DEBAT :
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FUSILLADE MORTELLE DANS LE VAL-DE-MARNE M. le président. La parole est à M. Jacques
Alain Bénisti, pour le groupe de l'Union pour un mouvement
populaire. M. Jacques Alain Bénisti. Ma question s'adresse à
Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, et j'y associe Jean-François
Copé. Monsieur le ministre, jeudi dernier, vers neuf heures et demie, Aurélie
Fouquet et Thierry Moreau, policiers municipaux dans ma ville de
Villiers-sur-Marne, effectuent leur patrouille de surveillance quand ils
interviennent sur ce qu'ils pensent n'être qu'un simple accrochage sur la voie
publique. Surgissent alors d'une camionnette trois individus cagoulés, armés de
kalachnikovs, qui ouvrent le feu dans leur direction, criblant leur véhicule
d'une trentaine de balles. Thierry Moreau est blessé à l'épaule et découvre
sa jeune collègue atteinte de quatre balles, dont une en pleine tête. Il
parvient à l'extirper de la voiture, saisit son arme et réussit à toucher l'un
des malfrats, qui décident alors de prendre la fuite. Si je rappelle ces
faits, monsieur le ministre, c'est pour vous dire que, si Thierry Moreau n'avait
pas été armé, lui non plus ne serait plus de ce monde. Aujourd'hui, la question
n'est plus de savoir s'il faut armer ou non les policiers municipaux. Leur rôle
et leur complémentarité avec la police nationale ne sont plus à démontrer,
surtout lorsqu'ils croisent des monstres sans scrupules, munis d'armes de
guerre, et qui n'hésitent pas à tirer pour tuer, dans un déferlement de violence
inouï. Monsieur le ministre, malheureusement, le fils d'Aurélie Fouquet,
Alexis, âgé de quatorze mois, n'aura pas la chance de grandir auprès de sa
maman. Mais une chose est sûre, c'est qu'il pourra être fier d'elle, comme je le
suis et comme le sont bon nombre de maires qui considèrent que ces femmes et ces
hommes, policiers municipaux, font un travail remarquable pour protéger nos
concitoyens, avec beaucoup de professionnalisme et souvent un courage
exemplaire. Aussi, monsieur le ministre, ma question est-elle double. Tout
d'abord, pouvez-vous nous dire où en sont vos investigations pour retrouver ces
ignobles assassins ? Et quelles mesures pensez-vous prendre pour permettre aux
maires de mieux protéger leur police municipale face à de tels individus ?
(Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.) M. le
président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur, de
l'outre-mer et des collectivités territoriales. M. Brice
Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des
collectivités territoriales. Monsieur le député, quelques minutes après ce
drame, nous nous sommes retrouvés sur place et nous avons pu mesurer ensemble la
violence de cette fusillade qui a malheureusement abouti, comme vous venez de
l'évoquer avec beaucoup d'émotion, au décès d'une jeune femme, policière
municipale, Aurélie Fouquet, mère d'un enfant de quatorze mois. Elle était
membre de la police municipale de votre commune ; son conjoint est membre de la
police municipale de Meaux. Après avoir, grâce à vous, rencontré les autres
membres de l'équipe municipale et discuté avec eux, j'ai pu mesurer et partager
l'émotion de ces fonctionnaires, qui, avec leurs quelque 18 000 collègues, dans
toute la France, ont manifesté leurs attentes et leurs interrogations. Je
rencontrerai jeudi matin les représentants syndicaux des policiers municipaux
afin de faire le point et de préciser les attentes en matière d'armement et
quant à leur situation administrative. Un député du groupe
SRC. Il était temps ! M. Brice Hortefeux,
ministre de l'intérieur. En ce qui concerne l'enquête, nous avons su
quasi immédiatement grâce aux images vidéos, aux empreintes digitales, aux
traces génétiques, qu'il s'agissait d'un groupe de six à sept individus, très
bien organisés, qui préparaient un braquage de très grande ampleur, sans doute
l'attaque d'un fourgon blindé ou d'un établissement bancaire. Le soir même de
cette fusillade, un suspect bien connu des services de police, et d'ailleurs
déjà condamné, a été interpellé, puis mis en examen et, depuis hier soir,
écroué. Deux autres individus ont d'ores et déjà été identifiés. Ce meurtre,
naturellement inacceptable, permet de rappeler simultanément que le nombre de
violences ayant abouti à des homicides a diminué de près de 40 % depuis huit
ans, et que désormais, dans 93 % des cas, ces meurtres sont élucidés. Cela
signifie une chose simple, monsieur le député : c'est que, dans notre pays, il
n'y a pas d'avenir pour les délinquants et pas de pardon pour les criminels !
(Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
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