DEBAT :
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SUPPRESSION DE POSTES DANS L'ACADÉMIE DE LA RÉUNION M. le président. La parole est à Mme Huguette
Bello, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine. Mme
Huguette Bello. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, comme
votre projet néolibéral de démantèlement des services publics (Rires et
exclamations sur les bancs du groupe UMP.) s'applique aveuglément à tous les
secteurs, sans épargner les territoires les plus fragiles, je souhaite à mon
tour vous interroger sur la suppression des postes dans l'académie de La
Réunion. Malgré nos retards, que différentes évaluations ont mis en évidence,
et alors que la démographie scolaire est stable, 162 postes vont être supprimés,
qui s'ajoutent aux centaines de suppressions des années précédentes. En
parler, est-ce une idée fixe ? Est-ce une obsession ? Non ! C'est simplement
dire son angoisse devant une politique qui sacrifie sciemment l'avenir.
(Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Personne ne s'oppose à
la modernisation de l'école, à ce que vous appelez l'école du XXIe siècle.
Cependant cette école ne peut pas être celle qui fait appel au vocabulaire le
plus éculé et aux méthodes les plus dévastatrices du management des entreprises.
Cette école ne peut pas être celle qui récompense d'une enveloppe les recteurs
qui bricolent le meilleur plan social ! (Protestations sur les bancs du
groupe UMP. - Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.) Cette
école ne peut pas être celle qui oublie ses missions et la place qu'elle occupe
dans la vie de la société, dans l'espérance des familles, dans le coeur des
jeunes. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Les dernières
comparaisons internationales ne sont guère flatteuses qui classent la France à
la dernière place pour l'encadrement des élèves. Est-ce que cela ne vous paraît
pas contredire la propagande lancinante contre les prétendus moyens
surdimensionnés de l'éducation nationale ? Ne croyez-vous pas qu'il soit temps
d'arrêter la dégringolade ? (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Vous ne voulez pas entendre les élus. Écoutez au moins la parole de la
communauté éducative... M. le président.
Merci. Mme Huguette Bello. ...des parents, des jeunes. Ils
ne demandent qu'une chose au Gouvernement : qu'il cesse d'entraver leurs études.
(Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.) M. le
président. La parole est à M. Luc Chatel, ministre de l'éducation
nationale, de la jeunesse et de la vie associative. M. Henri
Emmanuelli. L'Oréal ! M. Luc Chatel, ministre de
l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative. L'académie
de La Réunion illustre très bien la politique éducative que nous mettons en
oeuvre, fondée sur le discernement, la différenciation et la capacité
d'adaptation à la réalité locale. Par exemple, le budget de l'académie de La
Réunion est de 1,4 milliard d'euros sur les 60,5 milliards du budget de
l'éducation nationale. En proportion, c'est nettement plus que ce que représente
le poids démographique de l'île de La Réunion. Madame la députée, dans votre
portrait catastrophiste, vous avez oublié deux choses. Vous avez d'abord oublié
de rappeler qu'à la rentrée dernière, nous avons créé 90 postes dans l'éducation
nationale. Ensuite vous avez oublié de dire que 550 élèves ne seront plus dans
les écoles de l'île de La Réunion à la prochaine rentrée scolaire. Malgré cela,
compte tenu des difficultés de l'île de La Réunion, nous n'allons fermer aucune
classe, aucun collège, aucun lycée. (" Très bien ! " sur les bancs du groupe
UMP.) Notre volonté est donc de prioriser les moyens. Nous allons même
faire plus, madame la députée. Parce qu'il y a des problèmes de lecture ou
d'illettrisme à La Réunion, nous avons décidé de généraliser l'accompagnement
éducatif dans toutes les écoles de l'île, c'est-à-dire l'accueil de tous les
élèves après seize heures pour du soutien scolaire, et des activités sportives
et culturelles. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)
M. Patrick Lemasle. Avec quel personnel ? M.
Luc Chatel, ministre. À la rentrée prochaine, il y aura une
plateforme de lutte contre le décrochage scolaire. Nous suivrons
individuellement tous les jeunes décrochés pour éviter qu'ils ne quittent le
système éducatif. Enfin, nous accueillerons davantage d'enfants handicapés à
l'île de La Réunion en créant six classes supplémentaires dans le second
degré. Vous le voyez, madame Bello, il existe deux façons de voir les choses
: il y a la polémique, et il y a les faits. Et comme le disait le camarade
Lénine : " Les faits sont têtus ". (Applaudissements sur de nombreux bancs du
groupe UMP et sur quelques bancs du groupe NC.)
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