Question de : Mme Mathilde Panot
Val-de-Marne (10e circonscription) - La France insoumise

Mme Mathilde Panot appelle l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur les conditions dans lesquelles a été organisée la tournée européenne du cacique Raoni Metuktire. Elle l'interroge sur les possibilités d'un abus de confiance de ce chef indigène à la renommée internationale et à l'âge avancé. Son neveu et successeur au Brésil, M. Megaron Txucaramãe, reçu avec lui à l'Assemblée nationale en juin 2014, s'est inquiété des conditions dans lesquelles l'organisateur de cette tournée, M. Jean-Pierre Dutilleux, l'a fait voyager. L'engagement formulé par écrit qu'il soit entouré de trois représentants de son peuple kayapo, dont l'un de ses deux traducteurs officiels et M. Megaron Txucaramãe n'a pas été satisfaite et seul M. Bemoro Metuktire l'a accompagné. M. Jean-Pierre Dutilleux a déjà été accusé par le cacique Raoni de l'avoir isolé lors d'un précédent voyage européen, ainsi que d'avoir tenté de le convaincre de ne plus s'exprimer publiquement contre le barrage de Belo Monte en échange de promesses de dons devant permettre une sécurisation du territoire indigène de son peuple. Aujourd'hui, alors qu'il lève publiquement des fonds avec la promesse que ceux-ci permettront au cacique Raoni de sécuriser son territoire et celui des tribus avoisinantes, ce même M. Jean-Pierre Dutilleux a annoncé au journal Le Monde que cette nouvelle tournée doit aussi permettre de récolter 15 millions d'euros afin de créer un « Institut Xingu », alors que des institutions et organisations indigènes existent déjà pour défendre le peuple Kayapo et ceux de la région concernée par ce projet. Les fonds de ce projet pourraient être collectés auprès des différents gouvernements et sponsors que M. Dutilleux a pu rencontrer auprès du cacique Raoni pendant cette tournée. Plusieurs représentants kayapo proche du cacique Raoni ont déclaré que leur peuple n'avait pas eu connaissance de ce projet avant le jour de son départ, en conséquence, ils ont tenté sans succès de dissuader le cacique de partir dans ces conditions. Ce manquement constituerait une violation de la Convention 169 de l'OIT, ratifiée par le Brésil, qui garantit aux peuples autochtones le droit à une consultation préalable, libre et éclairée. Elle lui demande donc s'il est au courant d'accords éventuels entre l'Association Forêt Vierge de M. Jean-Pierre Dutilleux, à travers laquelle il développe l'« Institut Xingu », et la République française, s'il connaît la structure juridique de l'Institut Xingu et la place qu'y tient le cacique Raoni, et lui fait part de ces inquiétudes sérieuses et légitimes quant à l'éventuelle manipulation du chef amazonien.

Réponse publiée le 16 juillet 2019

Le Président de la République, comme ses prédécesseurs, a reçu le cacique Raoni Metuktire dans le cadre de sa 9e tournée internationale qui l'a mené en Europe. Lors de cet entretien, le Président de la République l'a assuré du soutien de la France dans son combat pour protéger la biodiversité et les peuples de l'Amazonie. Lors de son audience avec le Président de la République, comme au cours de ses échanges avec le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, le cacique Raoni Metuktire était accompagné de son conseiller M. Bemoro Metuktire, de M. Tapy Yawalapiti, chef de la tribu Yawalapiti et représentant de toutes les tribus du Haut-Xingu, de Mme Kaiulu Kamakura, présidente de l'association des femmes du Haut-Xingu et de M. Jean-Pierre Dutilleux, co-fondateur et président d'honneur de l'association Forêt Vierge. La question de la composition de la délégation choisie par le cacique pour l'accompagner dans sa tournée européenne n'est pas du ressort des autorités françaises. Le cacique Raoni constitue, par son engagement constant et indéfectible, un symbole de défense des populations autochtones et de préservation de la biodiversité. Ces questions revêtent une importance particulière pour la France, qui a notamment soutenu la création de l'Alliance des gardiens de Mère Nature en marge de la COP 21. Une mission exploratoire française constituée d'experts dans les domaines de la forêt, de la biodiversité et du développement se rendra prochainement au Brésil afin de prendre contact avec les populations locales et évaluer les modalités de mise en œuvre du soutien annoncé par la Président de la République pour la protection du parc Xingu. Le pilotage du projet a été confié au Chef Tapy, tandis que les tribus concernées définiront les actions prioritaires du projet en concertation avec les autorités locales, dans une perspective inclusive. Le soutien annoncé par le Président de la République pour la protection du parc Xingu sera mené en toute transparence et en accord avec les attentes des tribus locales. Il s'inscrit pleinement dans l'engagement de la France de valoriser l'apport des communautés locales et des populations autochtones à la préservation des forêts et de la biodiversité. Enfin, il n'existe pas d'accord entre l'association Forêt Vierge et le gouvernement concernant le projet d'"Institut Xingu". Le ministère de l'Europe et des affaires étrangères ne dispose pas d'informations spécifiques sur la structure juridique de cet Institut et la place qu'y tient le cacique Raoni.

Données clés

Auteur : Mme Mathilde Panot

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 4 juin 2019
Réponse publiée le 16 juillet 2019

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