| Texte de la QUESTION : | Mme Josette Pons appelle l'attention de Mme la ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales sur le plan de prévention des risques d'incendie de forêt (PPRIF) dans le département du Var. En effet, au début du mois de septembre 2007, une délégation du collectif contre les PPRIF a été reçue par le préfet du Var. Cette délégation, menée par son président, a abordé plusieurs points relatifs aux avis, au mieux très réservés et souvent négatifs, donnés aussi bien par les associations que par la population. Ainsi, si un consensus se dégage sur le débroussaillement qui doit être effectué et entretenu annuellement par les propriétaires fonciers, le choix des matériaux de construction qui doit se faire parmi ceux classés « résistants au feu » et l'achat de motopompes permettant d'utiliser l'eau des piscines (le cas échéant), nombreux sont encore les problèmes à résoudre. Ainsi, il a été demandé de baser un accord ou un refus de permis de construire sur les POS ou les PLU. Cela est d'autant plus important lorsqu'on a à l'esprit le cas de personnes ayant acheté des terrains constructibles et se trouvant face à des problèmes financiers lorsque ces derniers sont classés « zone rouge ». En matière d'agriculture, le classement en zone rouge peut aller jusqu'à organiser un effondrement de l'économie attenante en bloquant le développement des exploitations. Ainsi, il semble illogique que des zones classées rouges et par ailleurs cultivées ou entretenues ne voient pas leur classification évoluer du « rouge » vers le bleu. Enfin, il faut noter que, lorsque des surfaces importantes sont classées zones rouges, la pression foncière se renforce immédiatement sur les zones agricoles environnantes, introduisant ou aggravant le problème de gestion de l'espace et de protection du foncier. En fait, il semble que les décisions soient prises bien souvent unilatéralement, avec une concertation de principe : l'exemple des zones habitées est flagrant, lorsque l'on propose de les classer en bleu, avec des nuances de BO à B3, ce qui tend à introduire la notion de zone violette, qui est une zone rouge déguisée. Un zonage en bleu avec préconisation de réaliser des travaux dans les cinq ans, sous peine de passer en rouge, paraît logique. Cette proposition a été soumise à M. le préfet du Var, lors de la dernière audience, et il ne s'y est pas opposé. Elle lui rappelle, enfin, que le caractère dérogatoire proposé pour les secteurs urbanisés ne satisfait personne tant les inconnues sont nombreuses, notamment au sujet de l'appréciation de la qualité des travaux effectués pour sécuriser un site. Par ailleurs, en cas de litige avec l'État sur les réalisations effectuées par une commune, elle lui demande qui emportera la décision finale. | 
| Texte de la REPONSE : | PLAN DE PRÉVENTION M. le président. La parole est à Mme 
Josette Pons, pour exposer sa question, n° 37, relative au plan de prévention 
des risques d'incendie de forêt dans le Var.DES RISQUES D'INCENDIE DE FORÊT DANS LE 
VAR
 Mme Josette 
Pons. Monsieur le secrétaire d'État, porte-parole du Gouvernement, je 
souhaite faire un point sur les PPRIF, les plans de prévention des risques 
d'incendie de forêt, dans le Var, car, même si l'on peut se féliciter de 
notables avancées, d'importants problèmes restent à résoudre.
 En effet, dès 
la publication des premiers périmètres où sont imposées certaines contraintes, 
les habitants des communes concernées - au nombre de dix-sept, dans le 
département du Var - ont manifesté leur désaccord profond. Mais, aujourd'hui, 
l'heure est au dialogue et à la concertation, chacun convenant de la nécessité 
des PPRIF. Ainsi, le collectif anti-PPRIF qui s'est constitué a pu faire état 
d'un consensus sur le débroussaillement annuel revenant aux propriétaires 
fonciers et sur différentes mesures importantes de prévention ou de lutte contre 
les incendies.
 Mais ce collectif, tout comme les maires et les élus, a 
également abordé plusieurs points sur lesquels les avis demeurent très réservés, 
sinon franchement hostiles. Ainsi, la dérogation proposée par les services de 
l'État pour les secteurs urbanisés ne satisfait personne, tant les inconnues 
sont nombreuses, notamment en ce qui concerne l'appréciation des travaux de 
sécurisation d'un site. En effet, en cas de désaccord avec les services de 
l'État sur les travaux effectués par les particuliers et par les collectivités, 
qui emportera la décision finale ? Et, dans ce contexte, que deviennent les 
documents d'urbanisme - POS ou PLU - déjà approuvés ? À quoi servent-ils 
?
 Quant aux terrains constructibles mais non construits à ce jour qui se 
retrouvent classés en zone rouge, ils sont, de ce fait, complètement 
dévalorisés. On imagine les graves problèmes financiers qu'une telle situation 
engendre pour les propriétaires, dont certains se sont endettés à vie pour les 
acquérir.
 En matière d'agriculture, le classement de terres en zone rouge 
peut provoquer également des situations dramatiques allant jusqu'à bloquer le 
développement des exploitations. N'est-il pas incohérent que des zones cultivées 
ou réservées à l'élevage, et par conséquent entretenues, ne voient pas leur 
classification évoluer vers le bleu ? Tout le monde convient en effet que ce 
sont les meilleurs coupe-feu qui puissent exister.
