DEBAT :
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POLITIQUE DE LA FRANCE EN AFRIQUE NOIRE M. le président. La parole est à M. Gilles
Cocquempot, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. Gilles Cocquempot. Monsieur le ministre d'État,
ministre des affaires étrangères, vous l'avez rappelé hier, la Côte d'Ivoire a
besoin de paix et de sécurité. Le problème est que vos propos sont en totale
contradiction avec l'attitude du Président de la République. En marge de la
cérémonie d'investiture d'Alassane Ouattara, Nicolas Sarkozy s'est en effet
entretenu, de manière extrêmement chaleureuse, avec le premier ministre
ivoirien, Guillaume Soro, et avec le président tchadien, Idriss Déby. Or Amnesty
International, dans un rapport publié ce matin, met directement le premier en
cause dans les massacres perpétrés contre des civils ivoiriens. M.
Pascal Deguilhem et M. Philippe Plisson. Eh oui
! M. Gilles Cocquempot. Ainsi, dans la ville de Douéké, ce
sont ses hommes qui, le 29 mars dernier, ont massacré 817 civils, hommes, femmes
et enfants selon des critères ethniques et religieux. M. François
Loncle. Incroyable ! M. Gilles Cocquempot. Quant au
second, M. Déby, récemment réélu à la présidence du Tchad avec 82 % des
suffrages, dans des conditions très contestables, un rapport d'enquête
international l'a formellement déclaré responsable de la disparition de son
principal opposant et du bombardement de sa propre population à N'Djamena, dans
lequel près d'un millier de civils ont perdu la vie. Pouvez-vous nous
expliquer en quoi le soutien de la France à des criminels de guerre est utile à
la paix, à la démocratie, à l'Afrique et aux Africains ? Je tiens par
ailleurs à vous alerter sur la situation de notre compatriote, Mme Tina Ngal,
qui, après avoir été victime d'une grave agression à Kinshasa, continue à être
spoliée par la RDC sans être aucunement soutenue par notre ambassade. Pourquoi
la France ne soutient-elle pas notre compatriote dans son combat pour obtenir
justice et réparation ? Monsieur le ministre d'État, combien de mois de
souffrances et d'injustice notre diplomatie compte-t-elle encore imposer à Mme
Tina Ngal en lui refusant un courrier d'intervention officiel ? Notre diplomatie
se doit de faire respecter l'image de la France et de défendre ses
ressortissants en difficulté avec d'autres États. Estimez-vous opportun de mener
une politique plus ferme de défense de nos compatriotes dont les droits sont
bafoués en RDC et partout dans le monde ? (Applaudissements sur plusieurs
bancs du groupe SRC.) M. Guy Teissier. Oui
! M. le président. La parole est à M. Alain Juppé, ministre
d'État, ministre des affaires étrangères et européennes. M. Alain
Juppé, ministre d'État, ministre des affaires étrangères et
européennes. Monsieur le député, la position de la France est tout à fait
claire : nous souhaitons que toute la vérité soit faite sur toutes les exactions
commises, d'où qu'elles viennent. M. Guy Teissier.
Absolument ! M. Alain Juppé, ministre d'État. Voilà
pourquoi nous nous sommes réjouis que le Conseil des droits de l'homme ait
décidé - sur notre suggestion - d'envoyer une commission d'enquête
internationale en Côte d'Ivoire afin d'établir la matérialité des faits évoqués
par Amnesty International. Par ailleurs, nous avons demandé au président
Ouattara, qui l'a fait à de nombreuses reprises, notamment samedi dernier à
Yamoussoukro, dans son discours d'investiture, de s'engager à n'assurer
l'impunité à personne (Murmures sur les bancs du groupe SRC) et à engager
les poursuites qui se révèleraient nécessaires contre les auteurs des crimes,
quels qu'ils soient. Notre position est donc parfaitement
cohérente. M. François Loncle. Et Soro ? M. Alain
Juppé, ministre d'État. Au demeurant, le chef de l'État ivoirien
a réitéré cet engagement dans la lettre qu'il a adressée au procureur de la Cour
pénale internationale. Quant à la situation de Mme Tina Ngal, monsieur le
député, vous avez bien voulu me faire parvenir à quinze heures quarante le texte
de votre question. Vous admettrez qu'après trois mois passés au Quai d'Orsay, je
n'aie pas une connaissance parfaitement exhaustive de la situation de tous ceux
de nos ressortissants qui ont des difficultés judiciaires avec leur pays
d'origine. M. Jean Glavany. Vous, si brillant et travailleur
? On ne comprend pas ! M. Jean-Pierre Brard. Et le Tchad
? M. Alain Juppé, ministre d'État. Je ne manquerai
pas de vous adresser une réponse circonstanciée à ce sujet. (Applaudissements
sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
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