Rubrique > sang et organes humains
Tête d'analyse > produits sanguins labiles
Analyse > collecte. suspension.
M. Éric Alauzet alerte Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les difficultés que rencontre le Laboratoire français de fractionnement et des biotechnologies (LFB) et des risques que pourrait représenter la perte de son activité de production des médicaments dérivés du sang (MDS) au regard de l'autonomie de la France en termes de production de ces médicaments. Rappelons que certains sont des exclusivités et garantissent la continuité des soins de malades atteints de maladies rares (exemple du « facteur 11 » Hemoleven médicament prescrit pour des déficits rares et prévention d'hémorragie). Trois raisons principales expliquent les difficultés actuelles du LFB : un retard du LFB en matière d'évolution de la voie d'administration des immunoglobulines polyvalentes. La voie sous-cutanée n'est pas disponible dans la production actuelle du LFB, ce qui lui a fait perdre des parts de marché au profit de la concurrence (perte de 60 % de cette activité). La voie intraveineuse semble avoir une moins bonne biodisponibilité et impose une surveillance en hospitalisation ; les coûts de production qui apparaissent plus élevés pour le LFB que pour ses concurrents du fait notamment d'un coût plus élevé, en France, du plasma matière première. Le LFB utilise le plasma prélevé par l'Établissement français du sang obtenu en partie par aphérèse. Ces coûts de revient élevés entament la compétitivité du LFB sur le marché français ; une interdiction d'exportation des MDS issus du plasma français qui impose au LFB de distribuer sa production sur le seul territoire national en limitant dramatiquement ses débouchés. Cette interdiction d'exportation est la conséquence de l'épidémie de nouveau variant de la maladie de Creutzfeld-Jacob (nvCJD) en France et la suspicion qui pèse sur la transmission de cette maladie par les MDS. Cette suspicion ne concerne que le plasma de Grande-Bretagne et de France, les MDS issus de plasmas d'autres pays sont autorisés à l'exportation. Cette réduction d'activité menace, à terme, la survie du LFB. Pourtant, il s'agit d'une activité de service public, qui assure l'autosuffisance nationale en matière de MDS. Cette dernière est à sauvegarder, et ce d'autant que l'État est directement impliqué dans cette production. Aussi, il est de la responsabilité de l'État de redresser cette situation et de garantir les conditions permettant la poursuite de l'activité de ce laboratoire. Cet engagement implique notamment une action visant à sortir la France de la « blacklist » qui la maintient dans l'impossibilité d'exporter ses produits, et la recherche active de débouchés sur le marché international alors que les données épidémiologiques actuelles doivent conduire à revoir le risque de transmission des prions. Bien entendu, le LFB devra en parallèle effectuer le saut technologique pour s'aligner sur ses concurrents et veiller à retrouver sa compétitivité. Il lui demande quelles actions elle envisage de mener pour sauvegarder la filière de traitement du plasma en France et redonner des perspectives au Laboratoire français de fractionnement et des biotechnologies, afin qu'il redevienne compétitif et soit assuré de disposer de possibilités de développement sur le marché international et auprès des hôpitaux français, tout en assurant l'autonomie de la France pour la production de ces médicaments indispensables aux malades.