14ème législature

Question N° 36959
de M. François de Rugy (Écologiste - Loire-Atlantique )
Question écrite
Ministère interrogé > Redressement productif
Ministère attributaire > Économie, redressement productif et numérique

Rubrique > ministères et secrétariats d'État

Tête d'analyse > économie et finances : personnel

Analyse > La Poste et France Télécom. fonctionnaires conservant leur statut. carrière.

Question publiée au JO le : 10/09/2013 page : 9418
Réponse publiée au JO le : 01/07/2014 page : 5571
Date de changement d'attribution: 03/04/2014

Texte de la question

M. François de Rugy attire l'attention de M. le ministre du redressement productif sur la reconstitution de carrières des agents fonctionnaires à la Poste et France Télécom. Suite au reclassement indiciaire du 01 juillet 1992, les fonctionnaires reclassés de la Poste, ayant choisi de conserver le statut de fonctionnaire d'État, ont subi un blocage de carrière. Les arrêts du Conseil d'État des 7 mai 2008 et 11 décembre 2008 relèvent l'illégalité des refus de promotion interne à l'intérieur des corps de reclassement de la Poste. Les organisations syndicales constatent l'absence de leviers juridiques pour régler la question de la rétroactivité des mesures de reconstitution de carrière. Par ailleurs, la relance de la promotion interne des fonctionnaires reclassés de la Poste n'est pas appliquée. De fait, les agents n'ont pu bénéficier des réformes des catégories C et B de la fonction publique par les décrets n° 2006-1459 et 2009-1389. Le délibéré du TA de Rennes du 29 mars 2012 conclue à l'absence de législation permettant la condamnation de la Poste pour non-application de la réforme de la catégorie C. Aussi, il lui demande quelles sont les intentions du Gouvernement pour répondre aux fonctionnaires reclassés de la Poste sur la question de l'application des mesures de reconstitution et de relance de carrière.

Texte de la réponse

En dépit du statut de société anonyme de La Poste et de France Télécom, la loi du 2 juillet 1990 portant organisation du service public de la poste et à France Télécom a prévu que l'ensemble des fonctionnaires des entreprises continuent à y exercer leurs fonctions dans le cadre du statut général des fonctionnaires, qu'ils soient fonctionnaires dits reclassés ou fonctionnaires dits reclassifiés. La situation de l'ensemble des fonctionnaires de La Poste et de France Télécom (ceux dits de reclassement comme ceux dits de classification) est ainsi régulière et identique, tous relevant de la loi du 2 juillet 1990 et des titres 1 et 2 du statut général des fonctionnaires. En l'absence de recrutement externe dans les corps de reclassement et en raison de l'existence de quotas statutaires, les possibilités de promotions s'en sont trouvées très réduites au sein de ces corps (tout en étant réalisables vers les corps dits de classification) et cette situation a suscité des actions contentieuses de certains fonctionnaires reclassés, en dépit du fait qu'ils pouvaient poursuivre leur carrière dans les corps dits de classification sans aucune difficulté statutaire, ce que de nombreux « reclassés » ont d'ailleurs accepté. Le décret n° 2004-1300 du 26 novembre 2004 relatif aux dispositions statutaires applicables à certains corps de fonctionnaires de France Télécom a supprimé les obstacles statutaires qui ne permettaient plus la promotion interne dans les corps de reclassement de France Télécom, suite à l'arrêt du recrutement de fonctionnaires par l'opérateur, à compter du 1er janvier 2002, confirmé par la loi n° 2003-1365 du 31 décembre 2003 relative aux obligations de service public des télécommunications et à France Télécom. S'agissant de La Poste, suite à une décision du Conseil d'Etat du 11 décembre 2008, la promotion dans les corps de fonctionnaires dits « reclassés » de La Poste a été relancée par le décret n° 2009-1555 du 14 décembre 2009 relatif aux dispositions statutaires applicables à certains corps de fonctionnaires de La Poste : celui-ci permet de réaliser des promotions dans l'ensemble des corps dits de « reclassement » de l'opérateur. Les fonctionnaires dits reclassés ont donc pu opter pour une évolution de carrière soit au sein des corps de classification dès 1993, sans perte d'identité statutaire, soit pour une promotion au sein des corps de reclassement depuis 2004 à France Télécom et depuis 2009 à La Poste. Mais la décision du Conseil d'Etat du 11 décembre 2008 n'a pas enjoint au Gouvernement de procéder à la reconstitution de carrière des agents pouvant être concernés par le droit à une promotion. La Haute Cour a, de plus, explicitement précisé dans une décision du 18 novembre 2011 que l'exécution de sa décision du 11 décembre 2008 n'impliquait pas que les mesures réglementaires nouvelles soient dotées d'un effet rétroactif. La reconstitution de carrière collective prête à discussion car elle pourrait conduire à une promotion automatique. Les juridictions administratives s'attachent à déterminer, au cas par cas, si les requérants, qui remplissaient les conditions statutaires, avaient une preuve d'une chance sérieuse de promotion. Il faut rappeler que la reconstitution de carrière n'est intervenue dans le passé que pour réparer des préjudices de carrière imputables à des faits de guerre. En outre, une telle mesure risquerait de créer une inégalité de traitement avec les fonctionnaires qui ont accepté la classification mais n'ont pas davantage connu d'évolution de carrière, compte tenu des taux de promotion en vigueur à La Poste et à France Télécom, s'agissant de promotions au choix.