 A contrario - je 
tiens à évoquer ces problèmes car je les connais bien, pour être l'élue d'une 
circonscription rurale qui fait l'objet de quatre PPRIF -, ne peut-on craindre 
que, lorsque des surfaces importantes sont classées en zone rouge, la pression 
foncière, si importante dans le département du Var, ne se renforce immédiatement 
dans les zones agricoles environnantes, aggravant ainsi le problème de la 
gestion et de la protection du foncier agricole ?
 Le dernier problème 
concerne le financement des équipements que ces plans préconisent de réaliser. 
Pas plus que les particuliers ou les agriculteurs, les communes et les 
collectivités ne sont épargnées par certaines mesures particulièrement 
onéreuses. Ainsi, il leur est demandé, pour mettre en sécurité des périmètres 
retenus, de procéder à d'importantes adductions d'eau, à l'installation de 
bornes à incendie ou à l'élargissement de routes et de chemins. Autant de 
réalisations auxquelles leur budget ne leur permet pas de faire face.
 Aussi, 
je me permets de vous demander quelles aides l'État envisage de leur allouer, 
sachant le nouveau contrat de projets pour 2007-2013, qui vient d'être adopté 
dans ma région, n'en prévoit aucune. Ne pourrait-t-on pas, pour cette période, 
avoir recours - mais comment ? - à la solidarité de l'Union européenne, à 
travers le FEDER et le FEADER, puisque le programme opérationnel de ma région 
n'est pas encore approuvé ?
 Je vous remercie d'avance de votre réponse. Elle 
est très attendue dans mon département, que vous connaissez bien.
 M. 
le président. La parole est à M. le secrétaire d'État, porte-parole du 
Gouvernement.
 M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État, 
porte-parole du Gouvernement. Madame la députée, je vous prie de bien de 
bien vouloir excuser l'absence de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de 
l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, retenue ce matin 
à Asnières, qui m'a chargé de vous transmettre sa réponse. C'est d'ailleurs pour 
moi un grand plaisir, puisque, grâce à vous, je connais mieux le département du 
Var. Votre question témoigne en effet du souci de faire remonter certaines 
réalités spécifiques, en soulignant précisément les éléments de blocage auxquels 
se heurtent, sur le terrain, les acteurs dont vous vous faites le 
relais.
 L'élaboration de plans de prévention des risques d'incendie de forêt 
s'inscrit dans une politique globale de prévention des risques. Cet outil vise à 
permettre une meilleure maîtrise de l'urbanisation dans les secteurs à risque. 
Il garantira la protection de la population et offrira aux services de secours 
la possibilité d'intervenir efficacement et dans de bonnes conditions. 
Toutefois, vous avez souligné avec justesse qu'il pose des difficultés dans 
certains territoires.
 Le plan de prévention des risques d'incendie de forêt 
est un document qui doit rester simple et souple, et doit pouvoir être révisé 
dans les mêmes conditions que celles dans lesquelles il a été élaboré. C'est une 
servitude d'utilité publique qui s'impose à tous : aux particuliers, aux 
entreprises, aux collectivités et à l'État.
 Quant aux modalités de mise en 
oeuvre de ce dispositif, que vous connaissez bien, et dont vous savez quelles 
difficultés il peut entraîner, je précise qu'il n'est pas possible, en l'état 
actuel des textes, d'établir les PPRIF sur le zonage des plans locaux 
d'urbanisme. En revanche, le Gouvernement partage votre avis sur le fait que le 
classement d'un secteur en zone rouge ne doit pas entraîner l'effondrement d'une 
exploitation agricole en entravant son développement d'une manière ou d'une 
autre. Je précise enfin que la législation a bien prévu que les éventuelles 
constructions de bâtiments nécessaires à une telle activité ne soient pas 
remises en cause, les effets du PPRIF ne portant que sur les bâtiments 
d'habitation.
 Le PPRIF est la seule procédure spécifique à la prise en compte 
des risques naturels d'incendies de forêt dans l'aménagement du territoire. Les 
préfets ont reçu le 3 juillet des consignes très strictes pour le mettre en 
place, en respectant les exigences d'un dialogue constant avec l'ensemble des 
parties prenantes.
 Votre question sera évidemment transmise au préfet du Var. 
Le Gouvernement lui demandera que les réalités de ce département, que vous avez 
soulignées, soient plus particulièrement prises en compte, si possible en 
trouvant des aides financières. Il espère répondre ainsi à votre question sur la 
nécessaire concertation préalable, dans laquelle vous serez sans doute un 
précieux intermédiaire.
 M. le président. La parole est à Mme 
Josette Pons.
 Mme Josette Pons. Monsieur le secrétaire 
d'État, je vous remercie de votre réponse, mais pardonnez-moi d'insister. Le 
préfet du Var connaît le problème. Il a d'ailleurs déclaré qu'il mobiliserait la 
DGE, afin que les collectivités puissent effectuer les importants travaux 
prévus. Mais ses moyens semblent très insuffisants. Or nous sommes dans une 
région à risque, où chacun reconnaît l'importance des PPRIF. J'ajoute que le 
problème de la sécheresse se pose en ce moment de manière particulièrement aiguë 
: hier soir, quand j'ai quitté ma circonscription, un feu de forêt s'était 
déclaré - en plein décembre !
 L'inquiétude que j'exprime reflète celle des 
élus et des particuliers des zones concernés. Je répète que les moyens 
financiers prévus actuellement sont gravement insuffisants.
 
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