DEBAT :
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ENQUÊTES SUR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE FOOTBALL M. le président. La parole est à M. Éric
Berdoati, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. M.
Éric Berdoati. Madame la ministre des sports, en publiant, il y a
quelques jours, des propos qui auraient été tenus fin 2010 lors d'une réunion
des plus hauts cadres techniques de la fédération française de football, dont le
sélectionneur Laurent Blanc, un site internet a jeté l'opprobre sur le football
français qui, il faut bien l'avouer, n'avait vraiment pas besoin de cela.
D'après ce site, il aurait été question d'introduire des quotas afin de limiter
le nombre de joueurs binationaux dans les équipes nationales. J'observe que ce
n'est malheureusement pas la première fois que ce site utilise de telles
méthodes, mais ce n'est pas, aujourd'hui, l'objet de ma question. Tous ceux
qui connaissent, qui pratiquent et qui aiment le sport le savent bien : la
sélection d'un joueur ou d'un athlète se fait uniquement et exclusivement sur
ses performances physiques, sur ses qualités techniques et sur sa capacité
mentale à gérer l'effort, à faire des performances. Voilà le quotidien d'un
sportif. La notion même de quota dans le sport est absurde. Le sport est
porteur de valeurs et doit servir d'exemple aux jeunes générations. Le sport est
universel, les discriminations n'y ont pas leur place. Il serait temps, à cet
égard, que les dirigeants de la Fédération française de football se reprennent.
Vous avez décidé, madame la ministre, de confier une enquête à l'inspection
générale de la jeunesse et des sports, parallèlement, à l'enquête interne menée
par la fédération française de football. Je tiens à saluer votre réactivité
et votre prudence, gages de sérénité et de lucidité, En effet, avant de proposer
des sanctions, il est préférable d'attendre les résultats de l'enquête
diligentée par l'inspection générale de la jeunesse et des sports et de
connaître réellement les faits ainsi que la réalité des propos tenus. Madame
la ministre, pouvez-vous informer la représentation nationale sur les
conclusions issues de l'enquête menée par l'inspection générale de la jeunesse
et des sports et nous dire quelles sont les conséquences que vous comptez en
tirer ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à Mme Chantal Jouanno,
ministre des sports. Mme Chantal Jouanno, ministre des
sports. Monsieur le député, vous l'avez rappelé, le 28 avril dernier, le
site Mediapart affirmait que les dirigeants du football " veulent moins
de noirs et d'arabes. " Ce sont des accusations graves car, je le rappelle, les
quotas fondés sur l'origine ou la couleur de peau sont un délit. Cela est
également contraire aux valeurs du sport, comme vous l'avez souligné. C'est
pourquoi le Gouvernement a souhaité avoir un maximum d'objectivité et de
transparence dans ce débat. La mission d'inspection du ministère, une mission
indépendante, a clairement conclu que cette solution des quotas n'a jamais été
validée ou appliquée, même officieusement. Ces conclusions sont confirmées par
la commission présidée par le député communiste M. Patrick Braouezec. Certes,
la DTN n'a pas été exemplaire dans la conduite de sa réunion, au cours de
laquelle ont été utilisés des propos qui donnent un sentiment de malaise,
proches de la discrimination. Toutefois la mission conclut qu'aucun élément
matériel ne permet de saisir la justice ; rien ne permet d'accuser en bloc les
dirigeants du football ; rien ne permet d'accuser Laurent Blanc de racisme, et
il appartient au seul conseil fédéral de décider de l'avenir du directeur
technique national. Cette affaire est grave : elle est grave par les
commentaires et les prises de position radicales qui ont porté atteinte au
symbole républicain de l'équipe de 1998 ; elle est grave car elle salit le monde
du football qui, au contraire, est un vecteur d'intégration ; elle est grave car
la délation ne peut pas être institutionnalisée dans une république ; elle est
grave, car comment est-il possible qu'un site internet en quête d'argent, donc
de scoop, puisse ainsi, par amalgame, jeter en pâture des hommes et un
idéal de cohésion ? Que nous soyons hommes politiques ou journalistes, nous
n'avons qu'un devoir : celui de l'intérêt général, et non pas celui de la
désinformation. Alors, au terme de cette affaire, ne jetons pas aux oubliettes
l'idéal du sport et rappelons-nous d'un principe extrêmement simple : les
équipes que nous aimons sont celles qui aiment la France et ses valeurs.
(Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
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