DEBAT :
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CANDIDATURE À LA PRÉSIDENCE DE LA BCE M. le président. La parole est à M. Roland
Muzeau, pour le groupe de la gauche démocrate et républicaine. M.
Roland Muzeau. Monsieur le secrétaire d'État chargé du commerce
extérieur, hier, se tenait une euromanifestation en soutien aux millions de
personnes qui, sur notre continent, sont confrontées à des mesures d'austérité
brutales mises en oeuvre par les gouvernements néolibéraux, la Commission
européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international,
sous le diktat des marchés financiers et des agences de notation. Malgré
cela, cette nuit, le premier ministre grec, Georges Papandréou, a obtenu la
confiance du Parlement pour l'adoption d'un scandaleux plan de rigueur et de
privatisations, condition imposée par l'Union européenne ! Une fois encore,
le peuple grec, sacrifié sur l'autel de la dette et des banques, devra payer le
prix fort pour une dette qui ne lui appartient pas. Cette injustice se répète
aujourd'hui en Irlande, au Portugal et en Espagne, alors qu'hier encore vous
encensiez leurs politiques économiques. Qui d'autre demain ? Las de ces
mensonges, les peuples européens ne cessent de venir grossir les rangs des
indignés. Dès demain, lors du prochain sommet européen, le gouvernement
français et ses complices s'apprêtent à prendre une décision scandaleuse en
confirmant le nom du futur gouverneur de la Banque centrale européenne déjà
validé par notre ministre des finances, à savoir M. Mario Draghi, qui a été
vice-président et directeur général de Goldman Sachs International entre 2002 et
2005, alors que Goldman Sachs est la banque qui a conseillé la Grèce dans
l'utilisation de produits dérivés pour masquer ses déficits budgétaires, ce que
les Grecs payent aujourd'hui au prix fort ! Cette opération a été juteuse pour
la banque puisqu'elle lui a rapporté pas moins de 300 millions de dollars. Ce
contrat a été renégocié en 2004, pendant le mandat de votre candidat, M. Mario
Draghi ! Comment le gouvernement français ose-t-il proposer que la BCE soit
dirigée par un homme de la Goldman Sachs, à moins que cette décision ne
s'inscrive dans un tout cohérent, c'est-à-dire dans une Europe au service des
marchés financiers et tournant le dos à une Europe sociale et juste ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.) M. le
président. La parole est à M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État
chargé du commerce extérieur. M. Pierre Lellouche,
secrétaire d'État chargé du commerce extérieur. Je remercie, tout
d'abord, M. Roland Muzeau pour l'intérêt qu'il porte à la Banque centrale
européenne et à l'euro, alors que lui-même et son parti ont systématiquement
voté contre l'euro et la BCE. Comme le Président de la République l'a indiqué
à Berlin, lors de la conférence de presse qu'il a tenue avec Mme Merkel, la
France soutient la candidature de M. Draghi pour assurer la succession de M.
Trichet à la tête de la Banque centrale européenne. M. Marc
Dolez. Cela en dit long ! M. Roland Muzeau. C'est
la prime aux voyous ! M. Pierre Lellouche, secrétaire
d'État. La BCE a joué un rôle fondamental dans la gestion de la crise depuis
un an et demi que notre monnaie est attaquée. En mai 2010, il y a tout juste un
an, elle a fait preuve de beaucoup d'innovation et de courage, en acceptant le
financement d'achats de titres de façon considérable pour aider et accompagner
le mécanisme de soutien, que vous-mêmes avez voté. J'ai fait allusion, ici même,
hier au plan de soutien à la Grèce, de 110 milliards d'euros, et au plan de
soutien à l'euro, avec l'appoint du Fonds monétaire international. M.
Roland Muzeau. Nous ne l'avons pas voté ! M. Jean-Pierre
Brard. Nous ne sommes pas fous ! M. Pierre
Lellouche, secrétaire d'État. La désignation de M. Draghi pour
la succession de Jean-Claude Trichet sera proposée demain aux chefs d'État et de
gouvernement, sur proposition du Conseil Ecofin qui a proposé à l'unanimité sa
nomination le 16 mai dernier. M. Draghi a été également auditionné en détail par
le Parlement européen, y compris sur ses activités professionnelles, et approuvé
par celui-ci. M. Roland Muzeau. Il n'a pas répondu aux
questions ! M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État.
La candidature de M. Draghi réunit donc aujourd'hui un vaste
consensus. M. Marc Dolez. Ce n'est pas le problème
! M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État. J'ajoute
qu'une règle non écrite veut que, parmi les six membres du directoire de la BCE,
les six grands pays soient représentés. À partir du moment où M. Draghi sera
désigné comme patron de la BCE, la France pourra donc prétendre avoir un
directeur au sein de la BCE.
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