DEBAT :
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CRÉATION DE L'ASSEMBLÉE DU SPORT M.
le président. La parole est à M. Éric Berdoati, pour le groupe de
l'Union pour un mouvement populaire. M. Éric Berdoati.
J'associe à ma question mes collègues Jacques Grosperrin et Jean Roatta, qui
siègent comme moi à la commission des affaires culturelles et de
l'éducation. Madame la ministre des sports, vous avez appelé à plusieurs
reprises, notamment devant notre commission, à l'émergence d'une nouvelle
gouvernance du sport. Nous souscrivons tous, je crois pouvoir le dire, à cet
objectif. Jusqu'ici, le sport était cogéré par l'État et le mouvement sportif ;
ce système a bien fonctionné, mais il n'apparaît plus adapté à la situation
actuelle. D'autres acteurs, pourtant essentiels, restent en effet relégués au
second rang. Je pense aux collectivités territoriales, de loin les premiers
financeurs du sport. M. François Rochebloine. C'est vrai
! M. Éric Berdoati. Je pense au monde de l'entreprise, à la
société civile, sur lesquels il est indispensable de s'appuyer pour développer
la pratique du sport dans notre pays. Les événements survenus lors de la
dernière coupe du monde de football nous ont conduits, parallèlement, à nous
interroger sur la pertinence de notre système de responsabilité. Il fallait
donc oser remettre tout à plat, inventer un nouveau mode de co-construction de
la politique du sport ; il fallait proposer aux collectivités locales un nouveau
partenariat et mieux se concerter avec le milieu économique et le milieu
associatif. C'est ce que vous avez fait ce matin, madame la ministre, en
installant la nouvelle Assemblée du sport. Si nous nous réjouissons de la
mise en place de cette nouvelle gouvernance à cinq - à laquelle vous avez tenu,
avec la présidente de notre commission Michèle Tabarot, à associer des
représentants du Parlement, de droite comme de gauche -, plusieurs questions
demeurent posées. Des états généraux du sport ont déjà été organisés.
Pouvez-vous nous assurer, madame la ministre, que la nouvelle démarche est
différente ? Et nous dire comment vous entendez inscrire ce nouveau mode de
concertation dans la durée ? De plus, se concerter ne suffit pas : comment
s'assurer que les décisions prises par l'Assemblée du sport seront bel et bien
mises en oeuvre ? L'Assemblée du sport a le mérite de couvrir l'ensemble des
problématiques du sport ; comment garantirez-vous qu'elle sera à la hauteur de
ces ambitions ? (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe
UMP.) M. le président. La parole est à Mme la ministre
des sports. Mme Chantal Jouanno, ministre des sports.
La question du sport est une très belle question. Plus de la moitié de la
population, qui pratique un sport au moins une fois par semaine, est
concernée. Il y a des demandes nouvelles, des sujets qui émergent, auxquels
nous répondons encore peu ou mal : je pense au sport familial ou aux sports de
nature. Il y a des enjeux éthiques, comme les risques de corruption liés aux
paris, ou la montée de la violence, verbale et physique. Les collectivités
territoriales occupent une place croissante. Elles sont désormais à l'origine de
plus de 30 % des investissements, mais elles n'ont pas de place autour de la
table de décision. Nous avons créé l'Assemblée du sport pour qu'elle soit un
lieu où tous les acteurs du sport se rassemblent pour prendre des décisions :
les collectivités et les entreprises y siègent aux côtés du mouvement sportif,
de l'État et d'une partie de la société civile. Le principe est bien de
définir, dans un premier temps, un plan d'action, avec six groupes de travail
dont deux sont d'ailleurs présidés par des députés, Mme Valérie Fourneyron et M.
Bernard Depierre. Dans un deuxième temps, à partir du mois de septembre,
cette assemblée doit devenir permanente, être inscrite dans le marbre. C'est ce
qui la différencie des états généraux du sport. L'enjeu est majeur. Les
groupes de travail se réuniront à partir d'aujourd'hui. Ils sont consacrés aux
questions du sport pour tous, du sport de haut niveau, des enjeux éthiques, de
l'emploi, de la formation et de l'économie du sport, de la
gouvernance. L'enjeu, soyons clairs, c'est surtout que cela dure, que cela
perdure, que cela survive à tous les gouvernements ; il faut cesser de
considérer que, dans le domaine du sport, les responsabilités ne sont pas
claires, ne sont pas partagées. C'est un enjeu qui nous dépasse et qui
dépasse tous les clivages politiques. (Applaudissements sur les bancs du
groupe UMP.)
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