FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 3403  de  M.   Muzeau Roland ( Gauche démocrate et républicaine - Hauts-de-Seine ) QG
Ministère interrogé :  Commerce extérieur
Ministère attributaire :  Commerce extérieur
Question publiée au JO le :  23/06/2011  page : 
Réponse publiée au JO le :  23/06/2011  page :  4440
Rubrique :  Union européenne
Tête d'analyse :  BCE
Analyse :  nomination. attitude de la France
DEBAT :

CANDIDATURE À LA PRÉSIDENCE DE LA BCE

M. le président. La parole est à M. Roland Muzeau, pour le groupe de la gauche démocrate et républicaine.
M. Roland Muzeau. Monsieur le secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, hier, se tenait une euromanifestation en soutien aux millions de personnes qui, sur notre continent, sont confrontées à des mesures d'austérité brutales mises en oeuvre par les gouvernements néolibéraux, la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, sous le diktat des marchés financiers et des agences de notation.
Malgré cela, cette nuit, le premier ministre grec, Georges Papandréou, a obtenu la confiance du Parlement pour l'adoption d'un scandaleux plan de rigueur et de privatisations, condition imposée par l'Union européenne !
Une fois encore, le peuple grec, sacrifié sur l'autel de la dette et des banques, devra payer le prix fort pour une dette qui ne lui appartient pas.
Cette injustice se répète aujourd'hui en Irlande, au Portugal et en Espagne, alors qu'hier encore vous encensiez leurs politiques économiques. Qui d'autre demain ? Las de ces mensonges, les peuples européens ne cessent de venir grossir les rangs des indignés.
Dès demain, lors du prochain sommet européen, le gouvernement français et ses complices s'apprêtent à prendre une décision scandaleuse en confirmant le nom du futur gouverneur de la Banque centrale européenne déjà validé par notre ministre des finances, à savoir M. Mario Draghi, qui a été vice-président et directeur général de Goldman Sachs International entre 2002 et 2005, alors que Goldman Sachs est la banque qui a conseillé la Grèce dans l'utilisation de produits dérivés pour masquer ses déficits budgétaires, ce que les Grecs payent aujourd'hui au prix fort ! Cette opération a été juteuse pour la banque puisqu'elle lui a rapporté pas moins de 300 millions de dollars. Ce contrat a été renégocié en 2004, pendant le mandat de votre candidat, M. Mario Draghi !
Comment le gouvernement français ose-t-il proposer que la BCE soit dirigée par un homme de la Goldman Sachs, à moins que cette décision ne s'inscrive dans un tout cohérent, c'est-à-dire dans une Europe au service des marchés financiers et tournant le dos à une Europe sociale et juste ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
M. le président. La parole est à M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur.
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur. Je remercie, tout d'abord, M. Roland Muzeau pour l'intérêt qu'il porte à la Banque centrale européenne et à l'euro, alors que lui-même et son parti ont systématiquement voté contre l'euro et la BCE.
Comme le Président de la République l'a indiqué à Berlin, lors de la conférence de presse qu'il a tenue avec Mme Merkel, la France soutient la candidature de M. Draghi pour assurer la succession de M. Trichet à la tête de la Banque centrale européenne.
M. Marc Dolez. Cela en dit long !
M. Roland Muzeau. C'est la prime aux voyous !
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État. La BCE a joué un rôle fondamental dans la gestion de la crise depuis un an et demi que notre monnaie est attaquée. En mai 2010, il y a tout juste un an, elle a fait preuve de beaucoup d'innovation et de courage, en acceptant le financement d'achats de titres de façon considérable pour aider et accompagner le mécanisme de soutien, que vous-mêmes avez voté. J'ai fait allusion, ici même, hier au plan de soutien à la Grèce, de 110 milliards d'euros, et au plan de soutien à l'euro, avec l'appoint du Fonds monétaire international.
M. Roland Muzeau. Nous ne l'avons pas voté !
M. Jean-Pierre Brard. Nous ne sommes pas fous !
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État. La désignation de M. Draghi pour la succession de Jean-Claude Trichet sera proposée demain aux chefs d'État et de gouvernement, sur proposition du Conseil Ecofin qui a proposé à l'unanimité sa nomination le 16 mai dernier. M. Draghi a été également auditionné en détail par le Parlement européen, y compris sur ses activités professionnelles, et approuvé par celui-ci.
M. Roland Muzeau. Il n'a pas répondu aux questions !
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État. La candidature de M. Draghi réunit donc aujourd'hui un vaste consensus.
M. Marc Dolez. Ce n'est pas le problème !
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État. J'ajoute qu'une règle non écrite veut que, parmi les six membres du directoire de la BCE, les six grands pays soient représentés. À partir du moment où M. Draghi sera désigné comme patron de la BCE, la France pourra donc prétendre avoir un directeur au sein de la BCE.

GDR 13 REP_PUB Ile-de-France O