FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 28188  de  M.   Fruteau Jean-Claude ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Réunion ) QE
Ministère interrogé :  Justice
Ministère attributaire :  Justice
Question publiée au JO le :  22/07/2008  page :  6312
Réponse publiée au JO le :  28/10/2008  page :  9344
Rubrique :  système pénitentiaire
Tête d'analyse :  personnels d'insertion et de probation
Analyse :  carrière
Texte de la QUESTION : M. Jean-Claude Fruteau attire l'attention de Mme la garde des sceaux, ministre de la justice, sur la situation statutaire des personnels des services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP). Les personnels des SPIP jouent un rôle majeur dans notre système judiciaire et tout particulièrement dans le suivi et le contrôle des détenus au sein des établissements pénitentiaires, ainsi que dans le suivi de leur réinsertion dans la société, à l'issue de la fin de leur peine. Au fil du temps et de l'évolution législative qui leur a confié des missions supplémentaires dépassant la fiche de poste initiale, les personnels des SPIP sont devenus des acteurs incontournables de notre système en matière de prévention et de récidive. Or force est de constater que le projet de loi de réforme statutaire - la dernière les concernant date de 1977 - n'apporte aucune amélioration statutaire alors que le projet de loi pénitentiaire renforce leurs rôles ainsi que leurs missions, dans le processus d'exécution des peines notamment. La faible attractivité de leur métier conduit bon nombre d'entre eux à quitter leurs fonctions, pour se diriger vers d'autres emplois de la fonction publique leur offrant les bénéfices du statut de catégorie A. Aussi, il lui demande de bien vouloir examiner et prendre en considération les souhaits et les attentes de ces personnels, afin de leur permettre, entre autres, l'accès à la catégorie A de la fonction publique. Les fortes réticences au changement face au projet de loi relatif à la réforme de leur statut invitent à mieux prendre en considération leur demande, afin que cette réforme puisse réellement permettre la revalorisation de leur fonction.
Texte de la REPONSE : La garde des sceaux, ministre de la justice, fait connaître à l'honorable parlementaire l'attention qu'elle porte à la situation et aux revendications des personnels d'insertion et de probation de la direction de l'administration pénitentiaire. En effet, une partie de ces personnels a exprimé son mécontentement depuis le début du mois de mai au sujet d'un projet d'évolution statutaire dans le cadre de la réforme de la fonction publique initiée par le Gouvernement le 1er octobre 2007. La direction de l'administration pénitentiaire, consciente de l'évolution des missions confiées à la filière d'insertion et de probation au cours des dix dernières années, a procédé à d'importants recrutements qui se sont traduits par un doublement des effectifs de la filière, compte tenu des personnels administratifs qui participent également activement aux missions dévolues dans les SPIP. C'est ainsi que 1 771 agents étaient comptabilisés en 1998 pour 3 491 au 1er janvier 2008. Les années 2006 et 2007 ont vu l'arrivée dans les services de près de 500 nouveaux agents. Les grandes orientations de ce projet de réforme présentées et discutées au cours de cinq réunions avec les organisations professionnelles portaient sur les avancées suivantes : le recours aux statuts-types de la fonction publique afin de favoriser les mobilités inter filières ; la restructuration globale de la filière et simplification autour d'une articulation en deux corps et un statut d'emploi ; la suppression des zones de chevauchement de compétences ; l'accès au grade supérieur par une meilleure reconnaissance des acquis professionnels ; la construction de la filière dans une logique de progression des parcours professionnels ; le régime indemnitaire harmonisé et modernisé en application de la réforme de l'État. Ces orientations ont été rejetées par les représentants des personnels. Dans ce contexte, la garde des sceaux a demandé à Mme Charlotte Trabut, inspecteur des services judiciaires, de conduire une mission d'expertise et de propositions. À la lumière des entretiens réalisés dans le cadre de cette mission, il a été décidé qu'il n'y aurait pas de modulation de la nouvelle prime prévue pour les conseillers d'insertion et de probation, que la durée de la formation de ces personnels ferait l'objet d'un nouvel examen et que la fonction d'encadrement, quel que soit son niveau opérationnel, serait de la seule responsabilité du futur corps d'encadrement. De plus, de la même manière que le directeur de l'administration pénitentiaire a pris l'engagement de ne pas moduler l'indemnité forfaitaire d'insertion et de probation sans accord des organisation syndicales, il n'y aura pas de modulation de la future indemnité de fonctions et d'objectifs. Mme Trabut conduit sa mission en collaboration avec les autorités judiciaires et dans le cadre d'un dialogue étroit avec les organisations syndicales. Par ailleurs, les conseillers d'insertion et de probation s'interrogeant sur l'évolution de leur métier à la faveur notamment des lois pénales votées ces dernières années et d'une demande accrue de prévention de la récidive, la garde des sceaux, ministre de la justice a demandé qu'un audit soit réalisé en identifiant les principaux enjeux d'évolution. Cette mission a été confiée à Mme Isabelle GORCE, magistrat, conseiller référendaire à la Cour de Cassation. Il faut ajouter qu'à la suite des discussions conduites par la direction de l'administration pénitentiaire avec les partenaires syndicaux le 17 et 24 juin 2008, un protocole de travail a été signé avec les trois organisations syndicales représentatives, (SNEPAP, CFDT, CGT) portant sur cinq thèmes : améliorer concrètement le fonctionnement des services ; conduire une réflexion sur les perspectives métier avec les conséquences statutaires et indemnitaires ; adapter la formation professionnelle ; repenser l'organisation et le management des services ; accompagner la mise en oeuvre de la loi pénitentiaire. Une politique de communication sera mise en oeuvre pour garantir une bonne compréhension de ces différents axes de travail et de la méthode choisie par l'administration. C'est donc un chantier de grande ampleur qui s'ouvre dès à présent et qui devrait s'étaler sur plusieurs mois.
S.R.C. 13 REP_PUB Réunion O