FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 3298  de  M.   Chassaigne André ( Gauche démocrate et républicaine - Puy-de-Dôme ) QG
Ministère interrogé :  Écologie, développement durable, transports et logement
Ministère attributaire :  Écologie, développement durable, transports et logement
Question publiée au JO le :  26/05/2011  page : 
Réponse publiée au JO le :  26/05/2011  page :  3448
Rubrique :  agriculture
Tête d'analyse :  calamités agricoles
Analyse :  sécheresse. actions de l'État
DEBAT :

CONSÉQUENCES DE LA SÉCHERESSE SUR LES EXPLOITATIONS AGRICOLES ET VITICOLES

M. le président. La parole est à M. André Chassaigne, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.
M. André Chassaigne. Ma question s'adressait initialement au ministre de l'agriculture, mais je vais la poser à la ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement.
Depuis plusieurs semaines, le ministre de l'agriculture a répondu à de nombreuses questions sur les difficultés supplémentaires que la sécheresse cause à nos éleveurs. Si cette situation rappelle combien la production agricole est soumise aux éléments naturels, elle est aussi révélatrice de l'exigence de faire évoluer notre agriculture. Votre gouvernement s'est engagé sur quelques actions de soutien pour assurer le service minimum. Qu'en sera-t-il vraiment ?
D'autres productions touchées par les aléas climatiques sont aujourd'hui oubliées. Ainsi, de violents orages de grêle ont provoqué d'importants dégâts dans les cultures fruitières dans le Sud-Ouest, et dans les vignes de l'Aude et du Bordelais. Il n'en est pas question, puisque ces catastrophes ont été exclues depuis le 1er janvier 2011 des indemnisations du fonds national de gestion des risques en agriculture. À l'assurance récolte de prendre le relais.
Le ministre de l'agriculture ne manque pas une occasion de vanter les mérites de cette assurance récolte. Pourtant, en livrant nos agriculteurs et viticulteurs à l'appétit des assureurs privés, ce système conduit à une terrible injustice puisque la grande majorité des exploitants n'a pas de revenus suffisants pour souscrire de tels contrats. Il se révèle ainsi totalement inefficace pour répondre aux conséquences des risques climatiques.
Au même titre que les éleveurs du Massif Central avec lesquels j'échange régulièrement, les viticulteurs, comme ceux de l'Aude que j'ai rencontrés récemment, demandent des mesures d'urgence. Que leur proposez-vous aujourd'hui ? Ferez-vous vraiment appel, comme cela a été affirmé, à la solidarité des banquiers et des assureurs, dont nous connaissons tous ici la grande générosité ?
Comptez-vous revoir en profondeur la gestion du risque en agriculture dans le sens de la justice sociale et de l'avenir de notre agriculture et de notre viticulture ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur de nombreux bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement.
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement. Mesdames et messieurs les députés, je vous prie d'abord d'excuser Bruno Le Maire, qui est actuellement en Chine pour la préparation du G20 agricole.
Monsieur Chassaigne, la sécheresse est une calamité économique et environnementale ; c'est aussi un drame humain. Lorsque j'ai réuni le comité sécheresse il y a dix jours, nous comptions vingt-huit départements frappés de restrictions. En ce moment, nous en sommes à quarante-six, et nous ne prévoyons malheureusement pas d'amélioration de la situation à court terme.
Dans le domaine agricole, de nombreuses mesures sont engagées telles que l'utilisation des jachères pour nourrir les bêtes, l'organisation de la solidarité entre les filières pour fournir de la paille et du fourrage, ou le versement anticipé de 80 % de la prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes, soit 440 millions d'euros qui doivent permettre à notre agriculture de respirer un peu.
Les risques climatiques que vous avez évoqués sont couverts par deux dispositifs : le fonds national des calamités agricoles, qui porte maintenant un autre nom ; et l'assurance agricole. Il est inexact, monsieur André Chassaigne, de dire que l'assurance agricole est un dispositif entièrement privé. L'assurance agricole est subventionnée à plus de 65 % par l'État pour un montant de 133 millions d'euros par an.
La solidarité nationale s'exprime donc à la fois par le fonds national des calamités agricoles et par l'assurance agricole, mais pas pour les mêmes productions. Certaines ont opté plus tôt pour l'assurance agricole, par exemple les grandes cultures ou la viticulture. Ce choix s'est fait en étroite concertation avec les organisations professionnelles agricoles. Bruno Le Maire a écrit aux banques et aux organismes assurantiels pour les rappeler à leur devoir de solidarité. Pour les autres cultures, telles que les vergers, le fonds national de calamité agricole fonctionne et va être mobilisé pour évaluer et indemniser les pertes.
L'urgence est aussi de préparer l'avenir. Je présenterai donc au mois de juin le plan national d'adaptation au changement climatique. Notre agriculture doit s'y préparer, et différents dispositifs sont prévus en ce sens. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)

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