Rubrique > enseignement
Titre > Pour l'enseignement du français plutôt que les langues d'origine
Mme Emmanuelle Ménard interroge M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur l'avenir de l'enseignement de certaines langues étrangères avec la fin annoncée du dispositif des cours d'enseignement des langues et cultures d'origine (ELCO) pour la rentrée 2020. En effet, le mardi 18 février 2020, le Président de la République a déclaré « les ELCO seront partout supprimés sur le sol de la République » avant d'ajouter « mais nous ouvrirons et financerons des postes pour des EILE » (Enseignements internationaux de langues étrangères). Ces ELCO avaient pour but de favoriser le retour au pays d'origine des enfants d'immigrés. Aujourd'hui, ce dispositif s'adresse à des enfants de deuxième, troisième voire quatrième génération dont les parents n'ont nullement pour objectif de retourner dans leur pays d'origine. Or, même s'ils sont officiellement ouverts à tous les élèves, quelle que soit leur nationalité ou leur origine, il n'en est rien dans les faits. De nombreuses voix se sont élevées contre un dispositif qui semble contribuer au phénomène de communautarisme et même de séparatisme d'une partie des citoyens français. Mme la députée en a d'ailleurs réclamé - à plusieurs reprises - la suppression auprès du ministre de l'éducation nationale depuis deux ans et demi. Déjà, en 2016, Murat Erpuyan, professeur de turc depuis plus de 20 ans, déclarait : « Il existe une sérieuse suspicion... que les Elco sont choisis parmi les fonctionnaires dévoués au pouvoir qui veut garder la main sur la communauté turque de France ». Une appréciation partagée par le Haut conseil à l'intégration qui, dans un rapport de 2011, soulignait le risque élevé de communautarisme dont ce dispositif est porteur. Communautarisme qui, toujours selon le Haut conseil à l'intégration, est un frein à l'intégration de ces élèves. Après l'annonce du président de supprimer tous les ELCO à la rentrée prochaine - ce qui est une bonne chose - pour les remplacer par un nouveau dispositif nommé EILE, elle l'interroge sur le bien-fondé de ce nouveau dispositif qui maintiendra les élèves dans l'apprentissage de leur langue d'origine, au lieu de leur permettre de bénéficier de cours supplémentaires pour l'apprentissage du français et de la culture française, qui leur donneraient la possibilité de mieux s'intégrer et d'apprendre à aimer ce qui est devenu leur pays : la France. Elle lui demande donc les mesures qu'il compte prendre afin de favoriser l'apprentissage du français plutôt que de continuer à enseigner les langues d'origine de ces élèves, que ceux-ci pratiquent de toute façon le plus souvent à domicile et dans leur environnement familial.