DEBAT :
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ASSAUT ISRAÉLIEN AU LARGE DE GAZA M.
le président. La parole est à M. Michel Vauzelle, pour le groupe
socialiste, radical, citoyen et divers gauche. M. Michel
Vauzelle. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre,
mesdames, messieurs les membres du Gouvernement, mes chers collègues, le peuple
français est l'ami du peuple d'Israël. Aujourd'hui, qui ne constate pas
qu'après plus de soixante ans d'efforts les Nations unies n'ont pas été capables
d'assurer au peuple, ami, d'Israël des frontières sûres et reconnues, comme il
est convenu de le dire ? Cependant, des actes comme ceux qui ont été commis hier
sous la responsabilité, non du peuple israélien, bien sûr, mais sous celle de
certains responsables politiques ou militaires, vont à l'encontre de ce que nous
souhaitons tous pour ce peuple. Un événement terrible s'est produit. Le fait que
l'armée israélienne attaque une flottille venue apporter une aide humanitaire
aux malheureux habitants de la bande de Gaza enfermés, après avoir connu la
guerre, dans le blocus que l'on sait, n'est pas acceptable... M.
Maxime Gremetz. C'est condamnable ! M. Michel
Vauzelle. Cela n'a d'ailleurs pas été accepté par l'opinion mondiale.
Le Premier ministre israélien, M. Benyamin Nétanyahou, a dû annuler sa visite à
Washington. Les Turcs, meilleurs alliés d'Israël, ont dû manifester leur
colère. Désormais, les lumières sont à nouveau braquées sur la situation
inacceptable de Gaza, et sur le futur de l'État palestinien toujours proclamé,
jamais réalisé. Je veux aussi évoquer le processus d'Union pour la
Méditerranée, voulu par le Président Sarkozy. La conférence de Barcelone a dû
être annulée ; on sait pour quelles raisons ! Ce nouvel événement doit donc
être condamné par la France. Une commission d'enquête impartiale et, bien sûr,
non israélienne doit être demandée avec force à l'Union européenne ou aux
Nations unies. Quelle sera l'attitude du Gouvernement ? (Applaudissements
sur les bancs du groupe SRC.) M. le président. La parole
est à M. François Fillon, Premier ministre. M. François
Fillon, Premier ministre. Monsieur Vauzelle, le Gouvernement
français condamne l'opération militaire israélienne conduite hier, dans les eaux
internationales, au large de Gaza. (Applaudissements.) M.
Maxime Gremetz. Bravo ! M. François Fillon,
Premier ministre. C'est un acte totalement disproportionné qui a causé la
mort d'au moins neuf personnes, et occasionné plusieurs dizaines de blessés.
C'est un acte qui n'est pas justifié, c'est un acte contraire au droit
international,... M. Roland Muzeau. C'est un crime
! M. François Fillon, Premier ministre. ...et c'est
surtout un acte qui fait reculer l'espoir déjà si ténu de voir la reprise, à
laquelle nous travaillons, d'un dialogue direct entre les Israéliens et les
Palestiniens sans lequel il n'y a pas d'espoir qu'émerge une solution à un
problème qui dure depuis près de six décennies. Aujourd'hui, la France exige
la libération immédiate des neuf ressortissants français qui se trouvaient à
bord des bateaux arraisonnés, et qui sont encore détenus en Israël. La France
exige la libération immédiate des bateaux et de tous les civils qui se
trouvaient à bord. La France exige, avec l'Union européenne et l'Organisation
des Nations unies, l'ouverture immédiate d'une enquête internationale,
indépendante et impartiale (Applaudissements), parce qu'il faut faire la
lumière sur ce qui s'est produit hier. Monsieur le député, la France, qui a
entrepris, à Gaza, la reconstruction de l'hôpital Al Quds, exige que,
désormais, l'aide humanitaire parvienne, sans restriction et sans contrainte, à
l'ensemble des Palestiniens, en particulier à ceux qui vivent sur ce territoire.
(Applaudissements sur tous les bancs.) La France demande, tout
simplement, que soient respectées les résolutions des Nations unies qui
condamnent le blocus. Mesdames, messieurs les députés, la France est l'amie
d'Israël. Et c'est précisément parce que la France est l'amie d'Israël qu'elle
peut et qu'elle doit demander au gouvernement israélien de reconnaître la faute
commise hier, et de trouver le courage et la force de reprendre le chemin de la
paix. (Vifs applaudissements sur tous les bancs.)
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