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13ème législature
Question N° : 3992 de M. Jean-Marc Ayrault ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Loire-Atlantique ) Question au Gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre Ministère attributaire > Premier ministre
Rubrique > politiques communautaires Tête d'analyse > politique économique Analyse > plan de relance. perspectives
Question publiée au JO le : 23/02/2012
Réponse publiée au JO le : 23/02/2012 page : 1397

Débat

POLITIQUE EUROPÉENNE

M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Ayrault, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Jean-Marc Ayrault. Monsieur le Premier ministre, je vous ai écouté attentivement. Vous qui soutenez le candidat du reniement permanent (Protestations sur les bancs des groupes UMP et NC.), comment pouvez-vous vous permettre cette leçon ? Qui est celui qui se présente aujourd'hui devant les Français sinon le candidat du reniement, celui qui avait promis l'amélioration du pouvoir d'achat et qui a fait voter hier à sa majorité une augmentation de la TVA qui pèse sur les classes populaires et les classes moyennes ? C'est le candidat que vous soutenez ! (Mêmes mouvements.)
Plusieurs députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Zéro !
M. Jean-Marc Ayrault. Monsieur le Premier ministre, nous avons écouté votre leçon mais nous ne pouvons pas l'accepter. Car il est facile de donner des leçons de courage et de cohérence ; mais vous avez oublié dans votre récit de rappeler qu'en 1992, vous, François Fillon, vous avez combattu avec âpreté la création de l'euro, ici même à l'Assemblée nationale. Et c'est vous qui parlez ensuite de cohérence et de courage ?
Qui a défendu l'euro sinon François Mitterrand, sinon Lionel Jospin qui a permis de qualifier la France pour l'entrée dans la zone euro ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Les socialistes ont toujours été au rendez-vous de l'Europe. (Vives protestations sur les bancs des groupes UMP et NC.)
Nous constatons aujourd'hui que l'Europe est dans l'impasse et nous n'acceptons pas cette résignation. Aujourd'hui, le courage est de constater que ce sont les marchés qui décident : ils vous ont imposé la crise, ils vous imposent maintenant l'austérité. Le courage, monsieur le Premier ministre, ...
M. Michel Herbillon. Vous vous êtes abstenus hier !
M. Jean-Marc Ayrault. ...c'est d'arrêter de fléchir le genou devant cette logique. Cette résignation, puisque vous l'avez rappelé, c'est le contraire de la grandeur de la France !
Le 1er mars prochain - et c'est le sens de notre vote d'hier - le Président de la République, Nicolas Sarkozy, va signer un traité. Mais après la signature, il y aura la ratification. Nous voulons une renégociation en faveur de la croissance et de l'emploi. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) François Hollande, candidat à la Présidence de la République, demande aux Français un mandat pour renégocier ce traité, pour la croissance, pour l'emploi, pour l'avenir de la France et de l'Europe. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Exclamations sur les bancs des groupes UMP et NC.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur Ayrault, en matière de reniement, vous êtes un expert. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP et du groupe NC.)
À une époque, dans cet hémicycle, vous avez combattu les privatisations avec une violence extrême ; vous avez été les champions de la privatisation entre 1997 et 2002 !
Vous avez combattu avec la plus extrême violence le passage de 37,5 annuités à 40 en matière de cotisations de retraite ; maintenant, vous défendez 41,5 annuités comme si c'était le choix qui avait été le vôtre !
M. Henri Emmanuelli. Du calme, du calme.
M. François Fillon, Premier ministre. Vous nous parlez en permanence de taxation des revenus des plus riches ; aujourd'hui, la taxation des revenus des plus riches est de dix points plus élevée que lorsque vous étiez vous-mêmes au pouvoir !
M. Christian Eckert. Ce n'est pas vrai !
M. François Fillon, Premier ministre. Qui a baissé l'impôt sur le revenu en 2000 sinon le gouvernement socialiste ? Qui a allégé la fiscalité sur les stock-options sinon le gouvernement socialiste ?
Alors, franchement, en matière de reniement, on n'a vraiment pas à recevoir de leçon de votre part.
Quant à mon vote sur le traité de Maastricht, monsieur Ayrault, il montre qu'il y a une grande différence entre moi et vous : moi, j'ai voté contre et j'ai eu le courage de mes opinions ; vous, vous abstenez. Mais qu'est-ce que cela veut dire aujourd'hui de s'abstenir lorsque l'euro est menacé, lorsque la construction européenne est fragilisée ? Ou l'on soutient la construction européenne, ou l'on vote contre, mais on ne s'abstient pas. (Mmes et MM. les députés du groupe UMP et du groupe NC se lèvent et applaudissent longuement.)

 

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