Texte de la QUESTION :
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M. Jean-Marc Roubaud attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur les conclusions du sommet mondial sur la sécurité alimentaire qui s'est tenu récemment à Rome au siège de la FAO destiné à donner une nouvelle impulsion à la lutte contre la faim et la malnutrition qui touche 1,2 milliard d'êtres humains à travers le monde. Aujourd'hui, plus de 17 000 enfants vont mourir de faim, un toutes les cinq secondes, six millions par an. D'après la FAO, pour venir à bout de ce problème, le monde devrait produire 70 % d'aliments en plus d'ici 2050. En 2008, les dirigeants du G20 se sont engagés à rassembler 20 milliards de dollars pour lutter contre la faim dans le monde. À l'heure actuelle, on attend toujours que ces promesses soient mises en application. Le manque d'implication de la communauté internationale a bien évidement des conséquences. Le programme alimentaire mondial (PAM) a vu son budget réduit de 3 milliards de dollars, faute de financement. Les questions alimentaires ne touchent pas uniquement les pays pauvres. Aux États-unis, un rapport gouvernemental a montré que près de 15 % des foyers américains, soit 17 millions d'entre eux, ont eu du mal à remplir leurs assiettes au cours de l'année 2008. Cela fait trois millions de plus qu'en 2007. En conséquence, il lui demande de lui faire connaître son sentiment à ce sujet.
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Texte de la REPONSE :
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La crise alimentaire de 2008 a révélé les conséquences d'un désintérêt pour l'agriculture, marqué par la baisse de l'aide au développement dans ce secteur, le recul des politiques agricoles et une confiance excessive dans les marchés mondiaux. Elle a rappelé au monde que la sécurité alimentaire est un impératif pour la stabilité politique, même si les conflits peuvent avoir bien d'autres causes. Cette crise n'était pas seulement une conséquence de l'insuffisance de l'offre sur les marchés agricoles mondiaux. Elle était également liée aux dérèglements de ces marchés. Parce qu'elle frappe d'abord les plus vulnérables, la récession mondiale aggrave le tableau de la pauvreté et de la faim dans le monde : un milliard de personnes, soit 15 % de la population mondiale, ne mange pas à sa faim actuellement. En appelant à un partenariat mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire, le 3 juin 2008, à Rome, le Président de la République a plaidé pour : plus de cohérence dans les décisions internationales ayant des impacts sur la sécurité alimentaire mondiale et, particulièrement, celle des pays en développement ; la mobilisation de toute l'expertise mondiale sur les défis que pose la nécessité de nourrir 9 milliards d'humains en 2050 et d'éradiquer la faim ; plus d'investissements dans l'agriculture, la sécurité alimentaire et la lutte contre la malnutrition des pays en développement. La mobilisation internationale, en réponse à la crise alimentaire de 2008 et à la crise financière de 2009, a été importante. La communauté internationale a été remarquablement réactive, à travers de nouveaux instruments, des mécanismes de décision rapide, la réallocation des crédits, l'instruction de nouveaux projets. Sous la présidence française de l'Union européenne, une facilité européenne additionnelle de réponse rapide à la crise, dotée de 1 milliard d'euros, a ainsi été adoptée et mise en oeuvre. Les engagements pris à L'Aquila en juillet 2009 pour 3 ans portaient sur plus de 20 milliards de dollars. La France y a pris toute sa part, puisqu'elle a prévu de consacrer plus de 1,5 milliard d'euros à la sécurité alimentaire sur trois ans. Ces engagements concernent notamment l'action de l'Agence française de développement (AFD), qui finance à hauteur de plus de 323 millions d'euros, en 2009, des projets dans le domaine de la sécurité alimentaire. Au niveau multilatéral, la France a augmenté sa contribution au FIDA (35 millions d'euros pour le triennium 2010-2012 contre 23 millions d'euros lors de la reconstitution précédente). Elle a soutenu la réforme de la FAO, organisation dont le mandat est essentiel et qui doit guider la mobilisation internationale. Elle a soutenu résolument la transformation du comité pour la sécurité alimentaire pour qu'il devienne la plate-forme de dialogue politique dont les acteurs mondiaux ont besoin. Enfin, notre pays apporte son appui aux travaux de l'équipe spéciale de haut niveau sur la sécurité alimentaire (HLTF) créée par M. Ban Ki Moon début 2008 et qui réunit 23 agences multilatérales. D'une manière générale, la part de l'aide consacrée à l'agriculture et à la sécurité alimentaire augmente et l'application des principes de Paris et d'Accra sur l'efficacité de l'aide dans le secteur agricole et alimentaire progresse. L'augmentation des enveloppes ne fera cependant pas tout. L'alignement de l'aide sur des politiques nationales négociées entre les acteurs locaux est essentiel. Dès lors que la crise alimentaire est une des dimensions de la crise économique mondiale, et que les solutions ne relèvent pas seulement de progrès sur l'offre agricole mais aussi sur la croissance, la création d'emplois et la distribution des revenus, l'action de la France pour résoudre la crise financière, dans le cadre du G 20, est également un élément de réponse aux défis de la sécurité alimentaire.
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