14ème législature

Question N° 84774
de M. Dominique Tian (Les Républicains - Bouches-du-Rhône )
Question écrite
Ministère interrogé > Affaires sociales, santé et droits des femmes
Ministère attributaire > Affaires sociales, santé et droits des femmes

Rubrique > drogue

Tête d'analyse > toxicomanie

Analyse > traitements de substitution. trafic.

Question publiée au JO le : 14/07/2015 page : 5313
Réponse publiée au JO le : 15/12/2015 page : 117

Texte de la question

M. Dominique Tian attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur les recommandations de l'Académie de médecine pour renforcer la lutte contre le mésusage et le trafic du Subutex, produit de substitution prescrit aux héroïnomanes. Facilement accessible par simple prescription d'un médecin généraliste, ce produit donne lieu à un trafic estimé à près de 250 millions d'euros par an. De plus, le Subutex est la cause de 30 à 40 décès par an depuis 1998 à cause des dérives d'usage par les toxicomanes. Aussi, l'Académie de médecins propose des solutions afin de mettre un terme à cette situation, comme le respect des règles de prescription (être prescrite en seconde intention après la méthadone et pour privilégier véritablement le sevrage), la préférence des génériques au Subutex (car ils ne peuvent pas être pris par intraveineuse) et la généralisation du recours à Suboxone qui dissuade d'avantage les trafiquants et les toxicomanes. Aussi, il lui demande ce qui est prévu pour lutter contre le mésusage.

Texte de la réponse

La politique de la France en matière de substitution aux opiacés se caractérise notamment par une grande accessibilité des traitements de substitution aux opiacés (TSO). Cette accessibilité peut être à l’origine d’une importante diffusion de ces produits et d’un mésusage, voire d’un détournement d’une partie des prescriptions. C’est pourquoi un certain nombre de mesures ont été prises. Pour lutter contre les trafics, la caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAM-TS) a mis en place depuis 2005 un plan de contrôle permettant de poursuivre les personnes, dont des professionnels de santé, se livrant à un trafic. Pour prévenir le mésusage, l’arrêté du 8 avril 2008, en application de l’article L.162-4-2 du code de la sécurité sociale, répertorie les substances pharmaceutiques connues pour être fréquemment détournées de leur bon usage et les soumet désormais à de nouvelles règles de prise en charge par l’assurance maladie. La prise en charge par l’assurance maladie de la buprénorphine haut dosage (BHD) et des autres produits figurant sur cette liste (flunitrazépam, méthadone, méthylphénidate) est aujourd’hui subordonnée à l’obligation faite au patient d’indiquer au prescripteur, à chaque prescription, le nom du pharmacien qui sera chargé de la délivrance et à l’obligation faite au médecin de mentionner ce nom sur la prescription qui doit alors être exécutée par ce pharmacien. Lorsque les services du contrôle médical de l’assurance maladie constatent un mésusage, un usage détourné ou un usage abusif de BHD ou de méthadone, sur la base notamment de critères intégrant les quantités prescrites, la fréquence des prescriptions, et le nombre de prescripteurs, la prise en charge est, en plus de la mesure précédente, subordonnée à l’établissement d’un protocole de soins entre le médecin traitant, qu’il exerce en ville ou en établissement, et le médecin conseil de la caisse d’assurance maladie (article L.324-1 du code de la sécurité sociale). Ce dispositif donne lieu à des rapports réguliers, notamment dans le cadre de la commission des stupéfiants et psychotropes de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Par ailleurs, l’ANSM a autorisé la mise sur le marché de la méthadone sous forme de gélules en 2007 avec commercialisation en 2008, ce qui a permis de rééquilibrer l’offre de traitement de substitution au profit de cette molécule, dont le mésusage est moindre. En 2011, une mise au point actualisant les bonnes pratiques de prescription et de délivrance de la BHD, élaborée par un groupe d’experts et validée par la commission nationale des stupéfiants et psychotropes, a été adressée individuellement par l’ANSM à tous les médecins prescripteurs et à tous les pharmaciens d’officine. Ces actions ont été conduites dans le cadre d’une concertation organisée par la direction générale de la santé avec les professionnels de santé et les représentants des patients ainsi que les principales institutions concernées.