Texte de la QUESTION :
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M. Didier Quentin appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire, sur le projet de terminal méthanier au Verdon-sur-Mer présenté par la société néerlandaise 4 Gas. Il rappelle la vive opposition de la rive droite charentaise-maritime, aussi bien chez les élus qu'au sein de la population. Il apparaît, en effet, qu'un tel équipement provoquerait une pollution visuelle et paysagère majeure devant quelques-uns des sites les plus emblématiques de notre littoral, sans parler d'innombrables nuisances. À l'heure du « Grenelle de l'environnement » et alors que le Président de la République souhaite « la moralisation du capitalisme financier, afin de le mettre davantage au service du développement et moins à celui de la spéculation », la vocation de l'estuaire de la Gironde, plus grand estuaire d'Europe et dernier estuaire naturel, devrait être liée au développement d'un tourisme durable, ce que l'on appelle l'éco-tourisme, plutôt que de le transformer en un Fos-sur-Gironde... Alors que la commission nationale du débat public vient de rendre ses conclusions, il lui demande : dans quel délai, le Gouvernement entend-il se prononcer sur ce projet ? s'il y a un intérêt réel, ne serait-il pas souhaitable, en liaison avec nos amis espagnols, de trouver un autre site moins perturbant pour l'environnement ? Compte tenu de l'intérêt majeur de l'estuaire de la Gironde, du point de vue naturel et pour la biodiversité, la création d'une « aire marine protégée » a été envisagée. Il lui demande dans quel délai le Gouvernement entend lancer la mission de préfiguration d'une telle "aire marine protégée".
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Texte de la REPONSE :
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PROJET DE TERMINAL MÉTHANIER AU VERDON-SUR-MER EN GIRONDE M. le président. La parole est à M. Didier
Quentin, pour exposer sa question, n° 271, relative au projet de terminal
méthanier au Verdon-sur-Mer en Gironde. M. Didier Quentin.
Ma question s'adressait expressément à Mme la secrétaire d'État chargée de
l'écologie, mais je salue M. Bernard Laporte, secrétaire d'État chargé des
sports. Ainsi que je l'avais déjà fait le 2 octobre dernier, je souhaite
appeler de nouveau l'attention du Gouvernement sur le projet de terminal
méthanier au Verdon-sur-Mer, présenté par la société néerlandaise 4Gas. Comme
vous le savez, la Commission nationale du débat public avait été saisie de ce
projet dès le 8 mars 2007, et une commission particulière avait été mise en
place. Celle-ci a rendu ses conclusions le 13 février dernier, en sous-estimant
de manière particulièrement choquante les positions des élus, des associations
et de la population de la rive droite de l'estuaire de la Gironde, c'est-à-dire
en Charente-Maritime, qui sont totalement opposés à ce projet. En effet, il
constitue un double non-sens. Un non-sens économique d'abord, car la France se
trouve déjà en situation de surcapacité de stockage de gaz naturel liquéfié avec
les installations existantes de Fos-sur-Mer, de Montoir-de-Bretagne - où le
nombre de cuves peut être doublé -, et celles qui sont en projet à Dunkerque -
apparemment sans soulever de difficulté. Le projet en Gironde ne présente donc
aucun intérêt national majeur. De plus, l'installation de ce terminal méthanier
