Texte de la QUESTION :
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M. André Gerin attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les conséquences de sa décision de renouveler l'autorisation de mise sur le marché de l'insecticide cruiser en traitement des semences du maïs pour lutter contre le taupin. L'utilisation de ce produit décime des colonies d'abeilles et menace l'apiculture française. En 2008, dans certaines régions, comme Rhône-Alpes ou l'Alsace, les mortalités ont pu atteindre 30 % à 40 % du cheptel et parfois davantage. L'ensemble des enquêtes effectuées démontre un taux de perte toujours plus élevé en zone de grande culture ou de vergers que dans les zones de montagnes. L'autorisation renouvelée s'accompagne certes de préconisations. Celles-ci se révèlent inapplicables et incontrôlables. Les trois premières sont identiques à celles de l'année dernière : renforcement des conditions d'enrobage, usage sur une même parcelle uniquement une année sur trois et utilisation possible seulement sur certains maïs. En 2009, une quatrième préconisation s'y ajoute : les agriculteurs sont obligés de mettre en place des déflecteurs sur les semoirs afin de limiter les émissions de poussières lors des semis. Or il apparaît que plus de la moitié des semoirs utilisés en France ne peuvent être équipés de réflecteurs. Les abeilles sont donc encore gravement menacées cette année. En 2008, l'autorisation française se basait sur celle de nos voisins allemands selon le principe européen de "reconnaissance mutuelle''. Or, depuis, l'Allemagne a retiré son autorisation suite à des intoxications massives de ruches à cause de l'emploi du "poncho pro'', un insecticide de la même famille que le cruiser. En outre, le gouvernement allemand commence à mettre en doute l'efficacité de ces traitements : des 7 foyers d'infestation du maïs par la chrysomèle en 2007, la contamination est passée à 80 malgré les traitements. L'autorisation du cruiser a également été retirée en Italie en septembre 2008, ainsi qu'en Slovénie. Il lui demande que la France prenne les mêmes dispositions que nos partenaires allemands, italiens et slovènes, qui ont eu, en 2008, à déplorer, comme nous, des pertes importantes de cheptels d'abeilles pour des raisons identiques et qui ont décidé d'interdire l'insecticide incriminé. Il lui semble, en outre, paradoxal, de prétendre développer une agriculture durable et d'autoriser des insecticides neurosystémiques en traitement de semences, d'envisager la mise en oeuvre des préconisations du rapport Saddier pour une nouvelle organisation de la filière apicole et de permettre l'emploi de produit qui conduit à sa perte.
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Texte de la REPONSE :
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Le 14 novembre 2008, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a rendu un avis favorable au renouvellement de l'autorisation de la préparation insecticide Cruiser. Conscient toutefois des inquiétudes exprimées par certains apiculteurs face à ce produit, le ministre de l'agriculture et de la pêche a souhaité, avant de prendre une décision, rencontrer les différentes parties concernées : associations de protection de l'environnement, représentants de la profession apicole, organisations professionnelles agricoles, afin de recueillir leurs points de vue sur le dispositif de l'année écoulée. Dans le prolongement de ces rencontres et sur le fondement de l'avis rendu par l'AFSSA, il a décidé le 17 décembre 2008 de renouveler l'autorisation pour 2009 de la préparation CRUISER. Cette autorisation est assortie de conditions restrictives et d'un renforcement du suivi de son utilisation. Les conditions d'enrobage et d'utilisation sont strictement encadrées. Un arrêté ministériel précise les contrôles à opérer vis-à-vis du processus d'enrobage des semences (dit « plan poussière »). L'utilisation des semences enrobées avec cette préparation n'est possible sur une même parcelle uniquement qu'une année sur trois. L'autorisation est limitée aux semences de maïs ensilage, grain et porte-graine femelle. Les agriculteurs sont tenus de mettre en place de déflecteurs sur les semoirs afin de limiter les émissions de poussières lors des semis. Les semis des semences enrobées de Cruiser doivent être effectués au plus tard le 15 mai 2009. En tenant compte de l'expérience de 2008, le protocole de suivi de l'autorisation est également renforcé. Le plan de surveillance est étendu à six régions au lieu de trois en 2008. Les ruchers faisant l'objet d'un suivi dans le cadre de ce plan seront installés plus précocement et leur nombre sera augmenté. Le nombre des mesures des poussières émises par extraction d'air suivant le procédé ORAMIP sera également augmenté et la traçabilité des parcelles améliorée. Ce protocole de suivi est une innovation en termes de suivi des effets non intentionnels sur l'environnement d'un produit phytosanitaire. Il s'inscrit dans la logique du plan « Ecophyto 2018 » qui prévoit la détection et l'identification des éventuelles conséquences de l'utilisation des phytosanitaires sur l'environnement. Le pilotage du plan de surveillance est assuré par un comité associant toutes les associations qui le souhaitent dans le cadre d'un suivi régulier et transparent. L'autorisation sera immédiatement suspendue si les éléments de suivi ou toute circonstance particulière venaient remettre en cause l'évaluation. Par ailleurs, il a été décidé de charger la brigade nationale d'enquête vétérinaire, conformément aux préconisations du rapport du député Martial Saddier, de collecter, harmoniser et centraliser toutes les observations permettant de déterminer les raisons de la mortalité de ruchers sur l'ensemble du territoire national ; de demander à l'Institut national de la recherche agronomique de faire le bilan de l'état des recherches sur les méthodes agronomiques alternatives et d'évaluer les pratiques des autres pays européens pour lutter contre le taupin. Les résultats de cette étude sont attendus d'ici à trois mois. Enfin à l'occasion du renouvellement de son comité d'experts spécialisé sur l'évaluation des produits phytosanitaires, les associations de protection de l'environnement et les représentants de la profession apicole, pourront proposer des candidatures d'experts apidologues à l'AFSSA. Les entreprises de phytopharmacie ont été invitées à intensifier leur recherche pour trouver des solutions de substitution afin de sortir de l'impasse technique dans laquelle se trouvent actuellement les agriculteurs qui doivent protéger leurs cultures contres les ravages liés aux insectes du sol dont le taupin. Cet ensemble de mesures, qui se complètent, s'inscrit dans le cadre d'une démarche rigoureuse d'évaluation et de précaution qui doit donner garanties et perspectives à la filière apicole.
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