DEBAT :
|
DÉCLARATIONS D'ANGELA MERKEL ANNONÇANT L'AUSTÉRITÉ EN FRANCE M. le président. La parole est à M. Christophe
Caresche, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. Christophe Caresche. Monsieur le Premier
ministre, l'Europe connaît une crise profonde et l'euro une crise sans
précédent. Après bien des atermoiements, l'Europe a décidé de réagir
massivement pour contrer la spéculation qui menaçait directement certains de ses
États membres. Elle a su recourir à des mesures inédites rompant avec l'approche
dogmatique de l'euro qui l'avait caractérisée jusqu'à présent. M.
Maxime Gremetz. À cause de Maastricht ! M. Christophe
Caresche. La question est maintenant de savoir si l'Europe va être
capable de continuer à inventer une réponse originale et adaptée à la crise ou
si elle va renouer avec une interprétation étroite du pacte de stabilité et de
la discipline budgétaire. M. Maxime Gremetz. La monnaie
unique ! M. Christophe Caresche. Pour nous, la
généralisation de politiques d'austérité à l'ensemble des pays européens est le
plus sûr moyen de tuer toute perspective de retour à la croissance en Europe et
donc toute perspective de restauration des comptes publics. L'Europe ne trouvera
pas son salut dans des politiques d'ajustement aveugles. M. Patrick
Roy. Exactement ! M. Christophe Caresche. De ce
point de vue, les récentes déclarations de Mme Merkel au quotidien El
Pais, reprises par Le Monde, ne sont pas rassurantes. Mme Merkel
réaffirme son attachement au pacte de stabilité, pacte " non négociable ", selon
son expression, regrettant d'ailleurs, au passage, qu'il ait été affaibli en
2004. Elle considère comme nécessaires des mesures d'austérité " pas seulement
pour les pays comme le Portugal et l'Espagne ". Elle indique enfin que le
président Sarkozy lui aurait affirmé que la France prendrait également des
mesures d'austérité. Monsieur le Premier ministre, confirmez-vous que le
Président de la République a pris des engagements auprès de Mme Merkel sur
d'éventuelles mesures d'austérité concernant la France ? M. Maxime
Gremetz. Maastricht ! M. Christophe Caresche.
Existe-t-il, au niveau européen, un plan de rigueur visant à imposer des
politiques restrictives à l'ensemble des pays de la zone euro ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) M. le
président. La parole est à M. François Baroin, ministre du budget, des
comptes publics et de la réforme de l'État. M. François
Baroin, ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de
l'État. Monsieur Caresche, la réponse de l'Europe, il y a une dizaine de
jours, sous l'impulsion des chefs d'État et de gouvernement, a été déterminée,
massive, et a marqué la volonté sans faille de la zone euro de soutenir notre
outil monétaire, mais aussi notre capacité d'assurer le développement des
particuliers et des entreprises, le développement de l'économie, des
investissements et donc, à terme, notre capacité à garantir la création
d'emplois. Les gouvernements s'organisent aujourd'hui pour que les pays
adoptent une logique de convergence qui leur faisait hélas défaut. Il s'agit de
définir la meilleure trajectoire pour y parvenir. M. Maxime
Gremetz. On ne parviendra à rien avec la monnaie unique ! M.
François Baroin, ministre du budget. Ce sera le meilleur gage,
dans la durée, de la stabilité de notre monnaie. Malgré toute l'estime que
j'ai pour vous, monsieur Caresche, au regard de certaines de vos positions,
force est de constater que vous manquez de sérieux, que vous renouez avec la
facilité et avec des accents démagogiques en comparant la situation de la Grèce
avec celle du Portugal ou de l'Espagne. M. Philippe Briand.
Très juste ! M. François Baroin, ministre du budget.
De même, on ne peut pas comparer la situation du Portugal et de l'Espagne avec
celle de la Finlande ou de la Suède ou encore avec celle du Canada de la fin des
années 90. Enfin, l'on ne peut certainement pas comparer la situation des pays
qui ont mené des politiques de rigueur, d'austérité, avec la situation allemande
ou française. Notre politique s'inscrit, ne vous en déplaise, monsieur
Caresche, et à vous tous, membres du groupe socialiste, non pas dans une logique
d'austérité ou de rigueur mais de responsabilité vis-à-vis des Français : il
s'agit de préserver notre modèle social. (Exclamations sur les bancs du
groupe SRC.) Ne pas mener ce plan à terme risque de conduire, dans quelque
temps, à la rigueur. M. Maxime Gremetz. Et les critères de
Maastricht ? M. François Baroin, ministre du budget.
La France doit remplir son devoir d'exemplarité en respectant ses engagements
vis-à-vis de ses partenaires européens, et son engagement auprès des Français de
préserver notre modèle social. (Applaudissements sur les bancs du groupe
UMP.)
|