nuirait gravement au développement durable de notre économie touristique, qui
est de loin le premier gisement d'emplois et la principale source de richesses
du pays royannais. Le projet constitue aussi non-sens écologique, tant les
conséquences seraient négatives pour l'environnement et la biodiversité. À son
tour, la Commission nationale du débat public a dressé, le 18 avril, son bilan
sur ce projet. Elle met mieux en lumière les très vives oppositions suscitées
par cette éventuelle installation classée Seveso 2. En outre, la contestation
s'amplifie sur la rive gauche. À titre d'exemple, je me permets de signaler que
le nouveau maire du Verdon, commune qui pourrait être la plus intéressée par les
retombées de ce projet en termes de fiscalité et d'emplois, a organisé, le
dimanche 13 avril 2008, un référendum local. Celui-ci s'est traduit par une
majorité massive de 68 % de " non ". À l'heure où les conclusions du Grenelle
de l'environnement doivent trouver leur première traduction législative, il
serait incompréhensible que la vocation environnementale de l'estuaire de la
Gironde, dernier grand estuaire naturel d'Europe, soit remise en cause. La
secrétaire d'État à l'écologie a d'ailleurs pu s'en rendre compte elle-même
puisque, le 21 septembre 2007, elle est venue en Gironde pour une visite sur le
thème de la biodiversité. À cette occasion, Mme Kosciusko-Morizet a participé au
premier lâcher d'esturgeons nés en captivité, dans le cadre d'un programme
européen de restauration. Tout me semble donc devoir être fait pour préserver
cette richesse naturelle et développer dans cet estuaire un tourisme durable, ce
que l'on appelle l'éco-tourisme, plutôt que de le transformer en un "
Fos-sur-Gironde ", ce qui mettrait très gravement à mal notre et - je me permets
de l'ajouter - votre crédibilité environnementale. C'est dans cet esprit que
j'ai proposé, depuis plusieurs mois, la création d'une aire marine protégée,
notamment lors de ma question orale du 2 octobre dernier. La secrétaire d'État
avait eu l'amabilité de lui témoigner un intérêt bienveillant dans sa
réponse. Au regard de tous ces éléments, je vous serais reconnaissant,
monsieur le secrétaire d'État, de m'apporter deux précisions. Premièrement, dans
quel délai le Gouvernement entend-il se prononcer sur ce funeste projet de
terminal méthanier ? Il fait en effet peser une terrible menace sur le
développement économique et touristique du pays royannais. Celui-ci ne pourra
supporter trop longtemps cette épée de Damoclès. La colère des populations et
des professionnels enfle de jour en jour ; les agents immobiliers l'exprimaient
encore ce matin dans le quotidien régional Sud Ouest. Deuxièmement,
compte tenu de l'intérêt majeur de l'estuaire de la Gironde, du point de vue
naturel et pour la biodiversité, l'Agence des aires marines protégées vient de
vous transmettre une première étude, après des contacts avec les différents
acteurs concernés, pour évoquer la création d'une telle zone, au nord de
l'estuaire et dans les Pertuis charentais. Je vous serais donc reconnaissant de
me préciser dans quel délai le Gouvernement entend prendre un arrêté ministériel
pour la mise en place d'une mission de préfiguration d'une telle aire marine
protégée qui s'inscrirait dans le programme des douze que s'est engagé à créer
notre pays d'ici 2012. M. le président. La parole est à M.
