Question écrite n° 16230 :
Les deux fléaux qui font couler les huîtres !

16e Législature

Question de : Mme Mathilde Hignet
Ille-et-Vilaine (4e circonscription) - La France insoumise - Nouvelle Union Populaire écologique et sociale

Mme Mathilde Hignet interroge M. le secrétaire d'État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la mer et de la biodiversité, sur la grave crise que traverse le monde ostréicole, en France. « Nous devons aider les ostréiculteurs. » Voilà ce que vous disait M. le ministre, dans les colonnes de Ouest-France, à quelques heures de la soirée du réveillon 2023. Trois mois plus tard, Mme la députée et M. le député Maudet sont allés à leur rencontre. Et malgré les annonces, la situation est plus qu'inquiétante. Cette fierté française est menacée. Les ostréiculteurs alertent : « Encore une crise comme ça, et on est morts. », « Aujourd'hui, ce n'est pas rentable de s'installer, à 35 ans, j'ai déjà 45 000 euros de dettes, et le projet économique est mort. » La filière risque de disparaître, attaquée par deux virus : la pollution des littoraux et le marché. Si certains disent que l'on consomme des huîtres depuis le paléolithique, ce qui est sûr c'est qu'aux repas de fin d'année, Noël ou le 31, nombre de compatriotes souhaitent se faire plaisir et en acheter une ou plusieurs douzaines, afin de garnir les tables familiales. Malgré les habitudes, la fin d'année 2023 a été compliquée pour l'huître. Et elles se sont bien moins vendues. La principale raison : le norovirus. Ce virus est considéré comme étant responsable de la gastro-entérite. Lorsqu'il contamine un chantier ostréicole, ce sont tous les chantiers voisins qui ferment avec. Pire, bien qu'un seul territoire puisse être concerné par une contamination - en l'occurrence, le bassin d'Arcachon -, ce sont sur toutes les huîtres de France que l'opprobre est jeté, et ce sont toutes les huîtres de France qui ne sont pas achetées par les Français. Il y a une nécessité de rassurer les Français et de faire attention aux communications rapides qui pourraient laisser croire que toutes les huîtres du pays sont inconsommables, alors qu'il ne s'agit que d'une seule contamination. Mais il faut dire d'où viennent ces contaminations et pourquoi les huîtres se retrouvent à transmettre la gastro. Entre des réseaux d'eaux vieillissants et des stations d'épuration qui ne sont pas calibrées face à l'accroissement du nombre d'habitants et de constructions sur les côtes, très vite, les eaux usées viennent transmettre le virus aux huîtres. Ainsi, les ostréiculteurs deviennent des « pollués-payeurs » ! Alors qu'ils entretiennent le milieu et vivent grâce à lui, la non-régulation des constructions fait déborder les stations, et polluent les eaux. « Nous, on veut des prix : des prix, des prix ! Mon calibre 3, il devrait être vendu 3 euros pour que je puisse rentrer dans mes frais. On me l'achète 1,80 euros ! » Il y a les paysans de la terre, mais il semblerait qu'il y ait aussi les paysans de la mer. De l'éleveur bovin du Limousin, au maraîcher d'Ille-et-Vilaine en passant donc par l'ostréiculteur d'Arcachon ou de la Ria d'Etel, il existe une revendication commune : des prix planchers. L'huître a peut-être un peu d'avance. 100% des huîtres consommées en France, proviennent de France ! C'est une chance pour les consommateurs, et les savoir-faire. Mais c'est aussi une chance pour expérimenter rapidement des prix planchers - avant même de sortir des accords de libre-échange - puisque si des prix planchers sont appliqués sur les huîtres, la grande-distribution ne pourra pas faire jouer la concurrence étrangère, dans la mesure où cette dernière ne peut fournir en quantité suffisante le marché. Les ostréiculteurs font face à deux menaces : la pollution du fait des installations incontrôlées dans les départements côtiers, et un marché qui refuse de payer au bon prix, ce qui ne permet pas aux professionnels de vivre de leur travail. Le gouffre est très proche. Les chantiers ostréicoles ferment, et les projets ne sont plus rentables. À très court terme, cette production millénaire peut disparaître. Les dernières annonces de M. le ministre n'ont pas touché les bonnes cibles. Elle lui demande s'il va réunir tous les acteurs autour de la table pour travailler aux prix planchers et s'il va agir en faveur de moratoires sur les projets de constructions, tant que les réseaux et les stations d'épuration ne sont pas aux bonnes dimensions.

Question retirée le 11 juin 2024
Cause : Fin de mandat
Données clés

Auteur : Mme Mathilde Hignet

Type de question : Question écrite

Rubrique : Aquaculture et pêche professionnelle

Ministère interrogé : Mer et biodiversité

Ministère répondant : Mer et biodiversité

Date :
Question publiée le 19 mars 2024

Date de cloture : 11 juin 2024
Fin de mandat

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