FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 39183  de  M.   Rouquet René ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Val-de-Marne ) QE
Ministère interrogé :  Santé, jeunesse, sports et vie associative
Ministère attributaire :  Santé et sports
Question publiée au JO le :  30/12/2008  page :  11286
Réponse publiée au JO le :  27/01/2009  page :  852
Date de changement d'attribution :  12/01/2009
Rubrique :  sociétés
Tête d'analyse :  sociétés d'exercice libéral
Analyse :  professions de santé. ouverture du capital. conséquences
Texte de la QUESTION : M. René Rouquet attire l'attention de Mme la ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative sur les inquiétudes des pharmaciens biologistes concernant l'avenir du métier de biologiste médical en France. La situation devient urgente en effet pour tous les praticiens qui, à l'issue de près de 10 années d'études et de deux concours, espéraient pouvoir légitimement s'installer dans le secteur libéral, racheter un laboratoire ou bien s'associer. Soucieux pour la grande majorité, d'être proches des patients, de maîtriser le choix des techniques à utiliser, de participer au service public de santé et à la prévention et d'être utiles à la société en créant des emplois, tout semble aujourd'hui remis en question pour cette profession, à la lumière du rapport Ballereau chargé de proposer les axes de réforme de la biologie médicale. Ainsi, on assiste à un véritable attentisme de toute la profession, dû en partie à la hausse des prix des laboratoires, à vendre, interdisant aux plus jeunes professionnels de pouvoir s'installer dans un contexte économique incertain, et c'est à présent l'emploi qui va être menacé, avec au minimum 4 000 techniciens au chômage selon les prévisions les plus optimistes. Aussi, à un moment où des réponses concrètes sont désormais attendues de la puissance publique, pour rassurer une profession qui assure une mission de service public et qui s'inquiète de son avenir, il la remercie de bien vouloir lui préciser les grandes lignes de ce que pourrait être une réforme de la biologie où l'État reste maître dans l'organisation des soins en France et empêche notamment l'ouverture du capital des laboratoires afin de préserver l'efficacité des laboratoires d'analyses médicales français.
Texte de la REPONSE : Le diagnostic biologique d'une maladie est une étape déterminante de sa prise en charge. La biologie ne saurait être considérée comme un service de type commercial et la ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative a défendu avec vigueur son exclusion du champ de la directive « services » en cours de transposition dans le droit français. Le rôle médical de la biologie ne saurait donc être remis en cause et il importe de le renforcer pour lui donner sa pleine mesure. Le large chantier de réforme que la ministre a lancé associe, sous la coordination de Michel Ballereau, l'ensemble des acteurs impliqués dans cet exercice et en premier lieu les biologistes. Dans un rapport d'avril 2006, l'Inspection générale des affaires sanitaires et sociales (Igas) soulignait en effet que la loi du 11 juillet 1975 régissant les laboratoires d'analyse de biologie médicale (LABM) n'était plus, trente ans après son adoption, pleinement adaptée aux enjeux actuels de qualité, de compétitivité et de financement du secteur et préconisait d'engager une réforme globale du système actuel. L'évolution des besoins, des technologies, des connaissances médicales et des exigences de continuité des soins, qui nécessitent un décloisonnement tant entre professionnels de santé qu'entre ville et hôpital, ainsi que l'environnement européen : autant d'éléments qui imposent de repenser l'organisation de cette discipline, son rôle au sein du parcours de soins, les règles qui la régissent, les garanties qui doivent être apportées aux patients et l'efficience du financement. Chacun doit pouvoir avoir accès à une biologie médicale de qualité prouvée, payée à sa juste valeur. La qualité de l'offre de soins doit être garantie de la même façon en ville et à l'hôpital. Cette réforme s'inscrit donc pleinement dans l'esprit du projet de loi, Hôpital, patients, santé, territoires, en pleine concertation avec l'ensemble des partenaires sociaux, ainsi qu'avec les parlementaires. Un groupe de travail spécifique sur la biologie a d'ailleurs été constitué afin d'avancer ensemble et en cohérence sur ce chantier. Le Gouvernement associe étroitement depuis plusieurs mois l'ensemble des syndicats de biologistes, libéraux, hospitaliers et internes, aux travaux de cette mission et aux réflexions sur l'évolution du secteur. Ces travaux doivent bien sûr prendre en compte la réglementation européenne. La Commission européenne conteste, depuis 2005, sur la base de l'article 43 du Traité de Rome, notamment la limitation actuelle à 25 % du capital des sociétés d'exercice libéral de LABM pouvant être détenus par des non-biologistes. Elle considère que cette limitation constitue une entrave à la liberté d'établissement, non proportionnée à l'intérêt général. Sans mouvement de réforme sur ce sujet, la Commission s'apprêtait à saisir la Cour de Justice des Communautés européennes, afin de constituer une jurisprudence sur ce principe. La réforme doit donc intégrer ce paramètre et en tenir compte pour construire la biologie de demain. Il n'est cependant pas question de remettre en cause les fondamentaux et notamment le caractère médical de la profession de biologiste, qui sera au contraire renforcé.
S.R.C. 13 REP_PUB Ile-de-France O