Texte de la REPONSE :
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La visite du Premier ministre turc à Athènes, les 14 et 15 mai 2010, était la deuxième visite officielle que le Premier ministre turc effectuait en Grèce. La première remontait à 2004. M. Erdogan et M. Papandreou l'ont qualifiée d'historique, l'objectif étant de relancer tous azimuts des relations bilatérales toujours très conflictuelles. Le déplacement de M. Erdogan, accompagné d'une dizaine de ministres et d'une centaine d'hommes d'affaires, s'est conclu par un certain nombre d'annonces importantes : la signature de 21 accords de coopération économique, culturelle, administrative. On relèvera tout particulièrement la conclusion d'un nouvel arrangement devant permettre effectivement la réadmission en Turquie des migrants illégaux ; l'intention de doubler le volume des échanges commerciaux pour les faire passer à 5 MdEUR annuels ; la création d'un Haut Conseil de coopération gréco-turc. Appelé à se réunir deux fois pas an au niveau ministériel et une fois par an au niveau des Premiers ministres, cette instance pilotera la relation bilatérale et le dialogue stratégique, y compris sur les grands contentieux. Ce sommet est la conséquence de la politique d'ouverture de M. Papandreou envers Ankara, menée dès le lendemain de son élection en octobre dernier. Mais il ne constitue qu'une première étape. Au-delà des déclarations d'intention, il est vrai que les litiges sur le fond demeurent entiers : problème de la délimitation des eaux territoriales, de l'espace aérien et du plateau continental, sort de la minorité grecque orthodoxe en Turquie, question chypriote notamment. Toutefois, l'objectif recherché a été atteint par les deux parties. M. Papandreou, qui fut l'artisan de la détente gréco-turque de 1999, aura réussi à relancer un dialogue bilatéral très essoufflé ces dernières années en lui donnant un cadre institutionnel ambitieux (un sommet gréco-turc par an), qui devra contribuer au règlement des différends. De leur côté, les autorités turques ont proposé, dans le contexte de la crise financière, une baisse réciproque des dépenses militaires (actuellement 2,5 % du PIB en Grèce ; 1,8 en Turquie) pour réduire la tension entre les deux pays. Pour leur part, les autorités françaises, dans le cadre de leurs nombreux entretiens bilatéraux avec les autorités grecques et turques, s'efforcent de rappeler l'importance d'un dialogue grécoturc constructif, afin de résoudre les principaux différends bilatéraux entre Athènes et Ankara. À ce titre, la création d'un Haut Conseil de coopération va certainement dans le bon sens. Sur la question chypriote, nous menons avec les Turcs un dialogue régulier et intense, tant dans le cadre des négociations Turquie-UE (la Commission européenne exige la reconnaissance par Ankara de la République de Chypre) qu'au sein du Conseil de sécurité des Nations unies qui encadre les négociations interchypriotes en vue d'un règlement global et durable.
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