. Mme Catherine Coutelle et M. Jean-Pierre
Dufau. Très bien ! M. François Loncle. Je vous
demande de condamner les propos du secrétaire général de l'Élysée et de préciser
si c'est bien toujours le Gouvernement qui, comme l'affirme l'article 20 de la
Constitution, " détermine et conduit la politique de la Nation ".
(Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) M. le
président. La parole est à M. Bernard Kouchner, ministre des affaires
étrangères et européennes. M. Bernard Kouchner, ministre
des affaires étrangères et européennes. Monsieur le député, premièrement,
les deux journalistes sont en vie. M. Philippe Plisson. Pas
grâce à vous ! M. Bernard Kouchner, ministre des affaires
étrangères. C'est la première chose que je voulais vous annoncer de façon
sûre. Deuxièmement, je vous le garantis, tous les moyens de l'État et du
Gouvernement, en particulier, bien entendu, le ministère de la défense et le
ministère des affaires étrangères, sont à la disposition des opérations
éventuelles qui pourraient être menées pour les recueillir ou pour les
libérer. M. Maxime Gremetz. Ah ! M. Bernard
Kouchner, ministre des affaires étrangères. Je vous garantis
l'engagement total de la France. M. Albert Facon. Et Guéant
? M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères.
Troisièmement, il était inutile d'employer ce ton accusatoire
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP. - Exclamations sur les
bancs des groupes SRC et GDR), voire inquisiteur, pour dénoncer une
situation qui est en effet une situation dangereuse pour bien des gens qui
doivent prendre des risques, en particulier les journalistes et les
humanitaires. M. Henri Emmanuelli. Dites-le à Guéant
! M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères.
Certains doivent prendre des risques et on doit les en prévenir. C'est notre
méthode. Maintenant, nous sommes responsables en effet, et au maximum, de leur
libération. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP. -
Exclamations sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR.) M.
Albert Facon. Changez Guéant !
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