DEBAT :
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POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA FRANCE M.
le président. La parole est à M. Jean-Paul Lecoq, pour le groupe de la
Gauche démocrate et républicaine. M. Jean-Paul Lecoq.
Monsieur le ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes,
votre réponse d'hier a tout lieu de nous inquiéter. Vous avez en effet affirmé
que votre rôle sera " tout simplement de mettre en oeuvre les orientations
définies par le Président de la République ". Pourtant, l'échec de la
politique étrangère menée depuis l'Élysée est cuisant. Elle nous a fait perdre
toute crédibilité et a humilié notre pays sur la scène internationale.
(Protestations sur les bancs du groupe UMP.) La France est tout
simplement passée à côté du printemps des peuples arabes. (Exclamations sur
les bancs du groupe UMP.) Nicolas Sarkozy a atteint le paroxysme de
l'irrespect des peuples en nommant des ambassadeurs mal dégrossis ou des affidés
à des postes diplomatiques clefs, sans aucune prise en compte de la compétence
et au mépris des usages diplomatiques. M. Alain Gest. Ce que
vous dites est lamentable ! M. Jean-Paul Lecoq. Le Président
de la République a réduit les relations diplomatiques de la France à des
relations commerciales, préférant faire du business avec des dictateurs plutôt
que de tisser des liens avec les peuples. (Protestations sur les bancs du
groupe UMP.) M. Richard Mallié. Vous préféreriez
commercer avec Cuba, sans doute ! M. Jean-Paul Lecoq. Est-ce
bel et bien cette politique que vous comptez poursuivre ? Vous entendez une
voix de la France forte, quand tout le monde s'accorde à dire qu'elle s'est
éteinte. Une voix forte devrait appeler à une réforme de la gouvernance
mondiale qui ne sert aujourd'hui que les intérêts d'un cercle fermé de grandes
puissances. L'organe décisionnel de l'ONU, le FMI ou encore la Banque mondiale
doivent d'urgence être démocratisés. Une voix forte devrait permettre aux
peuples de bénéficier des richesses de leurs pays en incluant dans les contrats
commerciaux, par exemple, une obligation de consacrer une partie des bénéfices
d'exploitation de ces richesses au développement des infrastructures de santé et
d'éducation. Une voix forte devrait pousser la communauté internationale à
apporter une aide immédiate et concrète pour enrayer la crise humanitaire à la
frontière entre la Tunisie et la Libye. Monsieur le ministre d'État, en ce
moment historique, avez-vous la volonté et les moyens de sortir notre pays de sa
torpeur et de redonner à la France une voix audible, respectable et respectée ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques bancs du groupe
SRC.) M. le président. La parole est à M. Alain Juppé,
ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes. M.
Alain Juppé, ministre d'État, ministre des affaires étrangères et
européennes. Monsieur le député, le début de votre question me plonge dans
une grande perplexité : vous semblez découvrir que les institutions de la Ve
République prévoient que c'est le Président qui définit les grandes orientations
de la politique internationale de la France. Or cela est vrai depuis 1958 !
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Le rôle du chef
de la diplomatie, sous l'autorité du Premier ministre,... M. Patrick
Lemasle. Que le Président ravale au rang de simple collaborateur
! M. Alain Juppé, ministre d'État. ...consiste à
mettre en oeuvre ces orientations, en en discutant bien entendu avec la
représentation nationale, en séance comme en commission. Pour le reste,
j'estime que mon travail ne revient pas à polémiquer sur des considérations tout
à fait inexactes, à mille lieues de ce qu'est la réalité de la diplomatie
française. (Applaudissements sur divers bancs du groupe UMP.) La voix
de la France dans le monde est aujourd'hui forte et entendue. (Vives
exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Eh oui, peut-être pas
par vous, mais elle est entendue ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du
groupe UMP.) Elle a été entendue pendant la crise où le Président de la
République a su montrer le cap et tenir la barre. (Rires et exclamations sur
les bancs des groupes SRC et GDR.) Elle est entendue aujourd'hui au G8 et au
G20. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.) Et s'il
existe aujourd'hui un G20 associant aux puissances économiques traditionnelles
les nouveaux pays émergents, nous le devons à une initiative du Président
Sarkozy ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et
NC.) M. Richard Mallié. Exactement ! M. Alain
Juppé, ministre d'État. La France est également entendue en
Europe et c'est sur la base d'une demande française que le Conseil européen du
11 mars va délibérer sur la situation de la Libye et, comme j'aurai peut-être
l'occasion de le rappeler, de relancer l'Union pour la Méditerranée, fondée sur
une vision sur laquelle nous ne devons pas céder et à laquelle nous devons
donner toute sa réalité. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et
GDR.) Cessons de polémiquer ! Je suis fier de conduire une diplomatie
française qui a tout son rôle à jouer dans le monde. (Vifs applaudissements
sur les bancs des groupes UMP et NC dont plusieurs députés se lèvent pour
applaudir.)
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