Rubrique > entreprises
Tête d'analyse > réglementation
Analyse > mécénat d'entreprise. mise en oeuvre.
M. Bernard Brochand attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur les restrictions souhaitées par Bercy concernant les avantages fiscaux liés au mécénat. En encourageant particuliers et entreprises à s'engager à déduire de leurs impôts une partie de leurs dons, ces déductions n'avaient pas été conçues comme « un cadeau fait aux riches » mais bien comme un moyen utile et nécessaire d'agir en complément des pouvoirs publics dans de nombreux domaines. En conséquence, si la refonte du système fiscal voulue par le Président de la République s'inscrit désormais comme une priorité gouvernementale, la réforme proposée du mécénat ne constitue pas en soi à ses yeux un vecteur d'équité. Le mécénat, c'est d'abord de la philanthropie, une valeur d'engagement et de partage indispensable à notre société de plus en plus fragmentée s'inscrivant dans une forme de "citoyenneté". Le mécénat fait ainsi partie de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), nouvel engagement de ces entreprises citoyennes qui veulent marquer leur territoire de leur impact. Il constitue également une possibilité réelle d'agir pour les TPE-PME à faibles chiffres d'affaires. En ce sens, une baisse des réductions fiscales liées au mécénat entraînerait un double effet négatif : d'une part, une chute mécanique des dons - désastreuse pour les bénéficiaires - et, de l'autre, un véritable couperet pour le secteur culturel et les collectivités qui acquièrent aujourd'hui de grandes marges de manœuvre pour mener de nouveaux projets grâce à ces dons. Cette aide, qui ne doit certes pas se substituer au soutien public, est donc une chance pour l'intérêt général et non une menace ! Sans elle, l'accès de tous à la culture n'aurait sans doute pas été rendu autant possible. Certes de nombreuses collectivités, bénéficiaires du mécénat, constatent aujourd'hui qu'il y a des abus et qu'il faut affiner les objets au profit desquels les fonds récoltés sont affectés mais pas qu'il faille anéantir un dispositif qui a fait ses preuves avec plus d'une centaine de millions d'euros récoltés par an pour les grands établissements ! Sans doute faudrait-il se mobiliser pour opérer des contrôles plus stricts ou encore instaurer l'obligation des rescrits sur chacun des objets des bénéficiaires tout en officialisant la charte Admical, basée sur l'engagement, le respect mutuel et une vision partagée du mécénat d'entreprise. Il voudrait donc lui demander comment elle compte pérenniser le rôle majeur des pouvoirs publics et des collectivités aux côtés des bénéficiaires et des mécènes, le Président de la République s'étant lui-même engagé à soutenir cette démarche. Dans un contexte de crise, l'État ne peut se priver de l'apport du mécénat des entreprises. En conserver la dynamique est une priorité et cela passe nécessairement par l'existence et la consolidation d'une volonté politique forte.