14ème législature

Question N° 48876
de M. Jean-Jacques Candelier (Gauche démocrate et républicaine - Nord )
Question écrite
Ministère interrogé > Affaires étrangères
Ministère attributaire > Affaires étrangères

Rubrique > politique extérieure

Tête d'analyse > Djibouti

Analyse > situation politique.

Question publiée au JO le : 04/02/2014 page : 932
Réponse publiée au JO le : 01/04/2014 page : 2944

Texte de la question

M. Jean-Jacques Candelier interroge M. le ministre des affaires étrangères sur le soutien de la démocratie en Afrique et sa prise en compte dans la conception et la mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune. Les diplomaties françaises et européennes ont une responsabilité dans le blocage de la situation djiboutienne. Après le 22 février, une vision militaire s'est imposée : dès début mars, le passage à Djibouti du secrétaire général adjoint du service européen pour l'action extérieure (SEAE) venait assurer de son soutien le régime djiboutien en soulignant des progrès secondaires dans les processus électoraux, pour mettre l'accent sur « le rôle clé que Djibouti joue dans la lutte contre la piraterie maritime sévissant au large des côtes somaliennes ». Sous la pression d'une politique française, elle-même sous influence de l'armée, la démocratisation de Djibouti est sacrifiée pour permettre la construction d'une politique européenne de défense qui se réalise concrètement en Afrique. Aujourd'hui, Djibouti sert de faire-valoir dans la communication européenne sur la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), particulièrement pour valoriser la mission de renforcement des capacités maritimes en Afrique de l'est et Océan indien, EUCAP Nestor. Il est impératif de s'engager pour le soutien de la démocratie en Afrique et sa prise en compte dans la conception et la mise en œuvre de la Politique de sécurité et de défense commune. Il lui demande si le Gouvernement français et l'Union européenne comptent soumettre la politique européenne à Djibouti aux objectifs de paix et sécurité à court terme, et à la construction de la politique de sécurité et de défense commune.

Texte de la réponse

La relation politique entre l'Union européenne et Djibouti passe en premier lieu par le dialogue politique à haut niveau instauré au titre de l'article 8 de l'accord de Cotonou. Ce dialogue politique entre les autorités djiboutiennes et les représentants de l'UE sur place, dont le délégué de l'Union européenne et l'ambassadeur de France, permet de faire passer des messages relatifs à la situation politique dans le pays, mais aussi à la démocratie, à l'Etat de droit et au respect des droits de l'Homme. Il permet de rappeler clairement les attentes de l'Union européenne en la matière, et constitue une occasion pour interroger les autorités djiboutiennes sur leurs politiques publiques. La dernière session de dialogue politique s'est tenue le 15 février, et a permis des échanges approfondis sur les questions liées à la situation politique dans le pays, notamment les négociations entre les autorités et l'opposition ou encore la liberté des médias. Outre ce canal direct de dialogue entre l'UE et les autorités djiboutiennes, la déclaration de la Haute représentante Catherine Ashton en date du 12 mars 2013, qui avait fait suite aux élections législatives du 22 février, démontre l'importance qu'accorde l'UE aux questions politiques, en particulier à la démocratie et aux droits de l'Homme, à Djibouti. La mission régionale de politique de sécurité et de défense commune de l'Union européenne de renforcement des capacités maritimes dans les Etats de la Corne de l'Afrique, EUCAP Nestor, ne s'inscrit pas dans ce cadre de suivi du processus politique en cours à Djibouti. Cette mission a pour but de permettre aux Etats de la région (Djibouti, Seychelles, Tanzanie, Kenya et Somalie à ce stade) de lutter efficacement et avec leurs propres moyens contre l'insécurité maritime qui sévit dans le golfe d'Aden. Le bien-fondé du rôle de cette mission et son utilité régionale font l'unanimité parmi les partenaires européens, ainsi qu'auprès des autorités djiboutiennes et des pays voisins. Cette coopération participe pleinement à l'objectif de l'UE d'aider les Africains à assurer durablement leur propre sécurité, et de leur permettre de répondre de manière opérationnelle aux crises. La France partage bien évidemment cet objectif.