Rubrique > bois et forêts
Tête d'analyse > ONF
Analyse > fonctionnement. moyens.
M. Éric Alauzet alerte M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur les menaces qui pèsent sur la gestion forestière à l'échelle nationale, du fait de la mise en œuvre du contrat de plan État-ONF-URACOFOR pour 2012-2016, et les suppressions importantes de postes d'agents ONF de terrain qui lui sont liées. En effet, le service public forestier, via les agents de l'ONF, constitue la principale aide aux communes dans la gestion des superficies forestières françaises. Or, depuis quelques années, ce service public est fortement déstabilisé et les critiques se font plus insistantes sur un certain nombre de points : logique de non-remplacement des agents, suppression de postes de terrain à la faveur de postes de direction, nouvelle organisation du travail en « management par objectif » évaluant les agents en termes de performance et de quantité, priorité donnée à la vente de bois et à la recherche de rentabilité financière, organisation spécialisée du travail (agence travaux, agence étude, agence bois) au détriment de l'approche territoriale et systémique, et donc de la polyvalence qui caractérisait ces métiers. C'est bien l'inadéquation entre la diversité des missions aujourd'hui dévolues aux personnels de l'ONF et leurs effectifs, en constante diminution, qui est soulevée. Elle se traduit par un malaise indéniable du personnel, en dépit de l'audit réalisé par l'ONF dans le but d'améliorer les conditions de travail et le fonctionnement au sein de l'établissement. Pourtant, l'ONF est encore un des seuls services apportant un soutien de professionnels de terrain auprès d'élus n'ayant pas forcément toutes les connaissances pour pouvoir gérer de manière efficace les forêts françaises. Que se passera-t-il si les effectifs de ce service de proximité continuent de diminuer ? Cette évolution n'est pas souhaitable. Retirer un poste sur une unité revient à surcharger le travail des agents restants, raréfier leur présence sur le terrain, en ne leur permettant plus d'assurer leur fonction de manière satisfaisante, ni pour eux, ni pour les élus, ni finalement pour la garantie des différents usages, économiques, sociaux et environnementaux de la forêt. Cette évolution va à l'encontre des attentes toujours plus fortes, des citoyens et des pouvoirs publics, à l'égard du patrimoine forestier français. Aujourd'hui, à l'heure où le changement climatique est acté, la gestion de la forêt française doit faire l'objet d'une véritable refonte, de manière à prendre en compte à la fois sa qualité de ressource renouvelable - à la condition d'être gérée durablement -, mais également son rôle dans la préservation de la biodiversité et de lutte contre les changements climatiques. À la fois héritage et legs aux générations futures, la forêt doit être pensée dans la multifonctionnalité qui l'a toujours caractérisée, et ne peut se réduire à devenir un objet de rentabilité à court terme. Il lui demande s'il compte intervenir pour remédier à la situation délétère qui continuera à s'amplifier si aucune mesure n'est prise pour endiguer les suppressions de postes au sein de l'ONF.