14ème législature

Question N° 3826
de M. Frédéric Reiss (Les Républicains - Bas-Rhin )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Ministère attributaire > Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Rubrique > enseignement secondaire

Tête d'analyse > collèges

Analyse > réforme. perspectives.

Question publiée au JO le : 06/04/2016
Réponse publiée au JO le : 06/04/2016 page : 2674

Texte de la question

Texte de la réponse

RÉFORME DU COLLÈGE


M. le président. La parole est à M. Frédéric Reiss, pour le groupe Les Républicains.

M. Frédéric Reiss. Madame la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, la réforme du collège ne passe pas ! Actuellement, les enseignants vivent une année particulièrement difficile et subissent bon gré mal gré, par vagues successives, des formations pour entrer dans une ère nouvelle : celle de la suppression des classes bilangues, celle de la mort annoncée du latin, celle du déclin de l'allemand, celle de l'avènement des enseignements pratiques interdisciplinaires – les EPI.

Les enseignants déplorent le caractère liberticide de l'éducation nationale et rejettent massivement cette réforme qui ampute les enseignements disciplinaires et dégrade leurs conditions de travail. Lors des EPI, des élèves, regroupés face à une situation non scolaire, devront faire des maths, de l'anglais ou du français édulcoré, sans règles d'orthographe ! En situation interdisciplinaire et « coachés » par un professeur, les élèves construiront eux-mêmes leur savoir. La belle affaire !

Ce n'est pas la bonne méthode, ni pour restaurer l'autorité des enseignants, ni pour donner confiance aux élèves en difficulté. Et quelle idée saugrenue de vouloir faire de l'aide personnalisée par classe entière ! Pour faire réussir chaque élève, on a besoin de lui donner un cadre sécurisant avec des horaires fixes et non des emplois du temps à géométrie variable. Dorénavant, de la cinquième à la troisième, les changements intempestifs qui devront, je cite, « adapter les moyens aux dispositions locales » déstabiliseront les familles de plus en plus tentées par l'enseignement privé.

Au Québec, le « renouveau pédagogique », une politique éducative qui ressemble à s'y méprendre à cette réforme, s'est achevé par un échec retentissant après dix ans. Les résultats sont en baisse et les inégalités en hausse. C'est malheureusement ce qui nous attend ! Quand comptez-vous arrêter cette réforme inique ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur Reiss, cela faisait longtemps… (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.) Tout le temps passé entre la dernière polémique au sujet de la réforme du collège et votre question d'aujourd'hui a permis aux équipes pédagogiques sur le terrain de travailler sereinement à la préparation de la rentrée prochaine. Si cela peut répondre à vos inquiétudes et vous rassurer, car je sens beaucoup d'inquiétude en vous (Mêmes mouvements), je vous dirai que les choses se passent bien dans les établissements scolaires. Cela intéressera les parents des collégiens actuels et futurs.

Dans les établissements scolaires, on prépare la rentrée 2016 avec 4 000 nouveaux postes d'enseignants, ce qui n'est pas rien. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.) Ces nouveaux postes vont permettre aux élèves de bénéficier d'un accompagnement personnalisé, notamment en sixième. Un élève de sixième qui arrive de l'école primaire et qui n'est pas préparé à la vie en collège aura désormais trois heures par semaine d'accompagnement personnalisé, où on l'aidera à surmonter ses difficultés, à avancer et à ne pas creuser son retard.

Les enseignements pratiques interdisciplinaires – ce nouveau type d'enseignement consistant à faire travailler les élèves non pas simplement dans l'écoute passive, mais aussi dans le travail collectif autour de projets qui développent notamment leur capacité orale –…

M. Jean Leonetti. N'importe quoi !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. …sont en train de se préparer grâce aux heures supplémentaires que nous avons données aux établissements. Les chefs d'établissement répartissent celles-ci entre les disciplines. Aucune n'est lésée, contrairement à ce que vous venez de répéter pour la cent cinquantième fois. (Vives protestations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. Christian Jacob. Pour qui vous prenez-vous ? Quelle arrogance !

M. Michel Herbillon. Elle est méprisante !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Ce n'est pas parce qu'on dit cent cinquante fois les choses qu'elles deviennent vraies. Monsieur Reiss, que vous répondre ? Qu'en effet, à partir de la rentrée prochaine, les collégiens apprendront plus tôt leur deuxième langue vivante (Vives protestations sur les bancs du groupe Les Républicains),…

M. le président. S'il vous plaît, chers collègues… Que chacun retrouve son calme !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. …car nous vivons dans un monde où acquérir et maîtriser deux langues vivantes très tôt est une compétence indispensable pour les enfants.

Monsieur Reiss, je vous le dirai aussi simplement que je le pense : cette réforme du collège qui a été pensée pour nos élèves se fait dans leur intérêt, et ce sera une réussite. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et du groupe écologiste. – Vives protestations sur les bancs du groupe Les Républicains.)