FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 58253  de  Mme   Poletti Bérengère ( Union pour un Mouvement Populaire - Ardennes ) QE
Ministère interrogé :  Alimentation, agriculture et pêche
Ministère attributaire :  Alimentation, agriculture et pêche
Question publiée au JO le :  15/09/2009  page :  8667
Réponse publiée au JO le :  17/11/2009  page :  10829
Rubrique :  consommation
Tête d'analyse :  sécurité alimentaire
Analyse :  mycotoxines. lutte et prévention
Texte de la QUESTION : Mme Bérengère Poletti attire l'attention de M. le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche sur la problématique de la présence de la patuline dans les fruits et certaines céréales. Cette toxine est potentiellement produite par un grand nombre de moisissures. Elle suscite de l'intérêt de nos jours, en raison de son caractère contaminant naturel de certains fruits et notamment de la pomme et de ses produits dérivés. D'autres substrats naturels permettent la production de toxines au niveau des céréales (blé, riz), des pulpes de betterave ou de la paille. Une étude de la ration alimentaire totale (EAT) a été entreprise en 2000, afin de connaître le niveau de consommation et d'exposition de la population générale française et de la population végétarienne à la patuline à partir d'éléments « prêts à consommer ». La patuline a été analysée dans 20 échantillons de pâtisseries aux pommes, de pommes fraîches, de compotes, de jus de pomme et de cidres. Les résultats montent que plus de 80 % des produits analysés présentent des niveaux de contamination en patuline inférieurs à la limite de détection. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a pu souligner, dans une étude de mars 2009 sur l'évaluation des risques liés à la présence de mycotoxines dans les chaînes alimentaires humaine et animale, que les études entreprises concernant la toxicité chronique de la patuline sont peu nombreuses et relativement anciennes. À doses moyennes, elles ont montré que la patuline entraînait des désordres intestinaux et des perturbations de la fonction rénale. Néanmoins, l'AFSSA relève qu'une étude récente de toxicité aiguë, entreprise chez le rat exposé à la patuline durant 90 jours, rapporte des perturbations des hormones stéroïdes circulantes corrélées à des atteintes testiculaires et thyroïdiennes. Elle considère que cette information mériterait confirmation en raison du souci actuel des toxicologues à statuer sur le caractère perturbateur endocrinien de tout constituant ou contaminant alimentaire. Aussi, elle souhaiterait connaître sa position et les suites qu'il entend donner à ces recommandations.
Texte de la REPONSE : En décembre 2008, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a rendu public un rapport de synthèse sur l'ensemble de la problématique des mycotoxines dans les aliments. Dans ce contexte, le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche (MAAP) a été interrogé sur la problématique de la toxicité de la patuline en lien avec l'étude des perturbateurs endocriniens. La question des mycotoxines, toxines naturellement produites par des souches de champignons présents sur et dans les végétaux, reste extrêmement complexe du fait du nombre de genres et d'espèces, de biologies très différentes, impliquées. Le risque pour le consommateur reste de ce fait particulièrement délicat à cerner : il est non seulement fonction de la toxicité propre de la molécule, identifiée sur animal ou in vivo, mais aussi de sa prévalence dans le régime des consommateurs. Les connaissances chimiques et toxicologiques sur les molécules produites par ces champignons sont donc encore très parcellaires. Leur amélioration va de pair avec le développement de capacités d'analyse et la mise en oeuvre d'études toxicologiques sur l'animal et in vitro. À de rares exceptions près, qui nécessitent confirmation par les études toxicologiques, le pouvoir toxique de ces substances est extrapolé sur la base d'études in vivo chez l'animal et in vitro sans littérature décrivant d'influence chez l'homme. En l'état actuel des études, il a été possible de montrer que les aflatoxines sont génotoxiques. D'autres toxines ont des potentiels toxiques divers : l'OTA a une incidence sur le rein chez l'animal, la zéaralénone a une action perturbatrice sur les fonctions endocrines sexuelles chez l'animal, mais de tels effets ne sont pas avérés chez l'homme. La patuline a des effets digestifs négatifs et est suspectée, par une étude chez l'animal, d'effets sur les hormones de la thyroïde et des testicules, non corroborés chez l'homme. Dans ce contexte, l'AFSSA préconise aux pouvoirs publics d'appréhender davantage la possibilité d'action de la patuline comme perturbateur endocrinien. Le MAAP, par ses fonds dévolus aux recherches autour des questions alimentaires, incitera aux recherches de toxicologie animale sur ce point. Cette démarche s'intégrera dans une évaluation plus générale des priorités de recherche, particulièrement de toxicologie, pour l'ensemble des mycotoxines, prévue en 2010.
UMP 13 REP_PUB Champagne-Ardenne O