14ème législature

Question N° 63329
de M. Jacques Cresta (Socialiste, républicain et citoyen - Pyrénées-Orientales )
Question écrite
Ministère interrogé > Affaires sociales
Ministère attributaire > Affaires sociales, santé et droits des femmes

Rubrique > santé

Tête d'analyse > hépatite E

Analyse > dépistage.

Question publiée au JO le : 26/08/2014 page : 7088
Réponse publiée au JO le : 24/03/2015 page : 2184
Date de changement d'attribution: 27/08/2014

Texte de la question

M. Jacques Cresta attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les cas d'hépatite E qui se sont multipliés ces dernières années et qui peuvent menacer certaines transfusions sanguines. En effet des études chez nos voisins européens (Royaume-uni et Suède, par exemple) démontrent une présence significative de présence du virus de l'hépatie E dans des poches de sang suite à des campagnes de dons. Ce virus peut être dangereux pour les femmes enceintes et les patients souffrant de troubles du système immunitaire. Certains pays ont mis en place un dépistage systématique de ce virus lors des opérations de don du sang, dépistage qui n'existe pas en France. Il souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement sur l'opportunité de mettre en oeuvre un tel dépistage.

Texte de la réponse

Le virus de l'hépatite E (VHE) est un virus à acide ribonucléique (ARN) non enveloppé, répandu dans le monde entier et connu depuis 1990. Sa prévalence est encore sous-estimée en Europe et en Amérique du Nord. Quatre génotypes de ce virus sont connus ; les deux premiers sévissent dans les pays d'Afrique et d'Asie et se transmettent par voie oro-fécale. Dans les pays industrialisés dont la France, où le génotype 3 est le plus fréquent, il s'agit plutôt d'une zoonose ; la transmission est alimentaire par consommation de viande crue ou mal cuite (cerfs, sangliers, porcs...) ou de coquillages. Le tableau clinique de l'hépatite E est très souvent asymptomatique et se manifeste par une cytolyse hépatique aigüe qui se résout spontanément dans la plupart des cas. Cependant, des formes sévères ou chroniques sont observées chez certains patients dont ceux qui sont immunodéprimés (à la suite d'une transplantation d'organes ou en cours de traitement d'hémopathies malignes). Dans ces situations, la diminution de l'immunosuppression et/ou une thérapie anti-virale permettent la guérison dans la majorité des cas. La séroprévalence (présence d'anticorps attestant d'une infection ancienne et guérie) du VHE chez les donneurs de sang en France est estimée à 22,8 % avec des gradients régionaux allant de 15,1 % dans les Pays-de-la-Loire à 40,2 % dans le Sud-Ouest. Le taux de dons positifs pour la présence du virus est estimé à 4,2 pour 10 000 soit 1 don sur 3 800 selon les données actuelles obtenues par dépistage génomique viral. La transmission par la transfusion de produits sanguins labiles (PSL) est documentée : toutes les catégories de PSL sont impliquées dans les 16 cas d'hépatites post-transfusionnelles déclarées entre 2006 et 2014. Il n'existe à ce jour aucun cas avéré de transmission de VHE par un médicament dérivé du sang (MDS) dans le monde. Les progrès en matière de diagnostic à grande échelle permettent à présent d'envisager une stratégie de dépistage du VHE sur la totalité des dons de sang destinés à la préparation des différentes catégories de PSL (concentrés de globules rouges, plasmas, plaquettes).