15ème législature

Question N° 2089
de M. Didier Paris (La République en Marche - Côte-d'Or )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Europe et affaires étrangères
Ministère attributaire > Europe et affaires étrangères

Rubrique > politique extérieure

Titre > tensions entre les États-Unis et l'Iran

Question publiée au JO le : 26/06/2019
Réponse publiée au JO le : 26/06/2019 page : 6471

Texte de la question

Texte de la réponse

TENSIONS ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET L'IRAN


M. le président. La parole est à M. Didier Paris.

M. Didier Paris. Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, l'attaque de deux pétroliers, norvégien et japonais, dans le détroit d'Ormuz, commanditée, selon Washington, par l'Iran, a très sérieusement ravivé les tensions entre les deux pays. Elle a été suivie de la destruction d'un drone de surveillance américain et de cyberattaques contre les systèmes de missiles iraniens. Ces derniers jours, les États-Unis ont annoncé de dures sanctions contre l'ayatollah Ali Khamenei et plusieurs haut gradés des Gardiens de la révolution, ainsi que contre votre homologue, le ministre des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, pourtant considéré comme un modéré, comme le visage de la politique iranienne de détente en Occident.

La situation est en soi très préoccupante, entre un président américain adepte des coups de menton et des tweets vengeurs, et une reprise en main du pouvoir iranien par les plus radicaux.

Pouvez-vous nous livrer le plus clairement possible votre analyse des risques réels d'escalade d'un conflit qui déstabiliserait gravement la région du golfe Arabo-Persique, risquerait de provoquer des réactions en chaîne, difficilement maîtrisables, des pays concernés et, en un mot, affecterait gravement l'ordre du monde ?

Dans ce contexte de tension extrême, le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé hier à l'unanimité au dialogue et à des mesures pour mettre fin aux tensions, tout en refusant d'inscrire dans la motion une responsabilité étatique particulière. Pouvez-vous expliquer les efforts entrepris par la France pour trouver les voies d'apaisement du conflit ? Notre pays entend-il, en particulier, participer à la demande américaine de création d'une coalition pour sécuriser la navigation dans le golfe ? Quelles voies diplomatiques sont aujourd'hui possibles, y compris au plan européen, à quelques jours seulement de la tenue du G20 au Japon, pour ramener les parties à la raison par la voie du dialogue ?

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Nous vivons une période de grande tension dans le golfe, en grande partie due au fait que l'Iran essaie de renverser la pression qu'il subit depuis la décision américaine de se retirer de l'accord de Vienne et, surtout, depuis la mise en œuvre des sanctions qui le fragilisent au plan économique.

L'escalade est militaire, vous l'avez souligné, avec, à la fois, les incidents qui ont concerné les pétroliers, l'attaque du drone américain et les représailles envisagées par le président Trump, auxquelles il a finalement renoncé.

L'escalade est aussi nucléaire, puisque l'Iran a annoncé sa volonté de ne plus respecter certaines obligations de l'accord de Vienne,…

M. Jean-Paul Lecoq. Et pour cause !

M. Jean-Yves Le Drian, ministre . …en particulier celles qui visent les stocks autorisés d'uranium faiblement enrichi à partir du gaz. L'Iran a annoncé cette initiative pour les prochains jours.

M. Jean-Paul Lecoq. C'est pourquoi il faut vous réveiller, vous secouer !

M. Jean-Yves Le Drian, ministre. Je tiens à déclarer ici qu'une violation iranienne serait une grave erreur…

M. Fabien Roussel. Et les violations américaines ?

M. Jean-Yves Le Drian, ministre . …et une mauvaise réponse apportée à la pression exercée par les États-Unis.

M. Stéphane Peu. Que fait la France ?

M. Jean-Yves Le Drian, ministre. Les diplomaties française, allemande et britannique sont entièrement mobilisées pour faire comprendre à l'Iran que tel ne serait pas son intérêt.

J'ajoute qu'il nous faut agir ensemble pour éviter l'escalade. Il est vrai que les initiatives américaines d'hier sont plutôt perturbantes, mais j'observe que, dans le même temps, le président américain a annoncé qu'il est ouvert au dialogue, tout comme l'a fait le président Rohani. J'espère que les discussions qui se tiendront à la fin de la semaine permettront de le vérifier. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Stéphane Peu. Nous sommes les toutous de Trump !