Rubrique > outre-mer
Tête d'analyse > DOM-ROM : Martinique
Analyse > maisons d'arrêt. conditions de détention.
M. Jean-Philippe Nilor attire l'attention de Mme la garde des sceaux, ministre de la justice, sur la surpopulation carcérale, l'insécurité et l'insalubrité dans l'enceinte de la prison de Ducos en Martinique. En effet, la prison de Ducos, ouverte en 1996, comprend en son sein tous les régimes de détention excepté celui de maison centrale. Elle accueille, en mai 2013, 970 détenus pour 569 places initialement prévues, soit une densité carcérale de plus de 170 %. L'établissement est donc parmi les plus surpeuplés de France comme le signale l'Observatoire international des prisons et le corrobore lui-même le Contrôleur général des prisons. 130 matelas répartis dans plusieurs cellules de 9 m² jonchent le sol et il n'est pas rare de compter jusqu'à 4 détenus par cellule. La population écrouée se plaint régulièrement de la vétusté des installations et de vivre dans un environnement infesté de cafards, rats et autres nuisibles. Certains détenus frustrés en raison de l'indécence de leurs conditions de vie, du manque d'activités proposées et de la promiscuité dans l'établissement, s'adonnent à des agressions physiques et verbales à l'endroit de leurs codétenus et des gardiens de prison. Il s'agit d'une véritable poudrière. D'ailleurs, le rapport de la mission chargée d'évaluer les difficultés de prise en charge de la population pénale au centre pénitentiaire de Ducos rendu le 19 juin 2013, vient démontrer ce que les parlementaires martiniquais n'ont eu de cesse de signaler depuis 2010. Un article paru le 8 mai 2014 dans le journal Le Monde révèle que la justice britannique a refusé aux autorités françaises l'extradition d'un homme, frappé par un mandat d'arrêt européen et arrêté à Londres en juin 2013 car suspecté d'être impliqué dans un important trafic de drogue consistant en l'importation de 80 kilos de cocaïne en Guadeloupe. Ce refus intervient au motif que les conditions de détention dans les prisons en Martinique et en Guadeloupe sont inacceptables. L'avocat du suspect a d'ailleurs pu mettre en évidence des compensations financières tranchées par le tribunal administratif et obtenues par des détenus de Guadeloupe et Martinique au regard de leurs "conditions de détention inhumaines et dégradantes". Il lui demande quelles mesures concrètes elle s'engage à déployer, afin de garantir la sécurité des gardiens de prison et la détention des prisonniers dans des conditions plus dignes.