14ème législature

Question N° 2485
de M. Denis Baupin (Écologiste - Paris )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Écologie, développement durable et énergie
Ministère attributaire > Écologie, développement durable et énergie

Rubrique > énergie et carburants

Tête d'analyse > énergie nucléaire

Analyse > perspectives.

Question publiée au JO le : 22/01/2015
Réponse publiée au JO le : 22/01/2015 page : 192

Texte de la question

Texte de la réponse

NUCLÉAIRE


M. le président. La parole est à M. Denis Baupin, pour le groupe écologiste.

M. Denis Baupin. Madame la ministre de l'écologie, vous avez déclaré la semaine passée que la France devrait programmer une nouvelle génération de réacteurs nucléaires.

M. Jacques Myard et M. Bernard Accoyer . Bravo !

M. Denis Baupin. Au moment où la filière nucléaire française accumule échecs industriels et faillites financières, je ne vous cache pas que cette déclaration nous a laissés pour le moins dubitatifs. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Certes, vous avez cassé un tabou en relevant que tous les vieux réacteurs ne seront pas prolongés, …

M. Julien Aubert. Votre mandat non plus !

M. Denis Baupin. …ce que le président de l'Autorité de sûreté a d'ailleurs confirmé hier.

Par ailleurs, en évoquant une génération nouvelle de réacteurs, vous tirez la conclusion logique du fiasco de l'EPR. Au vu de la multiplication par trois des budgets et des retards gigantesques accumulés, cet enterrement est une décision de bon sens.

Nos voisins britanniques s'interrogent, eux aussi, sur la pertinence du projet EPR d'Hinkley Point, tellement coûteux que l'électricité y serait 30 % à 50 % plus chère que l'éolien terrestre. Dans ces conditions, madame la ministre, puisque le nucléaire neuf n'est pas compétitif, ne serait-il pas temps d'ouvrir un grand débat sur la meilleure façon de remplacer le vieux nucléaire ?

En 2014, deux tiers des installations nouvelles de production d'énergie dans le monde étaient renouvelables et la part du nucléaire dans le mix électrique mondial ne cesse de chuter. Au moment où le monde entier se tourne vers l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, notre pays a-t-il éternellement vocation à s'isoler ? (« Oui ! » sur les bancs du groupe UMP.) Au moins la réponse est-elle claire de ce côté de l'hémicycle !

Nous n'avons pas le droit de nous tromper une nouvelle fois en nous entêtant à produire des minitels quand le monde passe à internet ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Avant toute décision, donnons la parole aux Français. Pour remplacer le vieux nucléaire, veulent-ils une technologie coûteuse, dangereuse et qui représente une impasse industrielle ? Ou préfèrent-ils les filières d'avenir qui permettront de relancer la compétitivité et de créer les emplois d'aujourd'hui et de demain ? Ce choix est crucial pour notre pays et pour notre industrie.

M. Bernard Accoyer. Scandaleux !

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie.

Mme Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie. Monsieur le député, le débat que vous demandez s'est tenu à l'occasion de l'examen de la loi de transition énergétique qui a permis de poser très clairement l'idée selon laquelle nous ne devions pas, en France, opposer les énergies les unes aux autres.

M. Guy Geoffroy et M. Bernard Accoyer . Très bien !

Mme Ségolène Royal, ministre. C'est ce que nous avons fait avec ce texte qui a été adopté à l'Assemblée nationale, auquel vous avez d'ailleurs contribué, et qui a mis en valeur deux points sur lesquels je voudrais insister. Nous devons, tout d'abord, rééquilibrer notre modèle énergétique. C'est ce que nous faisons puisque la loi prévoit de réduire la part du nucléaire dans la consommation finale d'électricité à 50 % à l'horizon 2025 contre 75 % aujourd'hui. Nous devrons dès lors faire un effort considérable pour que les énergies renouvelables montent en puissance. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

M. Frédéric Reiss. C'est de la folie !

M. le président. Calmez-vous, économisez votre énergie.

Mme Ségolène Royal, ministre. Nous devrons ensuite assurer la sécurité et l'indépendance énergétique de notre pays. C'est vrai, certains pays amis et voisins ont renoncé au nucléaire, comme l'Allemagne et l'Italie.

M. Bernard Accoyer. Pour des raisons politiques et ils polluent davantage !

Mme Ségolène Royal, ministre. Force est de constater cependant que l'un d'eux a rouvert des mines de charbon,…

M. Marc Dolez. C'est vrai !

Mme Ségolène Royal, ministre . …ce qui n'est sans doute pas le modèle énergétique que vous souhaitez. Ils achètent de surcroît en France de l'électricité d'origine nucléaire puisque nous vendons 15 % de notre production. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Voilà la réalité.

Nous devons anticiper dans tous ces domaines y compris en matière nucléaire puisqu'en 2025 l'âge moyen de nos réacteurs nucléaires sera de quarante ans et ils ne pourront être prolongés qu'avec l'accord de l'Autorité de sûreté nucléaire. C'est pourquoi nos entreprises EDF, AREVA et le CEA investissent dans l'innovation et la technologie des nouveaux réacteurs qui tiendront compte du retour d'expérience des troisième et quatrième générations. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP, applaudissements sur quelques bancs du groupe SRC.)

M. Pierre Lellouche. Encore des réacteurs, madame la ministre !