Évolution de l'incidence du cancer invasif du col de l'utérus
Publication de la réponse au Journal Officiel du 12 mars 2019, page 2446
Question de :
M. Jean-Christophe Lagarde
Seine-Saint-Denis (5e circonscription) - UDI, Agir et Indépendants
M. Jean-Christophe Lagarde interroge Mme la ministre des solidarités et de la santé sur le gardasil, vaccin protégeant de certains papillomavirus, et sur les effets que celui-ci pourrait avoir. En effet, d'après les analyses de médecins, il apparaît que chez les populations largement vaccinées, le gardasil au lieu de diminuer, à long terme, le nombre de cancers du col de l'utérus les maintiendrait à un niveau élevé et pourrait même les augmenter rapidement en quatre à cinq ans. Ce paradoxe serait observable en comparant l'évolution de l'incidence du cancer invasif du col utérin en Grande-Bretagne, en Suède et en Norvège, pays à forte couverture vaccinale. Pour la Grande-Bretagne, qui a lancé sa campagne de vaccination en 2008, l'incidence du cancer invasif du col utérin stagnerait de 9,3 sur 100 000 femmes en 2006 à 9,6 à 2015. En Suède, l'incidence standardisée du cancer du col de l'utérus aurait, depuis la vaccination, augmenté progressivement, passant de 9,36 en 2006 à 11,51 en 2015, soit une augmentation de 22,9 %. En Norvège, une augmentation de 25 % avec une incidence standardisée du cancer invasif du col de l'utérus, qui serait passée de 8,99 en 2007 à 11,21 en 2015, est observée. En Australie, pays régulièrement mis en avant pour sa campagne de vaccination débutée en 2007, l'incidence standardisée du cancer du col de l'utérus n'aurait pas diminué, mais stagnerait à 7,1. En Suède, en Grande-Bretagne et en Australie, l'incidence du cancer invasif du col de l'utérus aurait diminué chez les femmes de plus de 50 ans non concernées par les programmes de vaccination. L'incidence du cancer du col de l'utérus serait évaluée, en France métropolitaine pour l'année 2017, à 6 pour 100 000. Autrement dit, dans les pays ayant mené une campagne de vaccination massive anti-HPV l'incidence des cancers du col de l'utérus serait supérieure à la France. Aussi, il l'interroge sur l'authenticité de ces chiffres et, le cas échéant, sur l'interprétation de ces augmentations. Enfin, il lui demande si toutes ces données ont été prises en compte avant d'affirmer la volonté de rendre ce vaccin obligatoire.
Réponse publiée le 12 mars 2019
Les campagnes de vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) ont commencé dans les pays européens cités entre 2007 et 2011 chez les jeunes filles âgées de 11 à 13 ans. Le délai d'évolution d'une infection par les HPV vers un cancer du col de l'utérus est relativement long et dure plusieurs années. Les données d'incidence du cancer du col citées datent de 2015, ces données d'incidence n'ont pas de lien avec les campagnes de vaccination HPV. En effet, cette période (2015) est bien trop proche du début des campagnes de vaccination (2007-2011) pour observer un impact de la vaccination sur l'incidence du cancer du col. On observe, d'ores et déjà, un effet bénéfique de la vaccination sur les infections à HPV. En effet, le nombre de cas d'infections à HPV couvertes par le vaccin quadrivalent, à l'origine de 70% des cancers du col de l'utérus, est passé de 22,7% en 2005-2007 à 1,5% en 2015 chez les jeunes femmes de 18-24 ans en Australie où la vaccination contre les HPV a débuté en 2007.De manière plus générale, les raisons d'augmentation de l'incidence du cancer du col sont multiples : augmentation du taux de participation aux programmes de dépistage, meilleure performance du dépistage, évolution des comportements sexuels, avec pour conséquence, une augmentation de l'exposition aux HPV. On observe, par ailleurs, ces dernières années, une augmentation de l'ensemble des cancers liés aux HPV comme le cancer de l'anus ou le cancer de l'oropharynx. La lutte contre les cancers du col de l'utérus s'appuie sur deux axes indispensables et complémentaires : le dépistage du cancer du col qui est généralisé en France depuis cette année et la vaccination qui reste encore bien trop faible comparativement à celle de nos voisins européens. Dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019, un article visant à expérimenter des actions de promotion de cette vaccination auprès des professionnels de santé, pour in fine les inciter à plus souvent vacciner, a été adopté. Les expérimentations seront lancées en 2019 dans deux régions pilotes, dont une région ultra-marine. L'évaluation de ces expérimentations permettra d'identifier de nouvelles pistes d'action pour améliorer la couverture vaccinale du vaccin contre les HPV.
Auteur : M. Jean-Christophe Lagarde
Type de question : Question écrite
Rubrique : Maladies
Ministère interrogé : Solidarités et santé
Ministère répondant : Solidarités et santé
Signalement : Question signalée au Gouvernement le 11 février 2019
Dates :
Question publiée le 4 décembre 2018
Réponse publiée le 12 mars 2019