Bernard Laporte, secrétaire d'État chargé des sports, de la jeunesse et de la
vie associative. M. Bernard Laporte, secrétaire d'État
chargé des sports, de la jeunesse et de la vie associative. Monsieur le
député, votre question sur le projet de création par la société 4Gas d'un
terminal méthanier au Verdon-sur-Mer permet en effet de toucher l'épineuse
question de la compatibilité entre le développement d'infrastructures
énergétiques et industrielles et la préservation des espaces naturels
remarquables, ainsi que de la protection de la sécurité des populations et du
développement de l'économie du tourisme. C'est bien un enjeu très concret de
développement durable. Vous posez trois questions en une. Tout d'abord, dans
quel délai le Gouvernement se prononcera-t-il sur le projet ? Puis, ne
pourrait-on pas trouver un autre site moins perturbant pour l'environnement ? Et
enfin, quel est le calendrier envisagé pour la préfiguration d'une aire marine
protégée dans l'estuaire de la Gironde ? Sur le calendrier de décision, il
convient de vous indiquer le processus prévu. Aujourd'hui, ce n'est pas à l'État
de se prononcer, mais tout d'abord au porteur de projet de décider s'il poursuit
son projet ou pas. En effet, suite au débat public qui a été organisé - en même
temps, vous le savez, que sur les sites d'Antifer et Dunkerque où existent
d'autres projets de terminaux méthaniers -, 4Gas a trois mois à compter du rendu
de l'avis de la commission du débat public, pour déclarer publiquement s'il
donne suite à son projet, et dire comment il prend en compte les conclusions du
débat public. La commission particulière du débat public a rendu son avis
mi-février et la Commission nationale du débat public a établi le bilan du
débat, le 18 avril dernier. La société 4Gas a donc jusqu'à mi-juillet pour
faire part de ses intentions. Si l'entreprise souhaite poursuivre son projet,
elle devra alors déposer les dossiers prévus par la réglementation, en
particulier ceux au titre de la législation des installations classées pour la
protection de l'environnement. Ces dossiers devront analyser tous les impacts et
risques potentiels, et présenter les mesures pour les supprimer, les limiter,
les compenser si besoin. Dans ce cadre, les questions d'insertion paysagère, de
sécurité, de pollution, d'impact sur les milieux naturels devront être
précisément étudiées. C'est sur ces bases que l'État se prononcera, dans le
cadre d'une procédure claire et transparente : examen préalable du dossier pour
déterminer s'il est complet et peut être soumis à enquête publique ; déroulement
de celle-ci, et consultation en parallèle des communes concernées et des
services administratifs ; puis présentation devant les commissions consultatives
compétentes - conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires
et technologiques en particulier -, avant décision du préfet. En conséquence, si
le projet est poursuivi, hypothèse non encore confirmée aujourd'hui rappelons
le, un processus approfondi d'analyse et débat sera conduit avant toute
décision, et vous imaginez bien que les services du ministère et le ministre
d'État le suivront avec une vigilance particulière, pour apporter au préfet tout
l'appui nécessaire. Dans la phase actuelle où il étudie les suites à donner
aux conclusions du débat public, le porteur de projet peut en effet être amené,
comme vous le soulignez, à rechercher un site d'implantation générant le moins
d'impact possible. Cela nous apparaîtrait du bon sens de sa part. Mais
rappelons-le, c'est sa responsabilité de construire un projet. L'État prendra
les siennes pour juger de sa pertinence et de son acceptabilité. Votre
troisième point sur l'aire marine protégée élargit, à juste titre, le débat.
Comme vous le soulignez bien, la Gironde est en effet un milieu remarquable, un
des derniers estuaires encore fortement sauvages. L'idée d'aire marine protégée
est donc particulièrement pertinente dans ce contexte, et les services du
ministère de l'écologie ont finalisé récemment un rapport de faisabilité. Dans
les prochaines semaines, la mission de préfiguration de cette aire marine
protégée sera lancée. Là aussi, le dialogue public avec tous les acteurs
concernés sera crucial, pour permettre de faire émerger un projet consensuel,
ambitieux, qui puisse aussi concilier développement économique et préservation
de l'environnement, sans a priori, pour que ceux qui un jour
s'opposent à un projet ne s'opposent pas, le lendemain, à celui de l'aire marine
protégée. Je ne doute pas de votre précieux concours dans ce chantier à
venir. M. le président. La parole est à M. Didier
Quentin. M. Didier Quentin. Monsieur le secrétaire d'État,
je prends acte avec satisfaction de vos engagements. Nous nous permettrons de
compter beaucoup sur le Gouvernement, et tout particulièrement sur Mme la
secrétaire d'État chargée de l'écologie, dans cette affaire. En effet, à
l'évidence, le projet de terminal méthanier ne présente aucun intérêt national
majeur du point de vue énergétique, sauf un intérêt spéculatif - et encore
illusoire ! En revanche, la préservation du plus grand estuaire naturel d'Europe
présente un intérêt écologique majeur. Nous devrons donc tous être à la hauteur
de l'enjeu !
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