Rubrique > postes
Tête d'analyse > La Poste
Analyse > plateformes industrielles courrier. fermeture. conséquences. Créteil.
M. Laurent Cathala attire l'attention de M. le ministre de l'économie, du redressement productif et du numérique sur le projet de fermeture, annoncée le 11 juin 2014 par la direction du groupe La Poste, de la plateforme industrielle courrier (PIC) de Créteil. Ce centre de tri départemental traite l'essentiel du courrier entrant et sortant du Val-de-Marne et emploie actuellement 393 personnes qui, pour la plupart, résident à Créteil ou à proximité. Selon la direction du groupe La Poste, le traitement du courrier du Val-de-Marne serait confié à la plateforme industrielle courrier de Wissous, qui traite déjà le courrier de Paris et de l'Essonne. Cette situation est d'autant plus inacceptable que la ville de Créteil et ses habitants ont déjà payé un lourd tribut social du fait de la fermeture en 2011 de la plateforme de tri des colis de La Poste Créteil-Marais. Pas moins de 200 emplois avaient alors été supprimés. Si cette fermeture du centre de tri de Créteil, annoncée pour le 31 décembre 2015, devait se confirmer, pas moins de 600 emplois de postiers auront donc disparu en quelques années sur le territoire de la ville. S'agissant d'une entreprise dont le capital est intégralement détenu par des actionnaires publics - État et Caisse des dépôts et consignations - une telle situation est vécue comme un traumatisme pour les agents du centre de tri et suscite la plus grande incompréhension de la collectivité publique. La municipalité de Créteil considère en effet qu'une entreprise créée sur des investissements publics, et bénéficiant en 2014 de 270 millions d'euros d'exonération de l'impôt sur les sociétés au titre du crédit d'Impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), a un devoir d'exemplarité. Or la fermeture de la PIC de Créteil est un non-sens tant d'un point de vue social et économique que sur le plan de l'exécution des missions de service public qui incombent au groupe La Poste. D'un point de vue social, si la direction du groupe La Poste assure qu'aucun licenciement ne sera mis en oeuvre, des centaines d'agents ayant fait toute leur carrière au centre de tri de Créteil vont toutefois se retrouver en situation de reclassement sans aucune visibilité sur la localisation de leur lieu de travail. Des transferts et des créations de postes vers Wissous, Lognes et Bonneuil-sur-Marne sont certes évoqués sans qu'à ce jour les salariés du centre de tri de Créteil soient assurés de retrouver un emploi équivalent dans des conditions de travail satisfaisantes et à proximité de leur lieu de résidence. De la même manière, le caractère effectif de la création envisagée sur Créteil à l'horizon 2016 d'une plateforme de préparation du courrier pour les clients de la zone - création potentielle de 100 emplois - et d'une nouvelle agence Colis, où 100 emplois seraient également prévus, doit être regardé avec prudence. En l'état actuel d'avancement de ces deux projets, aucun lieu d'implantation n'a précisément été identifié par le groupe La Poste qui n'a par ailleurs engagé aucun investissement pour concrétiser ces deux nouveaux sites. D'un point de vue économique, la fermeture annoncée du centre de tri de Créteil semble répondre à une logique des plus insondables. En effet, cet équipement, réorganisé en 2011, est désormais équipé d'un matériel moderne et performant ayant généré des investissements conséquents. De plus, la chute de 8 % des flux de courrier sur le Val-de-Marne, argument principal développé par le groupe La Poste pour expliquer une telle fermeture, ne peut justifier une opération immobilière sur un terrain de près de 18 000 m², hérité du domaine patrimonial de l'État. Le conseil municipal de Créteil, dans le cadre d'une motion adoptée à l'unanimité le 30 juin 2014, a souhaité, en sus des éléments précédemment décrits, souligner que ce site a une vocation industrielle et que la réglementation actuelle du plan local d'urbanisme (PLU) n'autorise aucune spéculation immobilière sur la zone concernée. Enfin, il semble utile de rappeler que le contrat d'entreprise, relatif aux missions de service public confiées au groupe La Poste, signé le 1er juillet 2013 entre l'État et le groupe La Poste pour la période 2013-2017, prévoit explicitement un renforcement de la qualité des missions de service public confiées audit groupe. Le service universel postal et la contribution à l'aménagement du territoire figurent explicitement au titre des missions de service public devant faire l'objet d'un approfondissement. Il y a fort à craindre que la fermeture du centre de tri de Créteil soit en totale contradiction avec l'accomplissement de ces objectifs. Pour l'ensemble de ces raisons, il lui demande de bien vouloir lui indiquer quelles dispositions il compte prendre pour que le Gouvernement enjoigne la direction du groupe La Poste à renoncer au projet de fermeture de la plateforme industrielle courrier de Créteil dont les conséquences humaines, sociales, économiques et territoriales n'ont pas été prises en compte.