DEBAT :
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AVENIR DE LA SIDÉRURGIE EN LORRAINE M. le président. La parole est à M. Michel
Liebgott, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. Michel Liebgott. Monsieur le Premier ministre,
lorsque le groupe ArcelorMittal annonça, en 2008, la possible fermeture de
l'aciérie de Gandrange, le Président de la République se précipita dans cette
commune pour y annoncer le sauvetage de l'entreprise. On sait ce qu'il en advint
: non seulement elle ferma, mais sa fermeture entraîna la suppression de
centaines d'emplois indirects. Monsieur le Premier ministre, un deuxième
Gandrange se prépare, mais, cette fois, vous avez la main. En effet, la
sidérurgie lorraine peut être sauvée à Hayange-Florange, non loin de Gandrange,
si le Gouvernement décide d'y affecter 150 millions d'euros du grand emprunt et
Bruxelles les 250 millions nécessaires à la réalisation du projet de
stockage-captage de C02, qui permettrait de pérenniser les deux derniers hauts
fourneaux lorrains pour plusieurs décennies. Cette fois, la décision dépend
d'abord de vous, du Gouvernement. Or, depuis l'annonce de l'arrêt technique de
l'usine, on ne vous a pas entendu. Pourtant, ce projet représente un bond
technologique et environnemental qui peut sauver la sidérurgie continentale. Un
bond technologique, car c'est le haut fourneau du futur qui est en jeu.
Voulez-vous que celui-ci voie le jour en France ou, une fois de plus, ailleurs,
en Allemagne, par exemple, où la politique industrielle représente encore 25 %
de la valeur ajoutée quand elle plafonne à 14 % en France ? Avez-vous la volonté
politique de défendre notre industrie ? Ce n'est pas un hasard si le déficit
commercial de la France avoisine les 60 milliards d'euros alors que l'Allemagne
est excédentaire de 150 milliards. Le Président de la République est venu à
Gandrange nous parler de son mariage. Les milliers de salariés de la sidérurgie
n'attendent pas les dragées de la naissance ; ils veulent simplement que votre
gouvernement respecte sa signature, celle qu'il a apposée au bas de la
convention suite à la fermeture de Gandrange. N'oubliez pas qu'ArcelorMittal a
fait un bénéfice de 2,6 milliards de dollars au premier semestre. Ils peuvent
donc payer : c'est une question de morale ! (Applaudissements sur les bancs
du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.) M. le
président. La parole est à M. le ministre chargé de l'industrie, de
l'énergie et de l'économie numérique. M. Éric Besson,
ministre chargé de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique.
Monsieur le député, comme vous et votre collègue Anne Grommerch, qui me
sollicite beaucoup sur l'avenir du haut fourneau P6, nous sommes extrêmement
vigilants. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
M. Albert Facon. Ça nous fait une belle jambe
! M. Éric Besson, ministre. Je souhaiterais clarifier
trois points. Tout d'abord, il n'est pas prévu de fermeture du site de
Florange. Xavier Bertrand et moi-même avons reçu le directeur général d'Arcelor,
qui nous a confirmé que l'arrêt est provisoire et qu'aucune fermeture définitive
n'est envisagée. Seul le haut fourneau, vous le savez, est concerné, ce qui
signifie que le reste du site de Florange, qui compte tout de même 2 700
salariés, continue de tourner. Le groupe Arcelor - et c'était une question clé
pour Xavier Bertrand comme pour moi-même - continue de présenter un programme
précis et chiffré de maintenance, qui permettra le maintien de l'outil de
production dans de bonnes conditions et son redémarrage pour, nous l'espérons -
je dis bien : nous l'espérons -, le début de l'année prochaine. Ensuite, le
groupe Arcelor s'est engagé auprès de nous à ce que cet arrêt temporaire
n'entraîne aucun licenciement. Les salariés seront placés au chômage partiel,
lequel sera financé, sur le fondement d'une convention, par l'État et
l'UNEDIC. Enfin, ainsi que vous l'avez indiqué, une enveloppe de 150 millions
d'euros a été réservée dans le cadre des investissements d'avenir - voulus, je
le rappelle, par le Président de la République -, afin de financer un projet
innovant de captage-stockage du CO2 qui permettra de faire de Florange l'un des
sites les plus compétitifs d'Europe. Ainsi que vous l'avez évoqué implicitement,
ce projet en cours d'instruction doit encore être validé par la Commission
européenne. Je puis vous assurer que nous nous y employons avec beaucoup de
détermination.
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