14ème législature

Question N° 71480
de M. Rémi Delatte (Union pour un Mouvement Populaire - Côte-d'Or )
Question écrite
Ministère interrogé > Affaires sociales, santé et droits des femmes
Ministère attributaire > Affaires sociales, santé et droits des femmes

Rubrique > sang et organes humains

Tête d'analyse > produits sanguins labiles

Analyse > plasma. requalification. médicament dérivé du sang. conséquences.

Question publiée au JO le : 16/12/2014 page : 10408
Réponse publiée au JO le : 26/05/2015 page : 3947

Texte de la question

M. Rémi Delatte interroge Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur la réorganisation de la transfusion sanguine à la suite du vote du projet de loi sur le financement de la sécurité sociale 2015. Conformément à la décision de la Cour de justice européenne, l'article 71 de ce texte entérine la reconnaissance du plasma transformé comme médicament et non plus comme produit sanguin labile. Lors du débat parlementaire sur cet article, le 24 octobre dernier, elle indiquait que : « l'Établissement français du sang (EFS) devait redéfinir son maillage en faisant l'hypothèse de parvenir à surmonter les difficultés d'organisation, mais que le processus qui résulte de la décision de la Cour de justice européenne est encore en cours ». Une mission des inspections générales des affaires sociales et des finances doit permettre l'élaboration d'un nouveau dispositif de délivrance d'un plasma thérapeutique. Face à l'inquiétude exprimée depuis plusieurs mois par les associations pour le don du sang bénévole, il souhaite connaître le calendrier retenu par le Gouvernement pour que ce nouveau dispositif de délivrance d'un plasma thérapeutique soit opérationnel.

Texte de la réponse

L'article 85 de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015 a pour objectif de mettre en conformité le droit français à la suite des arrêts de la Cour de Justice de l'Union européenne et du Conseil d'État qui ont requalifié le plasma sécurisé par solvant-détergent (dit plasma SD), considéré jusqu'à ce jour comme un produit sanguin labile, en médicament. L'arrêt du Conseil d'État ne laissant que jusqu'au 31 janvier 2015 pour permettre les adaptations nécessaires à cette requalification, le Gouvernement a proposé un dispositif permettant d'assurer depuis le 31 janvier un haut niveau de sécurité pour les patients transfusés. Il est en effet impératif de garantir un système intégrant en toute sécurité des produits transfusionnels de statuts juridiques différents qui, sans modification de la législation, emprunteraient des circuits distincts de distribution et de délivrance jusqu'au lit du patient. Sans cette mesure, le plasma SD arriverait directement dans les pharmacies à usage intérieur des hôpitaux qui ne disposent pas encore des équipements nécessaires à la conservation et à la délivrance de ce produit et dont les personnels n'ont pas encore été formés à ce type de produit. Le danger à éviter était de désorganiser, du jour au lendemain, la délivrance des produits transfusionnels, désorganisation qui pourrait conduire à des retards de transfusion voire à des accidents plus graves. Par ailleurs, sans ces dispositions, il n'aurait pas été possible d'assurer un double suivi de ce plasma en pharmacovigilance et en hémovigilance, ce qui était préjudiciable à la sécurité de la chaîne transfusionnelle et à celle des patients. Il convient également de rappeler que la présente mesure n'est pas le signe d'un changement de conviction sur les grands principes qui régissent la transfusion sanguine en France. Notre pays reste très fortement attaché au don éthique, bénévole, anonyme et non rémunéré et à l'autosuffisance en produits sanguins. Le monopole de l'établissement français du sang (EFS) sur la collecte des produits sanguins labiles en France n'est absolument pas remis en cause par cette mesure. L'EFS continuera ainsi à produire, distribuer et délivrer des plasmas transfusionnels et tous les autres produits sanguins labiles ; seul le plasma SD pourra être commercialisé par des laboratoires pharmaceutiques, sous réserve d'obtenir les autorisations prescrites par la loi. Par ailleurs, il convient de souligner que des règles existent en France régissant les médicaments dérivés du sang afin de soutenir la promotion de médicaments d'origine éthique. Déjà aujourd'hui, nos règles nationales d'autorisation de mise sur le marché imposent le principe de l'origine éthique du plasma ; demain, le label éthique viendra encore renforcer la promotion de ces médicaments éthiques. Le plasma SD ne dérogera pas à ces règles.