DEBAT :
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RAPPORT CYRULNIK SUR LE SUICIDE DES ENFANTS M. le président. La parole est à Mme Edwige
Antier, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Mme
Edwige Antier. Ma question s'adresse à Madame Jeannette Bougrab,
secrétaire d'État, chargée de la jeunesse et de la vie associative. Près de
quarante enfants de moins de quatorze ans se sont donné volontairement la mort
en 2009 ! Je rappelle qu'est " un enfant", selon la Convention internationale
des droits de l'enfant, tout être humain de moins de dix-huit ans. Comment
accepter que des enfants, à l'aube d'une vie pleine de promesses, décident qu'il
vaut mieux disparaître ? C'est un drame à chaque fois insoutenable pour les
familles, et qui nous interpelle, nous, élus chargés de les protéger. Grâce
au rapport que vous avez demandé, madame la secrétaire d'État, à Boris Cyrulnik,
un observateur si fin du développement des enfants, ce scandale a saisi toute
notre collectivité, les familles brisées, mais aussi la communauté éducative et
les médecins. Ce chercheur a montré que la détresse des enfants commence très
tôt. Quand on se suicide à l'adolescence, c'est qu'on a été mal depuis la petite
enfance. Cette fragilité croît avec les systèmes de notation trop précoces, qui
sélectionnent les enfants trop vite dans notre pays. Nous ne pouvons plus
nier la gravité du constat : le suicide est la deuxième cause de mortalité chez
les jeunes. Grâce à vous, madame la secrétaire d'État, on sait aujourd'hui que,
lorsqu'un enfant dit " j'en ai marre ", il faut l'écouter. Vous avez eu le
courage de lever le voile sur ce problème. Quelles mesures compte prendre le
Gouvernement ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
UMP.) M. le président. La parole est à Mme Jeannette
Bougrab, secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de la vie
associative. Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État
chargée de la jeunesse et de la vie associative. Madame la députée, je vous
remercie de poser cette question qui relève de l'impensable, de
l'incompréhensible. Comment penser un seul instant qu'un enfant, qui a la vie
devant soi, puisse se donner la mort ? Ce sujet n'est que douleur pour les
familles qui ont perdu un être cher. Aussi, je tiens à saluer, madame la
députée, votre travail au quotidien pour soutenir les enfants. Le suicide, je
vous le rappelle, est la deuxième cause de mortalité des jeunes de moins de
vingt-cinq ans. Même si chacun s'accorde à reconnaître que les causes
psychologiques sont importantes, elles n'expliquent pas à elles seules ces
gestes dramatiques. Il y a quelques mois, j'ai confié à Boris Cyrulnik,
neuropsychiatre et grand humaniste, ce sujet difficile et délicat, qui participe
de cet homicide de soi pour des petits âgés de sept, huit ou neuf ans, qui se
donnent la mort. Comment expliquer les mécanismes qui conduisent ces enfants à
se donner la mort ? Il faut dégager des pistes pour prévenir de tels
drames. Le rapport de Boris Cyrulnik, intitulé " Quand un enfant se donne la
mort, attachement et sociétés ", repose sur une approche pluridisciplinaire. Ce
rapport a évidemment vocation à alimenter l'approche interministérielle menée en
partenariat avec le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la
vie associative, avec le ministre de la santé Xavier Bertrand et avec Nora
Berra, afin de prévenir l'irréparable. Alors que certains se réfèrent à des
discours sur la jeunesse de manière démagogique, vaporeuse et non concrète
(Exclamations sur les bancs du groupe SRC), le Gouvernement a décidé de
s'attaquer au mal-être de la jeunesse. Ce rapport brise un tabou, celui du
suicide des jeunes. S'agissant du suicide des enfants, on ne pourra plus dire
qu'on ne savait pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.
Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
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